Loan et moi nous câlinons sur le canapé en échangeant quelques baisers. Je suis content qu'il soit rentré de sa dernière mission. Et puis, pour une fois, il ne s'est pas senti obligé de servir de bouclier humain à Willy.
Qu'on soit bien d'accord, William Rewo est très important pour moi, c'est une sorte de grand frère, même si je suis plus âgé que lui. Mais depuis aussi loin que remonte notre rencontre, il m'a toujours protégé. Et, en tant qu'Oméga, être sous la protection du fils d'un des hommes les plus craints de la ville et même de la région, c'est inestimable. Quoiqu'au jour d'aujourd'hui, il ne soit plus le fils du parrain, mais bien le parrain lui-même.
Mais que m'importe son titre. Pour moi, il est Willy, et même si je l'adore, il n'est pas aussi inestimable à mes yeux que le blond qui me cajole et dans les bras duquel j'aime être. Et puis, cet Alpha sera bientôt MON Alpha rien qu'à moi. Nous en avons discuté, et nous allons sauter le pas. Certains voient Loan comme une armoire à glace sans cervelle et sans cœur, et même s'il est vrai que l'intelligence est plus l'attribut de mon grand frère, son second est une montagne de tendresse quand il s'agit de moi.
Nous interrompant en beau milieu d'un baiser qui promettait de finir sous les draps, son portable sonne. J'émets un son entre soupir et grognement de désapprobation, sous son sourire moqueur.
_ Loan. » décroche-t-il sous mes sourcils qui se froncent. « T'es pas sérieux, Savio ! Merde quoi ! Je viens de rentrer ! ... Putain, il fait chier ! ... Ouais, ouais, j'arrive !
Il raccroche et je le fixe éberlué.
_ Non, mais c'est une blague, rassure-moi !
_ Désolé, bébé. Faut que j'aille bosser. » soupire-t-il en m'écartant pour se lever.
_ Non, tu ne vas pas bosser ! » me mets-je sur son chemin. « Tu es rentré il y a quelques heures, Loan ! Et il me semblait qu'on avait des choses de prévues ce soir.
_ Ben les plans viennent de changer. Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ?
_ Appelle Willy ! Tu lui expliques que, ce soir, t'es pas dispo ! Qu'on a prévu quelque chose ! Il peut comprendre quand même !
_ On finira ça à un autre moment, bébé.
Il dépose un rapide baiser sur mes lèvres, et s'éloigne en remettant son arme en place. Je reste un instant interdit, puis la colère me submerge.
_ J'en ai ma claque de tout ça, Loan ! » crie-je en le suivant dans l'entrée. « Alors, ce soir, tu les envoies chier, et tu restes avec moi ! Willy peut comprendre que t'es en couple, non ?
_ Je peux pas, Zack. » enfile-t-il sa veste. « Rewo a besoin de moi ! Tu comprends ça ? C'est mon meilleur pote, on se connaît depuis toujours !
_ Je suis au courant, figure-toi ! Je te rappelle que moi aussi je le connais depuis longtemps ! C'est lui qui nous a présenté, tu te rappelles ? Et c'est pour ça que je n'accepte pas qu'il te demande de faire passer son organisation avant notre couple !
_ Mais bordel, c'est mon taf ! » hurle-t-il à son tour.
_ Et moi, je suis quoi ? Un passe-temps ? On vit ensemble, Loan ! Il y a une heure, tu parlais de me marquer ! » désigne-je le salon où il m'a fait cette proposition, alors que les larmes passent mes yeux. « Et là, il te sonne, et tu te casses ! Je n'en peux plus d'avoir peur à chaque fois que tu passes cette porte ! De craindre que tu ne rentres pas ! » se brise ma voix.
_ Je rentrerai toujours, bébé, tu as ma promesse. » se fait-il plus tendre devant mes pleurs.
_ N'y vas pas. » me colle-je à lui, mes bras recroquevillés sur son torse. « S'il te plait. Reste avec moi, Loan. Je... Je ne me sens pas bien ce soir. J'ai besoin d'être dans tes bras. Tu as été absent si longtemps.
_ Bébé, tu sais bien que je demande rien d'autre que de rester ave toi. » me serre-t-il dans ses bras. « Si ça tenait qu'à moi, je passerais tout mon temps avec toi.
_ Alors reste avec moi. Loan, s'il te plait, tu es parti longtemps, tu viens juste de rentrer. J'ai besoin de passer du temps avec mon Alpha.
_ Zack...
_ S'il te plait. J'ai passé des nuits interminables sans toi à mes côtés. Je n'arrivais pas à dormir tant j'étais inquiet. » relève-je les yeux sur lui alors que les larmes dévalent mes joues.
Il les essuie de ses grandes mains chaudes, et, dans ses yeux, je peux voir qu'il souffre de me voir dans cet état. Et, l'espace d'un instant, je me dis que je l'ai convaincu, qu'il va rester.
_ Je rentrerai pas tard.
Il dépose un baiser sur mes lèvres et s'éloigne vers la porte.
C'est trop, je ne peux plus.
_ Loan ! Si tu passes cette porte, c'est fini ! Tu dois choisir : c'est moi, ou la mafia ! » tente-je une dernière fois de le retenir.
_ On en discute quand je rentre, bébé. » ouvre-t-il la porte.
Je ferme les yeux pour retenir mes larmes. Son choix est fait, et il ne m'en laisse pas d'autre. Mon cœur se déchire, et une énorme boule prend place dans ma gorge.
_ Loan ? » l'interpelle-je avant qu'il ne sorte, retrouvant un semblant de sang-froid. « Sois prudent. D'accord ? » lève-je mes yeux dégoulinants vers lui.
_ Comme toujours !
_ Je t'aime.
_ Je t'aime aussi, bébé. Repose-toi. Quand je rentre, je compte bien te faire hurler de plaisir cette fois.
Je ricane. Il me sourit de son air goguenard, et ferme la porte à sa suite.
Je tiens debout encore quelques secondes, puis m'effondre sur le sol. J'ai mal, mais je ne peux pas continuer comme ça. Je ne peux pas continuer de le regarder partir sans jamais savoir quand, ni même si il va rentrer, malgré toutes ses promesses. Il veut me marquer, et je ne demande pas mieux que de lui appartenir, d'être à lui et à aucun autre. Mais je suis épuisé de passer mes nuits à guetter son retour, à trembler à chaque fois que mon téléphone sonne. Combien de fois ai-je craint qu'il ne rentre pas, d'avoir un coup de fil de Willy me disant que Loan était, au mieux, en prison, au pire, à la morgue ?
Il y a quelques années, certains de mes amis m'ont dit que c'était la faute du jeune parrain, si mon Alpha tombait chaque jour un peu plus dans la délinquance. Mais je ne suis pas aussi naïf, et surtout, je connais mon Alpha. Malgré ses boucles blondes, Loan est loin d'être un ange. Ça tombe bien, je n'ai jamais aimé les anges. Je suis loin d'en être un moi-même. Mais maintenant, je suis fatigué d'essayer de le garder près de moi. Il a ses priorités, et je n'en fais pas partie.
Je m'autorise à pleurer quelques minutes, puis, tout en commençant à rassembler mes affaires, j'avale un suppresseur et prends mon téléphone pour passer un appel.
_ C'est moi. Il a fait son choix. Tu m'as fait une promesse. Il est temps de la tenir, Willy.
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L'amant du Parrain - Tome 2 [Terminée]
RomancePour ceux qui n'auraient pas lu le tome 1 : Allez le lire en premier. C'est important. Séparé de Loan depuis quatre ans, Zack doit faire appel à la mafia pour se protéger de la bande émergeante de Sejelsa. Mais quelle n'est pas sa surprise quand il...