Il était tôt, et comme de coutume, j'errais dans mes montagnes avant de commencer ma journée. Il faisait beau, l'odeur de l'herbe et de terre humide emplissait l'air, c'était bien mieux que de la caféine pour s'éveiller. Les fleurs du printemps laisseront bientôt la place aux fruits de l'été, j'en fis un bouquet pour une vieille morue qui ne l'avait pas mérité, et redescendit vers le village.
-Encore à traîner, fit-elle à peine étais-je rentré, dépêches toi.
-Niah niah niah, dépêches toi.
-Comment ?!
-Râle pas Granny, tiens, c'est pour toi, même si tu les mérites pas.
-Sale bête.
Et elle ébouriffa mes boucles rousses, déjà suffisamment rebelle pour que je n'en fasse rien. Notre relation était bien plus tendre qu'elle n'y paraissait, on était juste hyper taquin dans la famille. Puis perdue comme nous l'étions, couper de beaucoup des commodités du monde moderne, il fallait bien s'occuper. J'avais rejoint ma grand-mère qui vivait là, seule depuis des années, et, si j'avais eu bien du mal à m'y faire, ce rythme de vie était agréable. Exigeant à sa façon, mais bien plus reposant.
Dans ces montagnes perdues, le moyen de déplacement le plus pratique était le cheval, le mien était un magnifique étalon, qui faisait ma fierté. Je l'attelais et partis en direction du village à quelques kilomètres de là. J'y retrouvai mes quelques amis et on se mit au boulot. Notre communauté vivant en quasi-autonomie, on trouvait chez nous, beaucoup de talents du monde moderne qui avaient pété les plombs, et des gens qui vivaient ainsi depuis un toujours immémorial. J'étais l'une des personnes en charge du système géothermique, de l'approvisionnement à l'extérieur, et le docteur, la véto... bref, j'étais la multi-tâche et le couteau suisse. Je passais donc ma journée dans de sombres galeries n'en ressortant qu'au moment où Hélios rentrait son char. J'harnachais mon cheval avec le bois, la viande et autres denrées que j'avais gagnées aujourd'hui avant de faire le chemin du retour. Encore une fois, on me demanda quand est-ce que nous allions nous installer parmi les autres. Encore une fois, je répondis que ce n'était pas de mon ressort, et que la vieille bique ne supportait personne. On ria, on se salua et chacun partit chez lui.
Sur la route, je me m'y à penser aux raisons de la solitude de cette vieille femme. Ma mère m'avait raconté sur elle des choses terrifiantes, suffisamment pour que la petite fille que j'étais se persuade qu'elle était une sorcière. Ma mère n'avait jamais revu ma grand-mère, et je ne l'aurais certainement jamais connu si, en fouillant dans ses affaires lors de son décès, je n'en avais pas trouvé la trace. Je me souvins que ma mère me comparait souvent à elle, disant à quel point je lui ressemblais, alors je pensais vraiment me retrouver face à un visage familier quand je suis venue la voir pour la première fois. Quelle ne fût pas ma déception de tomber face à une petite femme, au blond presque gris, des petits yeux noirs et une mine renfrognée. Elle était bizarre, certes, mais c'était loin d'être la sorcière terrifiante qui avait hanté mes cauchemars de fillette trop imaginative. J'ai tout de suite adoré son franc-parler, son absence de manière, et sa manie de râler tout le temps. Elle est le yang de mon yin, moi et mes idéaux que le monde à broyer. Moi et....
Interrompu dans mes pensées par un flash de lumière, je retins difficilement mon ami effarouché, avant d'apercevoir un corps humain étendu à l'endroit du flash. Quelqu'un c'était pris la foudre ? Je sautais de ma monture pour découvrir un homme évanoui, je vérifiais rapidement qu'il respirait encore, et fût soulagé d'entendre ses expirations. Je constatais alors son drôle d'accoutrement.
-On dirait un haricot vert.
Fis-je à voix haute, avant d'être surprise par le sursaut de l'endormis qui m'agrippa si fort le poignet qu'il manqua de le briser. Il balbutia péniblement dans une langue qui m'était inconnue, avant de sombrer de nouveau. Je dégageais mon poignet endolori, me demanda ce que je devais faire de lui. J'avais déjà pris ma décision mais je savais que perché là haut, quelqu'un risquerait de me faire des reproches. Je hissa difficilement l'inconnu sur ma selle avant de finir à pied.
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Green Bean
FanfictionUne petite communauté, loin du monde, perdue dans les montagnes. C'est là qu'était venue se réfugier Lyv. Qu'est ce qui pourrait déranger, ce quotidien si routinier et tranquille?