Rowling,

« Le vrai féminisme » par Ginny Weasley

NDA : Ginny est une femme trans (une personne assignée garçon qui est une femme, je rappelle) dans cette histoire. Elle ne l'est évidement pas dans l'histoire originale. 

Joanne,

Je déteste écrire. Je ne perdrai pas mon temps à te faire de belles phrases. Inutile de s'encombrer de formules de politesse et de fausse gentillesse comme tu le fait si c'est pour nous cracher à la figure ensuite. J'ai arrêté de suivre tes prises de paroles, je pensais même ne pas d'écrire du tout ici, histoire de ne pas te faire de publicité. Mais j'ai réalisé que tu étais loin d'être la seule à vouloir notre perte, et, moi, je rends toujours les coups. 

Je me demande si, comme moi, tu as déjà accompagné ta petite-amie militante dans une marche des fiertés un jour. Si tu as vu les panneaux TERFs dans le camps de celleux qui devaient être tes allié∙es. Si tu t'es mise en colère et si c'est toi qu'on a condamnée. Ou si, toutes ces choses là, tu as oublié que ça existait. Depuis ta tour d'ivoire de célébrité, est-ce que tu sais encore ce que c'est que d'être comme nous ? Tu parles bien haut et bien fort pour prétendre que tu défends les autres, mais que fais-tu en réalité ? Tu ne connais pas les manifs qui finissent en émeutes, les violences qu'on subit, les horreurs que me racontent mes adelphes sur ce qu'iels ont dut faire pour vivre, ce que leurs parents leurs ont fait quand iels ont su, le mal qu'iels se sont fait parce qu'iels n'avaient plus le courage de rester dans un monde où iels n'étaient pas des personnes mais des monstres. 

En fait je ne me demande pas, je sais que tu n'a jamais rien vu de ça, sinon tu aurai honte de ne pas te battre à nos cotés. D'ajouter tes stupides paroles à tout ce qu'on porte déjà sur le dos. 

Alors comme tu n'y connais rien, on ne veut pas de ton militantisme de façade, de tout ce que tu fais seulement dans le but de te donner une belle image. Tu n'écoutes pas nos voix mais tu les remets en question et en fait de jolies interprétations que tu publie en texte. C'est même pas original, vous dites toutes la même chose. 

Vous vous dites féministes. Ouais, pour les droits des femmes. Mais seulement des femmes, hein, pas des minorités de genre. Et puis seulement pour les femmes blanches. Pour les femmes cis. Riches. Qui ne portent pas de hijab. Hétéro. Valide... Seulement pour les femmes qui vous ressemblent.

Mais réveille toi ! Tu es littéralement bloquée au siècle dernier ! Le monde évolue et le féminisme aussi. 

La première vague du féminisme à commencé au dix-neuvième siècle et demandait à ce que les femmes aient accès à des droits sociaux. La deuxième, à partir du milieu du vingtième siècle demandait à ce que les femmes aient accès à des droits vis-à-vis de leurs corps ; comme le droit à l'avortement, la contraception ou la sexualité. Et depuis les années quatre-vingt, les troisième et quatrième vagues du féminisme considèrent le féminisme en s'intéressant surtout aux droits des personnes non-blanches, ou trans, ou autres. Mais tu es restée dans le féminisme qui t'arrange. Celui dans lequel tu n'es pas la méchante, celui dans lequel tu ne joue pas de mauvais rôle et celui dans lequel tu n'as pas à te questionner. Celui de la première et deuxième vague, quand les femmes n'avaient pas encore assez de droits pour envisager d'aller plus loin, quand leurs but était de nous créer un futur meilleur. Mais maintenant tu as tes droits, et au lieu de te battre avec nous pour qu'on en ai toutes plus tu milites pour nous enlever parce que nos droits ne sont pas importants. Je suis une femme, mais je ne te ressemble pas assez pour que tu te battes avec moi, visiblement. 

Et je suis sûre que tu es du genre à nous accuser de ne pas voir au delà de nos propres problèmes. Sans avoir conscience de l'énormité qu'ils représentent. Parce que c'est toi qui ne voit pas aux delà de tes problèmes. Si tu ne les vis pas, tu penses qu'ils n'existent pas. Et tu ne comprends pas que le féminisme ne peut pas être le féminisme s'il n'est pas en faveur de nos droits, à nous, personnes trans. Le féminisme c'est pour toutes les femmes, pas seulement les femmes comme toi. 

Tu ne comprends pas qu'être une femme trans c'est plus dur que d'être une femme. Parce que nous sommes moins nombreuses. Les hommes vous font du mal, nous c'est l'humanité qui nous fait du mal. Nous sommes les victimes.

Nous vivions les mêmes violences que vous, plus que vous, même. Parce que nous sommes aussi des femmes, que les hommes nous perçoivent comme telles, et c'est encore pire quand ce n'est pas le cas. Nous sommes des femmes qui se font aussi siffler dans les rues, abuser, frapper, tuer. Par les hommes, et en plus par les gens comme toi. Quand on ne nous fait pas du mal parce qu'on est des femmes, on nous fait du mal parce que "on n'en est pas".

Franchement ça me déprime d'écrire un truc aussi défaitiste. Parce qu'en faisant ça j'ai juste l'impression de dire qu'être trans c'est pas enviable, qu'il vaut mieux rester dans le placard toute sa vie. Je veux pas te donner cette satisfaction. Être trans, être soit-même, comprendre qu'on est une femme, c'est merveilleux et ça fait du bien. Sans les violences que nous subissions à cause de vous, nous pourrions être heureuses. Tout les problèmes du monde ne serait pas réglé mais nous pourrions être heureuses. Mais ça te ferai trop chier, ça, hein ? Qu'on puisse être aimées, obtenir de l'aide si vous compreniez seulement que le combat est un combat dans lequel nous sommes alliées ?

J'ai essayé d'être un homme, ça n'a pas marché. Je faisais un mauvais garçon. Pourquoi je ne pouvais pas me forcer à être un homme malgré tout ? Je ne sais pas. Pourquoi tu ne pouvais pas être un homme, toi ? Tu pense que quelque génération plus tard on t'aurai forcé à transitionner. Mais tu sais on ne force personne à transitionner. Ça m'a fait le plus grand bien, oui, mais parce que j'en avais besoin. Autrement je ne force personne à le faire. C'est dur. Mais il était plus dur pour moi de vivre pour toujours dans la peau d'un mensonge que de subir des propos comme les tiens. Alors j'encaisse. Tout ce que vous dites sur nous, sur nos adelphes, nos amoureux∙ses. Mais je sais que toi tu n'encaisserai pas. Tu dis qu'on t'aurai forcé à transitionner, ce n'est pas vrai. Pourquoi ? Et bien parce que tu ne te serai pas laissée faire. Tu n'es pas un homme alors une transition ne t'aurai apporté aucun réconfort. C'est comme boire de l'eau quand on a pas soif, ça ne fait pas de bien, c'est juste inconfortable. J'ai fait une transition parce que j'étais une femme, pas parce que je voulais aller agresser des femmes, pas parce que j'ai été influencée par la "propagande queer". Tu es la seule à être influencée par une propagande ici.  

Donc la prochaine fois si tu veux militer sur un sujet que tu connais pas, écoute nous plutôt que de raconter des conneries ou ferme ta gueule. Je te laisse, j'ai un match de Quidditch.

Vas bien te faire f-

Manger par la groke !

Lun'...

Ginny Weasley