L'Interdit Royal (𝑀𝑖𝑛𝑠𝑢𝑛𝑔)

Chapitre 12

Depuis des jours et des jours, la cour grouillait de personnel autant qu'une ruche remplie d'abeilles furieuses, à la plus grande exaspération de Minho.

Il savait pourtant qu'il ne devait pas ressentir quelque chose d'aussi négatif, surtout à la vue de sa situation. Pour la première fois dans l'histoire de son pays, le futur Roi avait fait dissoudre son harem pour accepter de s'unir à une personne unique, un homme de surcroît, par amour. Il était terriblement flatté. Pourtant les événements de la journée ne s'annonçaient pas être de son goût. En effet, il s'agissait du mariage du prince, mais avec sa première épouse.

La femme qui allait devenir Reine, une dénommée Hyoji, était arrivée le matin même par une immense délégation venant du sud du pays. Entouré d'une centaine de suivants, le cortège avait pénétré l'enceinte du palais royal au son des tambours et des flûtes, dans la foule de dizaines et de dizaines de danseurs et de dragons de papier. Minho avait observé la scène de loin, la gorge serrée et le cœur amer. Il n'avait aucun droit de s'opposer à cette union. Plus que tout, il avait conscience que Jisung avait proposé ce marché avec son père le Roi afin de le faire rester à ses côtés de manière officielle et sérieuse. C'était inédit. Les conseillers royaux l'acceptaient lors des réunions, il était apprécié lors des dîners mondains et il avait même sympathisé avec quelques frères et sœurs de la fratrie de son futur époux. Il n'avait même aucune raison d'être exaspéré.

Sauf qu'il l'était.

La simple idée que Jisung doive échanger des étreintes avec une autre personne que lui tiraillait son cœur. C'était pour le bien de la couronne, pour le bien du pays, mais le jeune homme ressentait un sentiment qu'il avait jusqu'à ce jour peu ressenti : de la jalousie. Il fallait se faire une raison, Minho était conscient que son amant allait se contenter du strict minimum avec cette femme pour assurer sa descendance. Toujours était il qu'il était jaloux.

Soupirant à peine en observant le jardin de son pavillon personnel, le jeune homme finit par se relever pour contempler sa chambre. Collé au pavillon du prince, ses appartements privés avaient été fini à la hâte pour qu'il puisse avoir toute l'intimité dont il avait besoin et envie. Même s'il avait sa propre chambre, il dormait désormais toutes les nuits dans le lit de Jisung et se réveillait à ses côtés depuis des mois. A ce souvenir, son air blasé se détendit légèrement.

« Minho ? Il va falloir te préparer. »

A l'entente de son prénom, le jeune homme se tourna alors vers les autres personnes présentes dans la pièce. Il s'agissait de Yongbok et de Hyunjin.

En effet, une fois le harem dissout, les concubins et les concubines s'étaient retrouvés sans alternative au sein du palais. L'arrestation, et surtout le silence autour de celle ci, de Sohee avait causé des émules dans le harem. Des tonnes de rumeurs avaient commencé à circuler sur les réelles raisons de ce geste, mais lorsque l'affaire fut rendue publique, l'ancienne favorite du prince n'avait soudain plus aucun soutien aveugle au sein du harem. Les deux amis de Minho s'étaient vu proposé des postes de suivants à la cour royale : ils pouvaient devenir des assistants pour le futur Consort s'ils en avaient envie. Peu désireux l'un et l'autre de retourner à une vie hors du palais, ils avaient accepté de suivre leur ami pour ainsi rester dans les sphères du pouvoir tout en profitant du prestige de Minho.

« Vous avez déjà reçu ma tenue ? » demanda ce dernier en s'approchant des deux garçons, l'air curieux. Hélas, il n'allait pas revoir Jisung jusqu'au mariage. Aussi, il devait passer une grande partie de la journée à se préparer : il avait une place de choix dans la salle de la cérémonie et son amant lui avait confié qu'il allait rêver de leur propre mariage, prévu le mois suivant.

« A l'instant. » répondit Hyunjin en faisant signe aux servantes d'apporter un immense portant qui semblait crouler sous le poids des brocarts.

« Comme d'habitude, Sa Majesté n'a pas fait dans la demi-mesure pour toi, tu le connais mieux que nous. » continua Yongbok en se mettant à rire.