Le contrat

Chapitre 3

Au début de mon partiel je ne pensais pas utiliser le conseil de Bastian mais en y réfléchissant je dois dire qu’il n’a pas eu tort on montre ses atouts à la personne qu’on veut séduire comme on le fait avec un actionnaire. Avec cette carte en main j’ai construit mon argumentation comme si je devais le convaincre lui-même d’investir dans l’entreprise de papa. Cela peut paraître stupide mais je voulais prendre ma revange sur cet homme qui a cru pouvoir m’avoir à sa merci en utilisant mon père.

Dans mon argumentation j’ai montré tous les aspects de l’entreprise de papa que personne ne suspecte, il choisit le bois avec la plus grande précision, pour lui chaque bois à son histoire et fera un meuble unique qui saura faire le bonheur de son propriétaire. Le cœur que les menuisiers mettent dans leur travail est incroyable, nos meubles n’ont rien à avoir avec ceux fabriqué à la chaine sans âme. Le partiel m’a semblé passer à une vitesse folle mais j’étais fière de mon devoir. Même Carla m’a demandé comment j’ai fait pour ne pas avoir de problèmes moi qui me plaignait.

Je termine d’ajuster ma coiffure en bouclant quelques mèches, ce soir je vais dîner avec Bastian alors j’ai voulu me faire belle après tout c’est lui que je dois remercier si j’ai cartonné à mon partiel. Ne voulant pas en faire trop comme la dernière fois j’ai opté pour une robe courte rose poudré qui s’arrête au-dessus du genou, de forme patineuse elle est en cache cœur au niveau de la poitrine et se ferme avec un nœud que j’ai bien fermé pour être sûr qu’il ne puisse pas l’ouvrir quand ça lui chantera. Je veux bien le remercier et faire un effort ce soir mais je ne vais pas devenir la petite amie bien docile. Quand on sonne à la porte j’attrape mon sac puis descend pour ouvrir. En voyant Bastian je dois dire qu’il est séduisant chemise blanche avec un pantalon bleu marine mais j’aime un peu moins la manière dont il me regarde.
<<-Tu es magnifique
-Merci
-Tu es prête ?
-Oui

Je ferme la porte derrière moi vu que papa est aller voir des amis puis je vois l’imposante voiture de Bastian, une audi R8 noir qui doit faire un bruit à réveiller un quartier mais cela ne semble pas le déranger. Il doit aimer la vitesse pour avoir un tel bolide qui je dois bien le reconnaître colle au personnage rapide et précis.

Une fois à l’intérieur j’appréhende un peu le trajet je ne suis pas le genre de fille qui aime la vitesse. La voiture démarre en rugissant puis Bastian quitte la maison pour se diriger vers un restaurant dont je ne connais même pas le nom il n’a rien voulu me dire. Etonnement il roule doucement moi qui imaginais qu’il allait me montrer la puissance de ce bolide je suis rassurée.
-Je ne roule pas comme un taré quand je suis accompagné rassure toi
-Merci
-Tu n’aimes pas la vitesse ?
-Non

Cinq minutes on arrive devant un restaurant qui ne doit accueillir que des personnes riches si j’en juge à la façade. Bastian vient m’ouvrir la portière puis me prend la main. Une fois à l’intérieur je comprends rapidement que ce n’est pas mon monde ce restaurant mais celui de Bastian tout craché. Le réceptionniste nous montre notre table qui est un peu isolé dans un coin, il me tire la chaise pendant que je prends
place puis part nous chercher la carte.
-Détends toi un peu tu es toute crispée
-C’est ton monde pas le mien
-Il va le devenir pourtant
-Laisse-moi le temps de m’y habituer

Nous sommes interrompus par le serveur qui nous donne la carte, sans hésiter Bastian commande l’un de leur meilleurs vins rouges, papa a dû lui dire que c’est le seul type de vin que je bois. Les plats ont tous l’air excellents.
-Vous avez fait votre choix ? Mademoiselle ?
-Je vais prendre le saumon avec les légumes
-Et vous monsieur ?
-Un onglet de bœuf avec votre gratin
-Très bien je vous apporte ça

Une fois de nouveau seule avec mon futur mari je ne sais pas comment me comporter avec lui je ne sais rien de sa vie alors lancer un sujet me semble compliqué et je ne vais pas lui parler de travail.
-Ton partiel s’est bien passé ?demanda-t-il
-Oui grâce à toi
-Vraiment ?lâcha-t-il d’un air surpris
-Ton conseil m’a bien aidé
-Et comment as-tu convaincu ce mystérieux actionnaire ?renchérit-il un sourire en coin
-Je lui ai montré la qualité de travail que l’entreprise apporte à ses meubles, le choix de ses matières premières ainsi que la précision dont font preuve les employés par rapport aux machines qui elles n’ont aucune âme. Elles exécutent sans se demander si un endroit demande d’y repasser pour affiner expliquais-je
-Tu as parler de l’entreprise de ton père ?
-Oui
-Et à qui tu as pensé en écrivant cette argumentation ?

Cette question me surprend, il est là à me regarder les yeux pétillants comme s’il savait déjà à qui j’ai pensé. Oui j’ai pensé à lui mais c’était uniquement pour lui prouver qu’il aurait pu sauver cette entreprise sans me prendre en contre partie pour y gagner quelque chose. Je prends mon courage à deux mains.
-A toi
-Je ne savais pas que j’occupais déjà tes pensées ravit de l’apprendre dit-il taquin
-Je voulais te montrer que tu aurais pu investir dans l’entreprise de mon père en y
gagnant sans me prendre en contre partie
-Vraiment ?
-Oui
-Et cette tenue c’est pour me remercier de ce conseil ?
-J’ai pensé que tu apprécierais l’effort dis-je en rougissant un peu
-Fais ça plus souvent alors j’adore

J’allais lui répondre quand on nous apporte nos plats, il a l’air délicieux le saumon a l’air tendre et les légumes encore un peu croquant comme je les aime. Sans m’en rendre compte je souris à Bastian pour la première fois. Le reste du dîner il ne dit rien se contentant de m’observer. Pour ma part je bois peu de vin ne voulant pas finir bourrée et céder à ses envies. Quand vient l’heure du dessert je craque malgré moi pour un fondant au chocolat tandis que Bastian me regarde.
-On dirait une enfant quand tu manges ça
-C’est l’un de mes desserts préférés

Il se contente de sourire. En sortant du restaurant je me sens étonnement bien, comme promis Bastian roule doucement mais ce n’est pas vraiment le chemin pour retourner chez moi. Où est-ce qu’il m’emmène ?
-Tu sais que ce n’est pas le chemin pour aller chez moi ?
-Oui mais je me suis dit que tu aimerais voir ma maison avant de venir y habiter
-D’accord

Après une dizaine de minutes j’arrive devant une villa assez moderne qui
semble gigantesque pour une seule personne, même le jardin à l’air immense. Bastian ouvre puis m’invite à entrer. Il y a un magnifique salon salle à manger avec une cuisine ouverte moderne mais très bien équipée. Je m’imagine bien cuisiner de bons petits plats en plus il a un plan de travail en marbre. Je regarde à peine le salon pour explorer la cuisine.
-Tu aimes autant la cuisine ?
-C’est souvent moi qui cuisine à la maison
-Tu vas me cuisiner de bons petits plats alors ?
-Si tu veux

Je délaisse ce chef d’œuvre pour voir le salon qui est assez épuré mais bien décoré. Cette maison respire la démesure de son propriétaire. Voir toujours plus haut tel est la devise de Bastian il la répète dans chaque interview et on le ressent quand on vient à Aurasys. Quand des mains viennent autour de ma taille je ne réagis pas après tout je me doutais qu’il en profiterais mais je ne peux pas le refouler. Il m’a été d’une grande aide pour mes études mais surtout pour papa qui a enfin retrouvé le sourire. Doucement je me retourne vers lui pour le regarder.
-Je peux te demander quelque chose ?
-Tout ce que tu voudras
-Est-ce que tu penses pouvoir me donner d’autres conseils en marketing ?
-Tes professeurs ne t’en donne pas ?
-Si mais toi tu as l’expérience du terrain et puis j’aimerais bien diriger l’entreprise de papa d’une main de maitre comme toi
-C’est un compliment ?
-Si tu veux alors tu acceptes ?
-Oui mais que si tu continues de faire des efforts
-Promis dis-je en l’embrassant furtivement

Entre nous ce sera du donnant donnant s’il accepte de me montrer certaines de ces clés de réussite je veux bien enlever certains de mes doutes à son propos. J’espère juste un jour me faire à son côté dominant qui risque de poser problèmes. Il pose sa main sur ma joue avant de m’embrasser exactement comme dans son bureau mais se montre plus doux à mon grand étonnement. Aurait-il compris que j’ai besoin
de temps ?
-Tu es moins autoritaire ce soir
-Cela te déplait ?
-Non j’aime bien même si je me doute que ce ne sera pas tout le temps comme ça
-J’ai un caractère compliqué mais je tiens à toi
-Merci
-J’ai passé une excellente soirée
-Moi aussi mais je vais devoir rentrer
-Déjà ?
-Demain je dois encore réviser et puis j’ai des cartons à faire
-C’est vrai je vais te ramener >>

Sur le chemin du retour il a été gentil et n’a rien tenté même une fois la voiture à l’arrêt devant chez moi, je trouve ça étrange lui qui été prêt à me prendre dans son bureau la dernière fois. Et dire que dans une semaine je vais habiter dans cette grande maison mon cerveau ne s’y fait pas. J’avais prévu de quitter la maison après mes études mais pas de cette manière. C’est fatiguée que je rentre chez moi mais contente
de ma soirée.