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09/21/1997
Miles est encore parti aujourd'hui. Je croyais qu'il avait fugué jusqu'à ce qu'il revienne avec ce malade, Quint, en titubant comme si il avait bu. Je sens que quelque chose ne va pas. Son comportement se dégrade et s'assombrit, il disparaît de plus en plus... il devient étrange.
08/01/1998
Je ne me sens plus en sécurité sous le regard de Miles et Quint. Ils deviennent hystériques dès qu'on leur adresse la parole. Flora est plus distante avec moi, partageant de moins en moins de choses. Je commence à me demander si je ne devrais pas quitter les lieux définitivement...
18/03/1998
J'ai pris ma décision. Je n'en peux plus, c'en est trop pour moi. Quint a déposé une photo sous mon oreiller la nuit dernière... alors que j'avais verrouillé ma porte de chambre. Et cela fait 3 jours maintenant que Miles a disparu. Je dois partir au plus vite.
༺ ♧ ༻
Le ciel était teinté d'un gris maussade lorsque le taxi passa le portail. Gigantesque, de fer forgé et d'un noir de jais, des frissons envahirent la jeune passagère rien qu'en le regardant. Les graviers crissèrent sous les pneus de la voiture tandis qu'elle avançait en direction d'une grande bâtisse sombre. Le conducteur gara le véhicule sur un parking qui avait l'air de ne pas avoir été utilisé depuis une bonne vingtaine d'années. La jeune passagère ainsi que son conducteur ouvrirent leur portière et descendirent, puis l'homme se dirigea vers le coffre, et, une fois ouvert, il en sorti deux valises ainsi qu'un sac qu'il passa à la jeune femme. Elle lui fit un signe de tête en guise de remerciement et lui tendis l'argent qu'elle lui devait. Puis il se retira, la laissant seule, bagages à la main. Son regard se promena sur l'immense manoir qui se dressait devant elle, lui arrachant un frisson. L'architecture de ce bâtiment était à la fois fascinante et effrayante : les murs de pierre blanche sur lesquels on pouvait apercevoir des dizaines de fenêtres étaient surmontés de tourelles tortueuses, et le lierre envahissait chaque parcelle du manoir. Elle était tellement perdue dans cette contemplation qu'elle ne remarqua même pas qu'une silhouette avait ouvert la porte d'entrée. Elle sursauta quand celle-ci posa une main froide sur mon épaule. Ses yeux se posèrent alors sur un vieux visage féminin, aux yeux vitreux enfoncés dans leurs orbites.
"Miss Ellen Mendell, je présume."
La jeune femme acquiesça.
"Entrez."
Ellen ne fit pas attention à son ton froid et obéit à ses ordres, lui emboîtant le pas pour aller à l'intérieur de Bly. Une semaine plus tôt, la famille Fairchild avait contacté l'orphelinat où habitait Ellen dans le but de demander son adoption. Pourquoi elle ? Elle n'en savait rien. Mais bon, après 16 ans sans famille, quelqu'un voulait enfin d'elle, à sa plus grande joie. Chemin faisant, Ellen remarqua que la décoration du manoir était très... sombre. Au bout d'un long couloir, Mrs Grose pointa d'un doigt crochu trois pièces à la suite.
"Voici la chambre de Flora, celle de Miles, et la votre. Je vous laisse vous installer. Miles et Flora rentrent à 17h."
Il était exactement 16h, ce qui lui laissait une heure pour s'installer. Ellen retint sa respiration lorsqu'elle entra dans sa nouvelle chambre. La pièce était munie d'un secrétaire, d'une grande armoire en bois brute, d'un lit à baldaquins et d'une grande fenêtre qui donnait sur le parc du manoir. La jeune femme posa ses bagages sur le lit, et commença à déballer ses affaires. Elle s'apprêtait à mettre une pile de pulls en laine dans l'armoire, mais, lorsqu'elle se retourna, elle se retrouva nez à nez avec un vieux mannequin — qui ressemblait étrangement à un humain empaillé— et retint un cri silencieux. Elle décida de l'emmener dans la salle de couture du manoir, la jugeant trop effrayante pour la garder dans sa chambre. Lorsqu'elle l'eu déposé à côté d'une machine à coudre, elle la fixa quelques secondes, les yeux dans les yeux, et tourna brusquement sa tête à l'aide de sa main avec un frisson. Elle sursauta quand elle entendit une cloche résonner, au rez-de-chaussée.
"Le dîner est prêt !"
L'heure de la rencontre entre Ellen et les Fairchild avait sonné.
