— Je demande que Gaïa passe l'Épreuve.
Cette phrase tournait et retournait dans ma tête, encore et encore, tandis que je m'enfonçais dans l'obscurité. Daear me haïssait. Il connaissait les règles de l'Épreuve.
J'enrageai. Pourquoi, pourquoi, lorsque quelqu'un était Juge, il ne pouvait être mis sur le côté même s'il avait un passif avec le candidat ? Et pourquoi si un Juge demandait l'Épreuve, c'était obligatoire ?
« Les règles de l'Épreuve sont simples », m'avait expliqué la femme de gauche. J'étais sensé entrer dans la grotte de l'Épreuve et ressortir de l'autre côté. Mais la grotte n'était pas uniquement un long boyau souterrain. Ç'aurait été trop facile. Plusieurs centaines de chemins, véritable labyrinthe souterrain, s'étendaient dans tous les sens : gauche, droite, haut ou encore bas. Un seul chemin pour sortir, et des centaines de pièges. Trappe, pic, gaz mortel. Et dire que certains s'étonnaient du taux exorbitant de mortalité !
Le calme et le silence qui m'entouraient étaient sans aucun doute trompeurs. J'utilisai un peu mon pouvoir et sondai les alentours. Exactement comme je le pressentais, une trappe avec au fond de mortels pieux acérés était disposée devant moi.
Je soupirai. C'était bien trop simple.
Attentif au moindre bruit, je me figeai. J'analysai mon environnent, cherchant le piège sous le piège. Mes yeux ouverts ne me servaient à rien dans le noir absolu, mais je refusai de les fermer. La peur m'entourait, susurrant des promesses de morts lentes et douloureuses, dressant mes cheveux sur ma tête, faisant courir des frissons glacés le long de mon échine. C'était stupide. Immature. Inutile. Futile. Pourtant, je ne pouvais me passer de mes yeux. Combien de fois mon père m'avait-il dit d'arrêter de tant me reposer sur un seul sens ? Il était bien trop tard pour nourrir des regrets.
Lentement, je m'accroupis et posai mes paumes contre le sol de roche. Je n'en avais pas le besoin, mais cela m'aidait à canaliser mon pouvoir. Loin sous mes mains, je sentais le mouvement paresseux de la plaque tectonique. À la surface, la terre meuble était retournée par un oiseau qui tentait d'attraper un ver.
J'inspirai et contraignis la terre à m'insuffler un peu de son énergie. J'expirai et dirigeai le tout dans mes jambes. Puis je sautai. L'impulsion de mes pieds fit trembler la roche ; mes muscles semblaient soudain aussi résistants que l'acier de nos mines.
Je savourai d'autant plus l'instant que je connaissais ce qui allait suivre. C'était le contre-coup inévitable.
Alors que j'étais encore dans les airs, il se passa deux choses simultanément. Une atroce douleur remplaça le sentiment de puissance qui se dégageait de mes jambes – cela, c'était prévu. Mais mes pieds s'étaient pris dans quelque chose. Coupé dans mon élan, je fus suspendu la tête en bas.
Je déglutis difficilement. J'étais douloureusement conscient de la présence des pics sous ma tête. Puis, laborieusement, j'entrepris de contracter mes abdominaux jusqu'à pouvoir, les bras tendus, atteindre mes pieds.
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Les Clans
ParanormalDans un monde où les quatre éléments s'affrontent sans relâche, des adolescents sont poussés à la guerre contre leur volonté. Vivre ou mourir, seuls eux peuvent choisir leur destinée. Gaïa, stratège de la Terre, doit unir les siens sous une seule b...