Chapitre 40

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Minho ouvrit une paupière, puis l'autre. Une lumière orangée s'infiltrait dans sa chambre à travers les volets à moitié fermés, lui donnant l'impression d'être au centre d'une bougie. Il se retourna sur son matelas. La place à côté de lui était vide.

Minho se redressa en sursaut, le cœur battant. La couette descendit le long de son torse et le froid s'insinua dans son être. Voilà que Jisung était parti. À peine retrouvé, de nouveau disparu. Il le méritait bien. Il n'avait rien pour le retenir. Ses mains étaient vides. Il ramena ses genoux contre sa poitrine, imitant une étreinte impersonnelle. C'est alors qu'il entendit un bruit de verre lui parvenant de l'autre côté de la porte. Un tintement de couvert, de l'eau qui bout. Il sortit un pied de son lit. Sa plante de pied redécouvrait la sensation du sol.

Ce fut la propreté de son appartement qu'il constata d'abord. Le sol n'avait jamais été aussi impeccable, plus aucune miette ne venait orner sa table, même son miroir éclaté s'était débarrassé de sa couche de poussière. Mais très vite son attention se porta sur la tête blonde qui s'activait derrière son plan de travail. Jisung coupait des oignons et de pauvres carottes rabougries. Il n'était jamais parti, fidèle à sa promesse. Minho n'aurait jamais dû en douter.

« - Tu as bien dormi ? » lui demanda son invité en se retournant. Minho eut beau chercher, il n'y avait aucune intonation de surprise, d'irritation ou de soulagement. Un ton parfaitement neutre. Une curiosité inquiète, peut-être.

« - J'ai cru que tu étais parti. » Jisung fronça les sourcils.

« - Je ne suis pas parti. Tu ne me faisais pas confiance ?

-C'est plutôt à moi qui je ne faisais pas assez confiance pour te retenir. » Minho n'avait pas eu l'intention de paraître aussi pathétique, mais c'était uniquement ce qu'il ressentait, et cela ne servait plus à rien de se cacher désormais.

Jisung se retourna et termina la préparation de ses légumes. « - Je voulais te faire à manger, mais t'avais presque rien dans tes placards. Ça sera ramen.

-C'est parfait. » Minho prit place sur l'une des chaises. Le silence s'installa entre eux. Ils auraient voulu aborder l'éléphant au milieu de la pièce, sans savoir par quel bout l'attaquer. Il soupçonnait le plus jeune de se trouver dans la même position.

Il se contenta donc de l'observer se déplacer entre les différents placards comme s'il était chez lui. Ce qui n'était pas complètement faux. À une époque pas si lointaine, il avait plus habité ici que chez sa mère. Et sans sa suite d'erreur qui l'avait précipité au bord du gouffre, ce serait encore le cas. Minho sentit sa gorge se serrer à cette pensée.

Jisung déposa un bol fumant sous son nez. « - Mange. » Minho prit une bouchée entre ses lèvres. C'était épicé et brulant. Ça avait le goût de la vie. À peine la portion avalée que Minho en reprit une. Il faisait longtemps que les aliments avaient perdu leurs saveurs, il en avait oublié la sensation.

Il continua à manger dans un silence religieux durant quelques instants. Ses papilles s'éveillaient à nouveau. Il n'avait pas remarqué à quel point il mourrait de faim. Jisung changea de position sur sa chaise. Le brun lui jeta un regard. Jisung détourna le regard.

Minho finit d'avaler la nourriture qu'il avait dans la bouche avant de lui adresser la parole. « - Tu peux me poser tes questions tu sais.

-Je ne sais pas, est-ce que tu vas te refermer sur toi-même et me dire de dégager ? » En toute honnêteté, Minho l'avait un peu mérité. Il n'empêche qu'il eut un mouvement de recul avant de poser ses couverts à plat sur la table.

« - Je te promets, je ne vais pas te repousser de nouveau. » Jisung le toisa entre les mèches de sa frange blonde. Minho remarqua que ses joues étaient plus émincées que dans son souvenir. Et son regard plus profond, plus sage, plus vieux. Il semblait las.

Café et chocolat forment le meilleur des mélanges [MinSung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant