Café et chocolat forment le meilleur des mélanges [MinSung]

Chapitre 3

On était en fin de journée. C'était l'heure de la sortie des collégiens, des lycéens, des étudiants. C'était le moment de la journée où le café faisait son beurre. Des gens de tout âge s'entassaient sur les banquettes à papoter tandis que Minho et Seungmin s'affairaient derrière le comptoir. Minho prenait les commandes, son sourire charmeur aux lèvres tandis que son (faux) némésis servait et débarrassait. C'était assez amusant, mais Minho était le plus doué à charmer les clients. C'est dire ! Au bout du compte, le duo se complétait parfaitement, et leur patron en était amplement satisfait. Le café gagnait tant en popularité qu'il envisageait d'engager un troisième serveur, juste pour les moments comme celui-ci. Minho avait presque du mal à comprendre les commandes des nouveaux arrivants par-dessus le brouhaha ambiant.

« - Un café crème avec une part de gâteau au citron, c'est noté ! » affirma le jeune garçon de café à son client d'une cinquantaine d'années. C'était un nouveau venu qui avait mis une bonne minute à choisir son gâteau. Comme si faire le choix entre du chocolat ou du citron était une question de vie ou de mort ! Cela avait profondément énervé Minho qui avait d'autres personnes à s'occuper, mais il n'en avait rien laisser paraître. Un vrai professionnel. Il était fier de lui.

Il se retourna, paré à doser le café et le lait dans sa machine chérie et à sortir une part du moelleux pour son nouveau client, lorsqu'il remarqua une silhouette près de la porte. Une silhouette très familière, mais qui détonnait dans cette ambiance.

« - Jisung ? »

Le plus jeune se retourna d'un bloc à l'annonce de son nom, comme si on l'avait frappé. Minho ne l'avait jamais vu ainsi. Son visage était pâle comme un linge et ses yeux aussi écarquillés qu'un lièvre pris dans les phares d'une voiture. Ses doigts s'agrippaient à la chaîne qu'il portait constamment au cou comme si sa vie en dépendait.

« - Tout va bien ? » Sa question était inutile, bien sûr. Tout n'allait pas bien. Jisung eut au moins l'honnêteté de secouer sa tête de droite à gauche. Son précédent client instantanément oublié, Minho lui prit la main et l'entraina à travers la foule.

« - Minho qu'est-ce que tu fous ? C'est pas le moment de flirter, je suis complètement débordé moi !

-Deux minutes » rétorqua-t-il à son collègue. Il referma la porte de l'arrière-boutique avant que Seungmin n'ait eu le temps d'ajouter quoique ce soit.

« - Tiens, assis-toi là » dit-il en indiquant la pauvre et unique chaise – bancale qui plus est ! – présente dans la pièce. Mais Jisung ne s'en plaint pas et fit comme on le lui suggérer. Les doigts toujours agrippés à son pendentif, il tentait désespérément de reprendre son souffle.

« - Respire avec moi »

Minho prit une grande inspiration et souffla le plus longuement possible. Jisung ne put le suivre, haletant au milieu de son expiration. Ses yeux évitaient à tout prix de croiser ceux du plus âgé. Mais Minho, lui, ne le lâchait pas du regard d'une seconde. Il s'accroupit à sa hauteur et recommença à un inspirer bruyamment. Jisung le suivit. Il lui prit ses mains dans les siennes et continua. Jisung le suivait toujours. Ses joues retrouvèrent quelques couleurs. Minho sourit de soulagement au milieu de son expiration.

Au bout d'une minute, la respiration du plus jeune se stabilisa. Pour autant qu'il souhaitait rester ici et questionner le lycéen, Minho ne pouvait se permettre de rester dans la réserve plus longtemps. Monsieur Kim, son chef, avait beau être cool, son intérêt premier rester que sa boutique tourne. Et pour que sa boutique tourne, il fallait servir des clients.

Il retira ses mains des paumes de son cadet, une sensation de froid emplissant ses doigts, et farfouilla dans ses affaires. Il en sorti une bouteille d'eau et une barre de céréales.

« - Prends ça » lui dit-il en lui tendant son butin. « Je finis mon service dans deux heures, mais tu peux partir par la porte de derrière si tu veux. » Jisung ne dit rien. « Ça ira ? »

Minho patienta. Il aurait pu patienter jusqu'à la fin du monde.

Enfin, Jisung hocha la tête. Il ne croisa toujours pas son regard.

Minho s'éloigna, jeta un dernier regard à son cadet avant de refermer la porte derrière lui.

« - Pour la peine tu feras la fermeture » grogna son collègue lorsqu'il retourna derrière le comptoir. Minho ne dit rien. Il aurait supporter bien pire comme contrepartie. Il tendit le bras, attrapa une tasse et une soucoupe et lança sa machine. Lorsqu'il servit son client d'âge mûr, quelque peu irrité d'avoir dû attendre, allez, 5 minutes ?, il lui servit la carte « le gâteau est au frais de la maison » et son expression s'adoucit. Minho se dit qu'il ne devrait pas jouer cette carte trop souvent, sa paie s'en trouvera affecté au bout d'un moment. Mais il ne le regrettait nullement en cet instant.

« - Qu'est-ce qu'il avait de toute manière ? Pourquoi tu es devenu gentil tout à coup ? » s'enquit Seungmin. Minho haussa les épaules. La vérité c'est qu'il n'en savait pas plus que cela.

Heureusement pour notre protagoniste, il y avait tant à faire en ce début de soirée que son collègue ne put le harceler plus longtemps. Et Minho eut à peine le temps de repenser à l'incident durant son service. Ce ne fut que lorsqu'enfin la salle se vidait un peu, vingt minutes avant la fermeture, que le jeune homme eu le temps de jeter un regard à l'arrière-boutique où il avait laissé son client très spécial.

La pièce était vide. Sur la chaise il retrouva sa bouteille à moitié pleine et l'enveloppe désormais vide de sa barre de céréale. Et coincé sous le récipient, un simple bout de papier avec inscrit « merci » à l'encre noire. Les boucles du M étaient rondes et gracieuses, le point sur le I formait un vrai rond. Minho se dit que Jisung avait une belle écriture. Il plia le papier en deux et le glissa dans son sac.

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