Ereditá

21. Reconstruction

1er octobre 2019 ~

- Mademoiselle Ferrari ! Mademoiselle Ferrari !

Je passe les barrières installées pour éloigner les petits curieux et franchis le portail côté Sud. Je valide mon badge et entre dans l'immeuble principal. Une fois mes affaires posées dans mon bureau et les nombreux couloirs traversés, je retrouve dehors le Conseil, mon père et les entrepreneurs. On me donne directement un casque de protection ainsi qu'un masque pour les poussières.

- Mademoiselle Ferrari, ravi de vous rencontrer, dit un homme habillé de vêtement de chantier. Il me tend sa main et je la serre en lui faisant un sourire.

- De même. Où en sont les travaux ?

- On vient de terminer la base. On s'attaque à la structure aujourd'hui. Ça durera une semaine, peut-être un peu plus.

- Très bien. Quand est-ce que la totalité des murs seront bâtis ?

- Dans deux semaines, on commence l'isolation, la pose des fenêtres, l'électricité et l'eau et 3 jours plus tard les peintures et la sécurité incendie.

- Les équipements, les machines et les éléments de voiture qu'il nous reste arriveront dans 20 jours donc tout doit être prêt.

- Ça le sera, monsieur Lardi-Ferrari.

- Pour les voitures, l'usine nous le transmet par la voix Nord. Il faudra qu'on dégage la route.

- Je vais voir ça avec la ville.

- Merci à vous, on va vous laisser travailler.

Le chef de chantier hoche la tête et nous retournons dans le bâtiment principal. Nous nous dirigeons vers la salle de réunion et une fois installé, un froid envahit la pièce. Je prends le temps regarder attentivement chaque personne autour de la table. Chris Daniels, cet Américain que je considère comme mon père, est d'habitude plein d'énergie, mais aujourd'hui les poches sous ses yeux montrent tout le contraire. Rosa Lone, seule femme du Conseil avant mon arrivée, elle a la voix la plus importante et son impartialité la rend plus forte et respectée, mais aujourd'hui la couronne sur tête en train de tomber. Fehin Sunnwilk, le père de Leila, est la représentation type du finlandais : froid, distant, ne montrant jamais ses émotions, mais sa tête est toujours relevée pour montrer sa grandeur. Ce matin, il a la tête baissée et le regard dans le vide. Mario Conti, notre directeur des finances, est complètement absent. Il parle toujours et pendant des heures, mais pas un mot n'est sorti de sa bouche depuis qu'on est assis. David Peron n'est clairement pas le même homme que d'habitude, le français a perdu son sourire. Valerio Muretti, lui qui d'habitude ne porte d'importance qu'au résultat, cette semaine, il n'a pas arrêté et a pris plein de décision pour aider mon père. En parlant de lui, mon père a été d'une gentillesse avec moi, me permettant de rentrer plutôt chaque soir pour que profiter de Livio, et il a aussi recruté plein de stagiaires pour nous aider dans tout ce bordel. Quant à mon grand-père, l'étincelle dans son regard a disparu depuis le soir de l'incendie. Il est choqué et complètement perdu et dépassé par les événements.

7 hommes, 2 femmes. Le Conseil est désemparé, fatigué et ne sait plus où donner de la tête. La tonne de documents s'accumule sur nos bureaux. Chaque jour, nous prenons des dizaines de décisions pour pouvoir faire tenir l'entreprise. Nous préparons conférence presse sur conférence de presse dans le but de rassurer les fans, mais aussi inconsciemment nos esprits. Tandis que nos doutes et nos peurs s'installent progressivement, ne sachant pas si nous tiendrons les contrats de temps que nous nous sommes fixés.

Bon, que faisons nous ?

Prise d'un élan de courage et de détermination, je me lève et tous les regards se posent sur moi. Je soupire et me déplace autour de la table.