1 - Veille des retrouvailles - Kelly

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La veille des retrouvailles.

Kelly

Il est parfait. Lisse et clair. Net et blanc. D'une pureté presque dérangeante.

Je ne compte pas le nombre de fois où je suis venue dans ce bureau, me suis couché sur ce large fauteuil gris, et ait contemplé la peinture blanche de ce plafond. Je n'ai pas besoin d'observer autour de moi, pour savoir où se trouve chaque élément. Tout est comme avant. Les longs rideaux sont toujours gris, le tapis en dessous de la table basse transparente toujours aussi blanc, les vases couleur crème dans l'angle de la fenêtre sont toujours remplis des mêmes fleurs de coton. L'immaculation de sa pièce de travail me frappe, comme un an plus tôt, lorsque j'ai frôlé le sol du cabinet de psychologie du docteur Laetitia Trames, et me suis allongée sans rien dire pendant un long moment.

— Kelly ? Rien n'est sorti de votre bouche depuis plus de trente minutes, me rappelle celle-ci. J'ai été vraiment surprise que vous preniez rendez-vous avec moi à nouveau, mais je me suis dit que cette fois, vous essaieriez de prononcer plus que quelques phrases.

— J'avais besoin de conseils, lâché-je posément.

— Vous avez sonné à la bonne porte. Mais vous savez que pour vous aider, j'ai besoin que vous me parliez n'est-ce pas ?

Je tourne la tête dans sa direction, remarque que j'adore ses talons à lanières, me demande si elle sait qu'ils ont un pouvoir distrayant, et note dans ma to do list mentale que je dois m'acheter les même avant de partir. Je lui souris et me redresse sur mon siège.

— Je sais Laetitia. Aujourd'hui je suis venue de mon plein gré, mais je vous ai réservé pour trois heures, alors ne me pressez pas trop s'il vous plait. Vous savez que je vous paie généreusement.

Très bien, me répond-elle en souriant.

J'imagine que pour elle c'est une belle progression, comparée aux fois précédentes ou je faisais majoritairement la grève de la parole.

— Vous désirez un petit gâteau avec votre thé ? propose-t-elle gentiment en me tendant une boite de macarons.

J'accepte volontiers, choisis le plus coloré d'eux tous sans en connaitre le parfum, et le mouille dans mon thé à la lavande, avant de le mettre en bouche. Ce n'est pas le goût que j'espérais mais je ne me plains pas. Je termine mon gâteau sous les yeux patients de ma psychologue. Puis je décide qu'il est temps que je dise quelque chose. Si je lui donne des infos, je pourrais sûrement lui en soutirer en retour. Et puis ça ne peut pas me faire de mal.

— Je vais déménager, lui annoncé-je.

— Oh. C'est une excellente nouvelle. Ça va vous faire du bien, un peu de changement après...ce qui vous est arrivé.

— Après la mort de mon père. Vous pouvez le dire vous savez, pas la peine de prendre des pincettes. J'ai fini de faire mon deuil.

— Comment l'avez-vous fait ?

Elle croise ses jolies jambes nues et parfaitement lisses sous sa jupe et je rajoute l'épilation intégrale à ma liste. Mes yeux remontent vers les siens et je lui accorde un grand sourire au-dessus de ma petite tasse de thé, que je tiens à l'anglaise.

— Vous avez essayé pendant des semaines de me faire parler de ça, et je n'ai pas pipé mot. Qu'est-ce qui vous fait croire que ça va changer aujourd'hui ?

— Ce n'était qu'une simple question. Je suis prête à vous écouter, peu importe le sujet que vous voulez aborder.

J'espérais bien entendre ça.

— Pour me convaincre de venir vous consulter il y a un an, ma mère m'a dit qu'un psy c'est comme un journal intime. Qu'en pensez-vous ? demandé-je en déposant mon récipient sur la sous tasse.

— Je ne crois pas que ce soit totalement vrai, mais je peux jouer ce rôle, si vous le souhaitez, et plus encore si vous me le permettez.

— J'ai appris que votre fille s'était mise en couple récemment, dis-je sans faire attention à son froncement de sourcils, face à ma remarque sortie sans transition.

— Comment savez-vous ça ?

Je me lève, puis me dirige d'un pas lent vers son bureau. Je saisis le cadre sur sa table qui renferme une photo d'elle et de sa famille.

— C'est elle ? demandé-je en indiquant du doigt la tête de sa progéniture, comme si je ne la connaissais pas déjà.

— Kelly, comment connaissez-vous ma fille ?

Je ricane doucement.

— Ne faites pas cette tête. On dirait que vous venez de découvrir que j'étais un serial Killer. Je l'ai vu dans un magazine people la semaine dernière, c'est tout.

Toujours un peu méfiante, Laetitia lâche un infime soupir de soulagement. Je veux mon sourire rassurant lorsque je redépose le cadre et me retourne vers elle.

— Vous savez comment elle a réussi à plaire à cet homme ?

— Je suis là pour vous écouter, rétorque-t-elle sèchement. Pas pour vous parler de ma famille.

— Bien entendu, réponds-je en posant une main sur son épaule crispée. Mais je posais la question parce que c'est la raison pour laquelle j'ai décidé de déménager. Pour séduire un homme.

Sa main froide retire délicatement la mienne.

— En dehors de votre père, vous n'aviez jamais évoqué aucun homme. Dites m'en plus à son sujet.

Je rejoins ma place, et m'adosse contre les coussinets moelleux du canapé. Je fixe ses pieds. Il me faut vraiment ses chaussures. Elles m'iraient bien mieux. Je dirais même qu'elles seront parfaites sur moi.

Que voulez-vous savoir ?

— Commençons par le début par exemple. Comment l'avez-vous rencontré ?

Je prends une petite inspiration.

— Tout a commencé il y a 5 ans...

A Promise Is A Debt (SORTIE LE 02 NOVEMBRE EN LIBRAIRIE CHEZ ADDICTIVES )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant