Chapitre 11

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Cela faisait un certain temps que Minho n'avait pas vu son cadet durant l'une de ses crises. En vérité, il ne l'avait vu en tout et pour tout que deux fois dans cet état : le samedi où il était venu par inadvertance et la fois sous la pluie. Il se doutait parfois que le lycée était trop difficile à supporter certains jours, et qu'il venait se réfugier derrière un chocolat chaud pour ne pas faire face à l'insurmontable. Une fois il avait même suspecté que Jisung avait fait une crise de panique juste avant de venir chez lui parce qu'il avait eu l'air exténué et s'était endormi dès qu'ils avaient commencé leur série. Mais Minho ne posait pas de question. Et il préférait, tant qu'à faire, que l'anxiété du plus jeune ne se manifeste pas trop. Il avait même remarqué que Jisung côtoyait de moins en moins le café, signe qu'il allait de plus en plus en cours. Signe qu'il allait mieux.

Seulement, lorsque ce jeudi soir il entra en trombe dans la boutique, la respiration hachée, haletante, Minho sut tout de suite de quoi il en retournait.

Le visage de Jisung était d'une pâleur fantomatique et il s'accrochait à sa gorge comme si quelque chose y était coincé. Minho abandonna immédiatement son torchon et contourna le bar. Dès que le châtain aperçu le serveur, il s'engouffra dans son étreinte. Minho n'eut même pas une pensée pour ses clients encore présents.

« - Ça va aller, Jisung-ah, ça va aller » ne cessa-t-il de répéter en l'entrainant jusqu'à la réserve.

Jisung ne parvenait pas à prendre une seule respiration complète. Ses phalanges étaient devenues blanches à force de s'agripper au tablier de Minho. Il lui prit la tête entre ces deux mains et lui répéta à l'oreille « Respire, Jisung. Je suis là. Tout va bien. Respire » tel un mantra. Des larmes se mirent à couler le long de ses joues. Minho eut envie de défoncer le mur à sa gauche. Il ne savait pas quoi faire de plus. Il se sentait impuissant.

« - Je pouvais pas... Hyung... Je pouvais pas...

-Je sais, je sais. Chut. Tu es en sécurité maintenant. »

Qu'importe ce qui avait mis Jisung dans cet état, Minho savait que ce n'était pas de sa faute. Rien n'était de sa faute. Rien n'aurait jamais pu être de sa faute. Les autres ne comprenaient pas. Ils ne comprenaient pas comment les regards d'une foule pouvait menacer. Comment des interactions sociales, à l'allure simple et commune, pouvait se révéler être un défi de tout instant. Comment le cœur se mettait à battre aussi fort et les mots s'enfuir de notre bouche. Pourquoi le corps réagissait aussi fortement lorsqu'on nous posait une question. Mais les autres ne comprenaient jamais.

Jisung ne s'arrêtait pas de pleurer, et Minho sentait son estomac s'enfoncer toujours plus profondément dans son ventre.

« - Il voulait que je montre aux autres... Il voulait que je montre l'exemple. Mais je- Je ne pouvais pas... Et il m'a- Il m'a répété de le faire » hoqueta le plus jeune en passant ses bras autour du torse du plus vieux. Il enfonça sa tête dans la poitrine de Minho, au point que ça lui fasse mal. Mais Minho ne ressentait plus rien. Qu'une colère sourde.

« - Tu ne l'as pas fait, tu n'étais pas obligé. Tu as bien fait Jisung. Respire avec moi. »

Il fit lever et abaisser sa poitrine, comme la dernière fois. Respira fort au-dessus du crâne du plus jeune. Mais celui-ci ne le suivait pas. Il resserra juste son étreinte un peu plus. Minho avait l'impression que son ami tentait de s'étouffer dans son tablier. Il ne pensait pas que ce fusse la meilleure des manières, mais laissa son cadet se gérer. Il se connaissait. Il saurait se calmer. Il lui faisait confiance. Il n'avait rien d'autre à faire.

« - Je suis là. Je suis là » Minho ne cessait de lui rappeler tout en lui caressant les cheveux.

Jisung continuait de pleurer mais sa respiration se stabilisait peu à peu.

Café et chocolat forment le meilleur des mélanges [MinSung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant