Love Actually, It's To Do Your Best

La Cuisine

- Je crois que Newt se pique.

Keisha faillit s'étouffer de surprise. Elle reposa soigneusement sa tasse de thé, alors qu'elle essayait de trouver un sens à cette situation.

- Newt a 10 ans, Vincent.

Ledit Vincent grimaça- non pour le son de son nom complet, habitué à ce que son amie décortique toujours ce dernier au lieu de souffler son surnom connu de tous ; Vince - mais bien pour l'aspect surréaliste de cette supposition.

Et pourtant...

- Tu ne l'as pas vu, Kei'... Il a l'air... Si taciturne, triste. Comme si toutes les couleurs du monde avaient disparu. Regarde, d'habitude, quand vous nous rendez visite, les enfants et toi, Newt vous saute toujours dessus. Ici, c'est à peine si il vous a salué !

Les lèvres de la jeune femme se pincèrent d'accord. C'est vrai que son petit blond préféré n'avait pas l'air dans son assiette. Et ceci était même un euphémisme.
Sa bouille de chérubin était assombrie de cernes et de nuages gris, sans que le ciel de Londres ait à voir avec ça.
Habituellement, leur venue, à la famille Brook, était accueillie par une étreinte tout en joie et chaleur que seul Newt pouvait faire. Tandis que les adultes auraient discuté entre eux, le fils des Isaacs aurait commencé à jouer avec Dante et Jackie, les enfants chéris de Keisha.
Ici, la pièce restait nue de rires et d'amusement. La trentenaire jeta un coup d'il au salon, là où son cadet jouait tranquillement avec des Playmobil grossiers à même le tapis et son aînée était hypnotisée par sa tablette beaucoup trop proche pour ses yeux fragiles, selon les hurlements de son instinct maternel ( Elle n'aurait vraiment pas du laisser Henry donner cette chose à son fils.), avant de retourner son entière attention sur son ami de longue date.

- Vincent, c'est normal. Il vient de perdre sa mère. Comment tu penses que tu te sentirais si tu perdais la tienne, surtout à un si jeune âge ?

- Je sais mais..., débuta-le veuf en même temps que ses sourcils se froncèrent de réflexion avant de souffler l'entièreté de l'air de ses poumons de fatigue, Je m'inquiète tellement pour lui.

- Hé., une main à la fois tendre et ferme lui fit relever la tête précédemment enfoncée entre ses épaules, ceux-ci perchés sur le plan de travail, Je serais inquiète si tu ne l'étais pas. Crois-moi, j'aurai déjà appelé les services sociaux. Au revoir notre amitié de 14 ans, bonjour 6 mois de procès et de séance de psy.

La faible secousse de la carrure de son confident valait une victoire. Petite, certes. Mais bien là.
Vite tarie par le déclin de la lumière dans ses yeux bleus.

- Je veux juste... Je-... J'ai beau n'être que son beau-père, c'est mon fils. Je veux seulement qu'il soit heureux. Mais sans Mary... J-je ne sais pas comment je pourrais y arriver. Elle était... Tout. Et c'était elle qui faisait toujours sourire Newt quand il n'allait pas bien ! Sans elle... Co-comment je vais pouvoir avancer ? Elle-elle était mon monde... Et celui de notre enfant.

Les larmes suivaient les aveux de près, transformant le visage de Vince Isaacs en un fouillis rouge de tristesse douloureuse. Quand Keisha s'approcha de lui, il se laissa tomber dans ses bras

- Maman ? Est-ce que tonton Vince va bien ?

- Il a juste besoin d'être seul, ma chérie. Retourne près de ton frère, s'il te plaît., pressa d'un ton doux la corbeau tressée. Sa fille, sa petite Jackie, ne pouvant délaisser une personne en pleurs par son cur si tendre, allait rétorquer que, pourtant, sa mère restait avec son oncle. Cependant, le regard que lui lança sa génitrice lui cloua le bec et fit pivoter ses petons, la faisant rejoindre son frère qui avait jeté un coup d'il du dessus de son dîner minuscule et géométrique.
Tant pis, elle demendera plus d'explications plus tard. Dieu seul savait que la seule façon de compenser une empathie aussi grande que la sienne était de l'avoir doté d'une ruse digne du Grand Maître Renard. Il en serait très fier, la main sur le cur et une larme perchée au coin de son il.