J'ignore qui de Loan ou moi a le plus de mal à encaisser la nouvelle. Nous avons arrêté de jouer et j'ai pleuré dans ses bras des heures durant, au point que nous nous sommes endormis sur le canapé. Pourtant, à mon réveil, je suis dans notre lit. Les yeux me brûlent d'avoir tant pleuré hier soir. Dans le salon, j'entends mon Alpha discuter avec quelqu'un, au téléphone suppose-je, puisque je n'entends pas les réponses.
_ Ok, donc ça fait vingt-cinq, dont quatorze blessés. Le doc arrive quand ?... Ils tiendront jusque là ?... Je sais que t'es pas médecin !... Putain, mais j'arrive dès que possible ! » hurle-t-il dans l'appareil alors que je ferme mon peignoir en passant la porte de ma chambre. « ... Bien sûr que je vais à Husa juste après !
J'ai l'impression que mon cœur vient de s'arrêter. Mes pires cauchemars me reviennent en mémoire, comme de violents flash-back qui me font chanceler, au point que j'en ai la nausée. Sang, cadavres éparpillés, et, au milieu, celui de Loan. Comme s'il était déjà loin de moi, sa voix me parvient.
_ Ouais, on fait ça. Que tout le monde soit prêt. Départ dans trois heures.
Il raccroche et soupire en regardant son téléphone, avant de lever les yeux sur moi. J'ignore s'il a dormi, mais de lourds cernes assombrissent ses yeux noirs. Nos regards se croisent, mais je n'ose pas parler, terrorisé par les scènes qui ne cessent de se répéter devant mes yeux. Et ce qui m'inquiète plus encore, c'est la détermination que je vois dans son regard. Il pensait ce qu'il a dit à cet homme. Il veut retourner à Husa pour en découdre. Qu'une telle idée puisse signer sa perte ne l'atteint même pas. Ou, si elle le fait, se moque-t-il des conséquences aussi graves soient-elles.
_ S'il te plait, non. » fais-je d'une voix blanche.
_ J'ai pas le choix, bébé. » serre-t-il les dents, les yeux brillants de rage. « Je peux pas les laisser s'en tirer comme ça !
_ Loan, tu es le second de Willy. Tu crois qu'ils l'ignorent ? » avance-je vers lui en tremblant. « Qu'ils ne t'attendent pas ?
_ J'étais pas juste son second, bébé. Rewo était mon meilleur ami.
_ Et il est mon grand frère ! » crie-je espérant ainsi évacuer ma douleur. « Il... Il était...
Je m'arrête, interrompu par un haut-le-cœur. Mon Alpha arrive pour me soutenir, et je m'accroche à lui aussi fort que j'en ai la force.
_ Je t'en supplie, Loan, n'y va pas. » essaye-je de ravaler la bile qui remonte. « J'ai besoin de toi. Tu ne peux pas me laisser. Je l'aimais aussi. Mais aller à Husa ne changera pas ce qui s'est passé. Et ce n'est pas en fonçant tête baissée que tu parviendras à tes fins, quelles qu'elles soient.
_ Bébé, si je n'y vais pas, mes hommes vont me prendre pour un lâche, voire pour un traître. Et ça c'est hors de question !
_ Oublie ton ego deux minutes, je t'en prie ! » pleure-je. « Y aller ne changera rien ! Tu vas juste réussir à te faire tuer ! Commence par penser à ta sécurité et à celle de tes hommes ! Assure-toi qu'ici vous ne risquez rien ! Puis réfléchis à un plan d'action ! Que tu veuilles te venger, ils s'y attendent, ils comptent dessus ! Tu vas tomber droit dans un piège ! Ce n'est pas ce que Willy voudrait !
_ Il voudrait pas non plus que je reste sans rien faire !
_ Il y a une différence entre prendre le temps de faire les choses bien et ne rien faire ! N'y vas pas !
Il me serre contre lui, et je pleure sur la perte de mon grand frère, mais aussi sur ma peur de perdre l'homme que j'aime. Il embrasse mes cheveux, me câline bien que ses gestes soient rendus brusques par sa colère, m'emmène jusqu'au canapé où il me fait asseoir, et caresse mon visage. Je relève les yeux vers lui, et une nouvelle vague de panique me prend quand je lis sa tristesse.
VOUS LISEZ
L'amant du Parrain - Tome 2 [Terminée]
RomancePour ceux qui n'auraient pas lu le tome 1 : Allez le lire en premier. C'est important. Séparé de Loan depuis quatre ans, Zack doit faire appel à la mafia pour se protéger de la bande émergeante de Sejelsa. Mais quelle n'est pas sa surprise quand il...