V

55 9 93
                                    

La lune caressait de sa lumière l’océan infiniment sombre et lugubre, où le vent agitait sa surface en créant de vagues inquiétantement grandes et féroces.

Seulement deux jours s'étaient enchaînés depuis sa fuite sur la plage et de l’euphorie qui lui avait prit dans le bonheur qu’il survolait sur l'étendue turquoise.

Et son estomac criait famine. Il devait manger s’il voulait rester conscient de ses mouvements. Mais comment se repérer dans une nuit aussi obscure ?

Son bateau continuait sa route sur la mer déchaînée, qui ne souhaitait qu’engloutir ces maigres planches de bois et, avec, une âme à la dérive dans l’océan de la vie.

Mais il tenait bon. “ Il le faut, je le veux ” se répétait en boucle Cleon, retirant à l’aide de son corps fatigué l’eau salée qui commençait à remplir son bateau.

Et cela dura jusqu’au petit matin, lorsque le soleil laissait dessiner grâce à ces rayons d’or la silhouette d’une île. Les yeux épuisés de Cleon crurent imaginer ceci l’espace d’un instant. Mais elle était bien là.

L'île qui allait le sauver existait bien.

Et, dans un moment de gentillesse, le destin fut gentil avec lui en amenant son épave sur la grande plage qui bordait l’île. Ce qui frappa Cleon dès que ses deux pieds s’enfoncèrent dans ce sol granuleux, ce fut ces grands arbres uniques avec leurs petites feuilles vertes qui contrastaient sur le corps brun de l’arbre.

Il se dirigea vers l’un deux et ses mains trouvèrent un fruit se confondant aux feuilles, rond et vert. Ses fins doigts attrapèrent ce fruit et il le mit en bouche. Ses sensations gustatives, sensibles par le manque de nourriture depuis longtemps, explosèrent en sentant ce goût acidulé contre son muscle qui avalait les morceaux de ce fruit. Et Cleon en mangea d’autres.

Et une fois que sa faim fut satisfaite, il regarda autour de lui, passant sa main devant ses yeux face au soleil qui se levait sur l’horizon.

C’est décidé. Il construira sa vie sur cette île.

Quelques jours passèrent depuis sa venue, et il aimait déjà cet endroit, ayant construit un mini abris près d'une cascade où il aimait se baigner et se laver après avoir passé la journée à cultiver la terre comme il le pouvait.

Et puis, des hommes sont venus. Et Cleon était content de voir de nouvelles personnes. Mais il savait que, si jamais leurs regards croisèrent le sien, ne serait-ce qu'un millièmes de seconde, ils pouvaient dire adieu à leurs vies.

Alors, Cleon les observèrent, de loin d'abord. Mais la curiosité le gagna, et il se rapprocha de plus en plus. Jusqu'à ce qu'une brindille craqua sous son pied.

Et ce que redoutait Cleon arriva.

Quatre statues se dressaient en face de lui, le visage retranscrivant la peur et l'effroi envers sa personne. Seul un humain avait survécu et venait de partir en hurlant.

Et depuis ce jour-là, d'autres humains arrivaient sur son île, toujours à l'affût. L'ébène les observait, analysant leur comportement et les aimant déjà, bien que jamais il ne s'est montré. De temps à autre, il faisait exprès de laisser une pomme ou un animal mort en évidence, comme un cadeau qu'il souhaitait offrir. Mais les humains voyaient les statues. Et ils étaient toujours à l'affût, toujours effrayés de croiser le monstre qui hantait cette île.

Et une petite faute, aussi infime qu'elle soit, causait la mort de ces humains.

« – La femme que tu touchait s'appelait Yüna Akisto. Elle aimait rester au soleil toute la journée. Elle est restée en vie sur cette île dix-sept jours exactement avant de me voir et de mourir. »

Esther entendit le ton grave et sincère de son locuteur, où sa voix retranscrivait toute son émotion.

« – Voilà. Tu connais mon histoire, humain. Tout ce que je te demande c'est de… Cleon avait du mal à sortir ses mots car sa pensée était telle qu'il lui était impossible de trouver les mots justes.

« Reste avec moi. C’est tout ce que je demande. Reste avec moi et n’aie pas peur de moi. Parce que je ne veux plus être seul. Alors s’il te plait, ne me regarde jamais…

« Car je ne pourrais jamais soutenir ta mort à toi aussi… »

Esther avait toujours ses paupières fermées, mais il entendit clairement une émotion si forte qu'elle lui cassa la voix rauque de l’ébène en face de lui. Alors, sa dextre s’échoua sur sa joue, guidant son visage vers le sien.

Et d’un sourire doux, il ouvrit ses paupières.

« – Je ne te regarderai jamais, car je suis aveugle. »

━━━━━━● 🍃 ●━━━━━━

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

━━━━━━● 🍃 ●━━━━━━

𝐀 𝐋'𝐎𝐌𝐁𝐑𝐄 𝐃𝐄𝐒 𝐎𝐋𝐈𝐕𝐈𝐄𝐑𝐒 ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant