L'Interdit Royal (𝑀𝑖𝑛𝑠𝑢𝑛𝑔)

Chapitre 3

Le concubin au hanbok blanc obsédait les pensées de Jisung.

Cela faisait plusieurs jours qu'il avait accepté de se présenter au harem pour y faire une visite, comme un de ses concubins joueur de musique le lui avait suggéré. Le prince s'était donc perdu dans les allées en compagnie de Chan et de Changbin, le Gardien et son protecteur personnel. Il avait l'impression d'être rentré dans une ruche pleine d'abeilles furieuses à cause de la chaleur ambiante. L'odeur du harem était agréable, faite de savons, de parfums et d'huiles, les concubines et les concubins étaient tous plus délicieux les uns que les autres. Jisung avait vu quelques visages familiers, des nouveaux, des exotiques. C'était amusant de s'y promener en les voyant tous se pâmer devant lui comme des paons pour attirer son attention.

Presque déçu de ne pas avoir eu le choc et la surprise à laquelle il s'attendait, il avait réussi à échapper à l'attention de ses deux chaperons pour visiter les ailes désertées du harem à cette heure de la journée. Il s'était laissé guider le long des bains, s'étonnant de l'immensité de la salle prêtée à la mise en beauté des résidents de son harem, il avait vérifié un dortoir pour en constater la propreté et le confort, avant de finir par se diriger vers la cour intérieure du pavillon.

A travers les diverses plantes et arbustes, Jisung avait deviné une silhouette d'un blanc immaculé proche de ce qui ressemblait à une cage à oiseaux. Curieux, il s'était alors approché, descendant les quelques marches qui permettaient de descendre dans la cour par le tour de garde du pavillon. Il entendit alors la voix du garçon devant lui, enrobé de son hanbok cousu d'argent sous l'effigie d'un tigre, parler aux moineaux dans la cage. Le prince l'avait observé les nourrir avant de les contempler longuement.

Lorsqu'il croisa le regard du concubin, le cœur de Jisung s'était serré dans sa poitrine.

Il était persuadé qu'il s'agissait du joyau dont Yongbok lui avait fait l'éloge la veille. Pur, irréel, la beauté à l'état pur semblait avoir prit vie sous les yeux de Jisung. Un visage magnifique, des courbes visibles sous le hanbok légèrement transparent, des cheveux bruns ondulant sur les épaules jusque dans le dos. Le jeune homme sous ses yeux l'avait happé comme un faon sous le regard d'une panthère. Le concubin l'observait de grands yeux félins, probablement surpris de le rencontrer à un moment aussi incongru qu'en nourrissant des oiseaux.

Jisung appréciait le Gardien de son harem, mais il aurait maudit Chan sur des générations entières pour avoir fait s'envoler la beauté éthérée à laquelle il avait pu faire face ce jour là. Le garçon s'était enfuit dès qu'il avait entendu la voix de son Gardien sans aucun préambule et il ne l'avait pas revu, trop décontenancé par le comportement du concubin.

« Jisung ? Tu écoutes au moins ce que je dis ? »

Sursautant en entendant son prénom, le prince tourna la tête vers son interlocuteur. Assis à côté de lui se trouvaient deux garçons d'à peu près son âge. Il s'agissait de deux de ses cousins, ceux du côté de sa mère avec qui il s'entendait bien. Appartenant à plusieurs branches secondaires de la famille, les garçons étaient d'ores et déjà promis à des postes de gouverneurs dans diverses régions du pays. Seungmin avait presque l'âge de Jisung, ils n'étaient nés qu'à quelques jours d'écart. D'un caractère pince sans rire, il s'agissait d'un des rares garçons de son âge à oser lui parler sans filtre. A côté de lui se trouvait son deuxième cousin : Jeongin. Le cadet du trio venait d'une région éloignée de la capitale, il avait un léger accent sur lequel ses deux aînés aimaient le taquiner. Le garçon faisant de son mieux pour avoir un air dépité en les entendant parler, mais au final, Jisung savait qu'il les appréciait réellement. Tous les deux étaient habillés de l'habituelle tenue des membres de la famille royale : des pantalons blancs ornés d'une veste rouge brodée d'or, symbole du pouvoir monarchique.