Chapitre 9 : Retrouve moi Chelsea

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Il commence à faire frisquet. Cette pluie y contribue sûrement beaucoup. J'ignore depuis combien de temps je n'ai pas revu Chelsea. Elle me manque terriblement. Je n'ai pas cessé d'écrire depuis que nous avons bu ensemble au Saloon. Cette soirée pourtant amusante s'était soldée par mes douleurs au cœur. Pourquoi l'ai-je laissée partir seule ? Je regrette de l'avoir fait aussi souvent. Je retiens toujours mes intentions, je refrène ma passion... contrairement à elle, si libre, si généreuse. Pourtant je l'aime plus que tout.

Qu'est ce que je représente vraiment pour elle ? Leah se trompe forcément en prétendant que Chelsea flirte aussi avec Sebastian et Sam. Je suis sûre qu'elle les considère comme ses amis. Cependant, elle est partie avec Sebastian. Bon sang, ce que je regrette de ne pas lui avoir confessé mes sentiments ! Mon esprit se torture pour rien, j'en suis certain. Après tout, Sam m'a bien forcé la main pour me chaperonner jusqu'à chez moi. 

Je bois une tasse de thé pour calmer mes idées.

"Adieu mon doux Léo." Cette phrase prononcée par Chelsea ce soir-là, résonne encore en moi. Elle nous comparait aux héros du livre La Surprise de l'amour. Pourquoi tardes-tu à me retrouver ? La date de notre rendez-vous est déjà passée pourtant. Ton bouquet t'attend là, bien rangé dans mon placard... Chelsea, mon amour, reviens moi.

Soucieux, je laisse ma porte grande ouverte, puis je m'installe pour jouer du piano. Il m'arrive de pratiquer des morceaux classiques quelques fois. La plupart du temps, je joue seulement pour mon plaisir ou pour me calmer les idées. 

Mes doigts pianotent ainsi pendant  que le temps s'envole.

Emporté par ma musique, je ne remarque pas tout de suite la douce spectatrice qui est venue s'asseoir à mon bureau. Une plume verte au bout des doigts, Chelsea m'écoute en fermant les yeux. Sur sa peau, je peux voir des frissons. Elle apprécie purement ce moment, le sourire aux lèvres. Assise sur ma chaise, elle finit ma tasse de thé.

A cet instant précis, je ressens la certitude d'être celui qui peut la rendre heureuse. Après avoir joué pendant un moment plutôt long, je termine mon morceau de musique sous les applaudissements de ma belle, ma muse.

– C'était magnifique ! me susurre-t-elle.
– Merci ma délicieuse Chelsea ! En fait, je n'excelle pas vraiment là dedans... juste un plaisir pour m'accorder une pause de temps en temps. C'est mon violon d'Ingres.

Elle ne m'a pas l'air épuisée aujourd'hui. Son regard croise le mien, il est doux et serein. Je m'y plonge pendant un moment, jusqu'à ce que je repense à cette plume qui danse au bout de ses doigts.

– Cette plume verte... Penses-tu que je pourrai m'en servir pour écrire ?
– Probablement ! Tiens ! Je te l'offre, je n'avais pas idée qu'elle pourrait te plaire.
– Où l'as-tu trouvée ?
– Elle vient d'un de mes canards. Je l'ai trouvée si jolie que je voulais te la montrer. Je pourrai t'en apporter quelques unes si tu veux !
– Merci... ça m'aiderait en effet, je pourrai ainsi faire des économies.
– Est-ce que tout va bien ?

Elle me le demande comme si elle voyait en moi, un mal être sur lequel je n'avais pas mis les doigts jusque là. Ma langue se délie.

– Chelsea, je travaille jusqu'à l'usure mais je peine à finir mon livre. Le temps me fait défaut et mon compte en banque s'assèche. Quelquefois, il m'arrive de vouloir tout quitter pour vivre en tant que fermier comme toi.
– Alors viens vivre avec moi à la ferme, j'aurai bien besoin d'un coup de main !
– Vraiment ? Ce serait merveilleux... Mmmh. Je ne peux abandonner mon roman. J'ai bien avancé, j'ai réalisé la plus grande part du travail...
– Hey, mon bel Elliott... c'est normal de ressentir de l'épuisement quand le travail demande autant d'effort. Je ne comprends que trop, ce que tu ressens.
– ... Je suis désolé, tu viens me rendre visite et moi, je passe mon temps à me plaindre.
– Elliott... Je t'en prie, je suis là pour toi, tu t'en rappelles ? Comment puis-je t'aider ?
– Ne t'inquiète pas pour moi ma belle, j'ai juste besoin de quelqu'un à qui parler de temps en temps.

Je lui souris tendrement, elle semble rassurée à présent. Cette fois, je décide de ne pas freiner mes sentiments. Je lui tends la main pour l'aider à se lever, en la ramenant dans mes bras. Je sens son cœur battre, tandis que ses bras s'enroulent autour de ma taille. Je l'étreins ensuite amoureusement.

– Mon bel Elliott, tu m'as manqué...
– Toi aussi, ma comtesse... tu n'as pas idée à quel point.
– Comment ? Aurai-je failli à ma tâche ? As-tu ressenti des effets secondaires ?
– Quelques-uns, comme un brin de jalousie...

Je parle dans ses cheveux, ils sentent si bons. J'ai souvent utilisé cette technique efficace pour me retenir de l'embrasser.

– De la jalousie pour mes volailles ou pour mes citrouilles ? Quoique la mine m'accapare beaucoup plus que tu ne puisses penser, me demande-t-elle toute amusée.

Je décide qu'il est temps pour moi de lui offrir le fameux bouquet. Je l'aide à s'asseoir. Et je m'éloigne d'elle pour aller vers le placard.

– Un peu de tout ce que tu as dit. Mais ne t'en fais pas, en ce moment même, tu recharges mes réserves. Je crois que je suis guéri. Reste là où tu es et ferme tes yeux jusqu'à ce que je te dise de les ouvrir, s'il te plait.
– Quoi tu as des réserves ?! Moi je n'en ai pas. Mon cœur supporte de moins en moins de passer aussi peu de temps avec toi.

Les mots de Chelsea m'enivre à un point jamais égalé. J'ai du mal à contenir mon amour :

– Mes réserves ne sont pas très grandes. Quand tu sortiras d'ici, tu me manqueras aussi fort qu'avant que tu n'y entres.

Je m'assois en face d'elle, mes genoux contre les siens. Je pose le bouquet sur mes cuisses. Puis je glisse une main sous sa joue pour l'inviter à ouvrir ses yeux et à les plonger dans les miens. Je prends ce risque tout en souhaitant qu'elle soutienne mon regard. Elle y parvient, les lèvres tremblantes, elle est toute rouge. Sur sa peau des frissons la parcourent. Je lui tends ensuite le bouquet spécial, elle le prend et le pose contre son cœur. Je lui dis :

– Toi et moi, nous sortons ensemble depuis longtemps sans se l'avouer. Je ne veux plus me rappeler de la vie sans toi. Tu représentes le monde pour moi. Depuis le tout début de notre histoire, tu me soutiens et me comprends. Depuis notre rencontre, personne ne compte pour moi, plus que toi. Choisis moi encore, choisis moi officiellement comme ton chevalier servant, ton petit ami...
– Oui ! J'accepte ! Elliott... Je suis tellement heureuse de savoir que tu ressens la même chose que moi depuis le début. Je t'aime. Je t'ai toujours aimé. Bien sûr, que je veux être ta petite amie...

Ces mots-là, bien trop puissants pour mon cœur soupirant pour elle depuis trop longtemps, me poussent à l'embrasser. Je l'emmène à se lever pour l'étreindre amoureusement. Glissant mes doigts dans ses cheveux, on s'embrasse de plus en plus langoureusement. Elle me serre contre elle. Je voudrais que ce moment dure éternellement. Je glisse mes mains le long de son dos, les siennes montent sur mon torse pour rejoindre mon cou. Elle se hisse sur la pointe des pieds pour que je redresse un peu ma nuque. Tout mon corps s'embrase. Avec de doux baisers, elle goûte à mes lèvres. Je lui dis alors : "Chelsea, je t'aime aussi... Je t'aime éperdument. Tu rends ma vie délicieuse." Chacun de ses baisers saccade mon discours, ce qui ne manque pas de l'amuser. En guise de sanction coquine, d'une main en bas de son dos, je l'emmène tout contre moi. De l'autre derrière sa nuque, je lui donne un baiser torride à nous couper le souffle. Elle s'accroche à moi... et redescend doucement pour poser sa tête contre mon torse. Une vieille habitude m'entraîne à poser un baiser sur son front. Elle se blottit dans mes bras, je l'entends respirer lentement. Puis l'ardeur de notre amour s'adoucit pour calmer celle de nos désirs.

Notre câlin passionné peine à s'arrêter. Mais il le faut, mon désir pour elle embrase tout mon être. Entre deux baisers, elle me dit : "Il est tard, il faut que je reparte à la ferme." Lorsqu'elle me le dit, je lui attrape les deux mains et les emmène dans mon dos. Plus question que je la laisse repartir sans moi. "Je viens avec toi, parce que... c'est mon privilège." Elle se hisse sur la pointe des pieds pour poser un doux baiser sur mes lèvres, avant de dire : "Alors allons-y mon bel... amour." Mes lèvres tremblent de bonheur. Tout est plus beau, quand notre cœur n'est plus torturé, le ciel, la mer, les gens. 

Son bel ElliottOù les histoires vivent. Découvrez maintenant