A Promise Is A Debt (SORTIE LE 02 NOVEMBRE EN LIBRAIRIE CHEZ ADDICTIVES )

4 (suite)

5 ans plus tôt.

Tyler

Ses cheveux sont serrés dans une stricte queue de cheval qui met en exergue les traits fins de son visage. Ses grands yeux bleus semblent me juger comme si elle était le bon Dieu, que je venais d'arriver au paradis, et qu'elle doutait que j'y ai ma place. Franchement, c'est pas mon genre de meuf, mais elle est plutôt mignonne.

— Ouais, réponds-je.

— C'est ce vous dites à des élèves qui passent leur bac dans quelques mois et dont les notes laissent à désirer ?

Je me pince l'arête du nez pour calmer mes nerfs qui manquent sérieusement de caféine. Puis je la regarde sans cacher mon agacement.

— Ouais.

— Vous avez tout de même conscience que nous payons une fortune pour ces cours de soutien ?

Ohlala, elle ne va pas commencer à m'emmerder celle-là. Pourquoi il y en a toujours une qui fait chier tout le monde dans une classe ? Elles se passent le mot chaque année ou quoi ?

Les autres élèves sont soit ennuyés, fatigués ou distraits par mon joli visage. Elle devrait faire comme eux. Supporter mon oncle à la maison est déjà assez ennuyeux comme ça, je n'ai pas besoin qu'un de ses sosies plus frêle et plus jeune me fasse des reproches.

— Ouais.

— Vous savez dire autre chose que...

Je lui coupe la parole en me raclant la gorge bruyamment et explique le plus clairement possible :

— Maintenant que j'ai fini de me présenter, je vais faire l'appel dans le fond.

— Vous n'êtes pas vraiment prof n'est-ce pas ? demande la chieuse, l'air un peu paniquée.

— J'aide ma petite sœur à faire ses devoirs. Ça compte ? demandé-je en espérant que ça lui fasse piquer une crise cardiaque.

Son visage effaré est moins gratifiant, mais je m'en contente.

— Vous n'êtes pas prof.

Cette fois, ce n'est pas une question.

— Maintenant si, réponds-je fermement avant de saisir la feuille de noms. Heureusement qu'ils ont pensé à coller des photos au-dessus des noms de chaque personne.

— N'hésitez pas à me reprendre si jamais j'écorche votre nom, et en attendant ouvrez vos livres au chapitre sur lequel vous vous étiez arrêté avec votre M. Nates.

Je suis en train de me rendre vers une place libre au fond de la classe quand la même élève recommence :

— Monsieur Nates ne reviendra plus ?

Elle va être casse couilles celle-là, je le pressens déjà. Je regarde son visage, puis la recherche sur ma feuille d'appel. Annie Snones. C'est noté.

— Dès que la direction en saura plus, nous vous tiendrons au courant, réponds-je, exactement comme Georges me l'avait demandé.

Mon oncle est vraiment un salaud de me faire faire ça.

Je m'installe enfin dans mon coin, bien content que leurs regards soient dirigés devant eux, puis entame l'appel.

Je dois être à la lettre G, quand une nouvelle déboule brusquement dans la salle de la classe. Elle vérifie qu'il n'y a pas de personne au bureau du prof et conclut à voix haute :

— Ouf ! On n'a toujours pas de profs ! Je pensais vraiment que j'étais en retard aujourd'hui.

Elle est en retard. Je jette un coup d'œil à ma montre : de dix minutes.