「 ͟͟͞͞➳」 O-Inugamisama

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❝ Chapitre 6 ❞
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𝓨ōkai






                 Les larmes ruisselaient de ses yeux en un rictus déformé, où le rire prenant s'échappait de ses lèvres, bien qu'aucune blague n'avait été émise. Il n'y avait vraisemblablement pas de quoi ricaner, mais son autre lui en avait décidé autrement, mettant du cœur à l'ouvrage lorsqu'il plaisantait à ses côtés, bien que le son de sa voix était inaudible. Un soupir exaltant traversait la barrière de ses lèvres, spectatrice de cette scène, où elle seule était la risée de ces hommes, qui semblaient très amusés par sa présence, et ses innombrables leçons de morale. De l'amour en voulait-il, de l'amour il allait recevoir de sa part, lorsqu'elle blufferait accepter cet amour indescriptible émis d'une seule personne, sans qu'aucun sentiment ne traverse la barrière de son cœur, fragilisé par la vie qu'elle menait.











— " Très bien, j'accepte, je t'offre mon cœur, si c'est cela que tu veux. "

— " T'as entendu ça ? Cette femme te donne son cœur, n'est-ce pas généreux ! "











Il s'adressait à son double muet, qui triplait son sourire à l'annonce de cette nouvelle, bien plus qu'exaltante au sens du terme. Que y'avait-il de si excitant pour que les deux hommes soient ravis de cette manière pour un simple oui, sans même se douter de la sincérité de ses mots à leurs égards, vicieuse comme elle l'était. Ses yeux viraient de droite à gauche lorsqu'ils s'approchaient d'elle, déposée sur le sol, sans la moindre résistance à leur acte qu'était de la relever à leur niveau. L'allonger sur cette table de bois ou ses membres scellés y étaient répartis, l'annonçait du thème sexuel qui l'attendait, tel le nom qu'il portait si bien, appelé BDSM. Aussi fraîchement culottée, bien qu'elle avait triplé le montant au préalable, seul le premier homme avait payé pour la valeur de son corps, et il était inconcevable pour le second de participer sans même n'avoir versé sa part, pour tous les dommages et intérêts qu'elle subirait, si par malheur, ils la prenaient à deux.











— " Si c'est du BDSM, nous devons nous entretenir avant, le consentement est primordial dans ce genre de pratique ! " – L'informait-elle de cet indice primordial.

— " 6666 yen pour un corps... que c'est peu payé pour un tel bien... " – Marmonnait-il de manière nostalgique.

— " Et bien je t'en prie, si c'est peu, rajoute quelques zéros derrière, ce n'est pas de refus ! "

— " La transaction est déjà terminée, mais j'ai fait une bonne affaire, pas vrai ? "












Valeurs et dédain faisaient d'elle, l'objet qu'il avait acheté. Il n'était plus question de valeurs humaines à proprement parler mais de transactions, comme une vieille affaire rachetée pour son propre désir personnel. Elle était méprisée, mais le temps à compter de cet instant devenait manquant, lorsque ce jumeau balafré se positionnait au-dessus de son corps immobile, scellé de part et d'autre. Elle était anxieuse, et cet état n'arrangeait en rien le désir accru perçu dans leurs yeux de jais, où seul son visage reflétait, aussi frêle que son corps dépourvu de force, en face de ces deux molosses. Le premier allait passer à l'acte sous ses yeux, à cet instant où elle était victime de cette situation, totalement hors de contrôle. La sentence était telle, et elle ne pouvait l'accepter.











— " Tu n'as pas le droit de me toucher, dès lors où tu n'as pas payé ! Personne ne m'avait précisé que vous serez deux, c'est de l'arnaque ! "

— " Ne l'écoute pas, garde en tête que grâce à cette généreuse femme, tu vas pouvoir vivre dès lors où elle passera le dilemme, ce n'est pas ce que tu souhaitais ? "











Mythe ou mensonge, folie ou manque de tact, les paroles prononcées au nom de son corps devenaient si louches que le therme sexuel en devenait écarté. De vie ou de mort, ils attendaient d'elle une seule chose, que son corps leur appartienne. Une fois entre leurs mains, les clés de son destin seraient scellées, aux abysses de l'Enfer où elle périrait à leurs côtés, pour le restant de ses jours maudits. Le brun l'incitait d'autant plus à ouvrir la bouche lorsqu'elle se débattait. Là où la langue du second souhaitait y pénétrer, pour y rencontrer la sienne, dans une mêlée infinie de salive de part et d'autre, comme si cet élément essentiel leur donnait accès, aux clés de son cœur interdit.











— " C'est très bien Kana, une fois là-bas, il faudra faire un choix, accepter ou décliner... "











La langue mêlée dans sa bouche, elle sentait son être déguerpir, comme si de l'intérieur, il était chassé. Il n'était plus question d'avoir sous ses yeux ces deux fous, mais le vide, le vide absolu. L'endroit devenait indescriptible de par ses sens de perception brouillés, comme si tout ce qui précédait n'avait jamais existé. La sensation de chuter d'un gigantesque immeuble la laissait retomber sous l'apesanteur de ce geste, où elle était transportée vers le bas de cet infini, minimalement éclairée par les bruits incessants d'une bouteille de verre à ses côtés. L'arrêt temporel lui laissait balancer son corps, jusqu'au moment où elle rencontrait la première matière descriptible, aussi solide que du bois.


Au contact de cette dernière, l'ouïe, la vue, la perception et le touché lui étaient rendus. Ses yeux faits d'amande fixaient machinalement ce verre, qu'elle remplissait sans quelconque raison. Ses fines mains les déposaient sur un plateau, où sa collègue les réceptionnait, pour servir les hommes présents dans cette pièce, qui s'apparentait à son lieu de travail. Elle était ici, et nul part d'autre. Elle effectuait les mêmes gestes répétés chaque soir, où elle travaillait ici, à la recherche d'un bon salaire, dans cette situation financière inconfortable. La voix ordonnante de sa supérieure illuminait son esprit, tout juste installé dans son corps, comme si une nouvelle vie démarrait, plus ou moins.











— " La table 06 n'est pas servie, bon sang, qu'est-ce que vous attendez ! "











Les remous au sein de son cerveau l'alertaient d'un sentiment de déjà vu. Cette soirée, cette phrase, cette tenue, cet homme assis à cette table portant le numéro 06, tout lui rappelait quelque chose, mais quoi ? Tout naturellement, friande d'argent, elle aurait sauté sur l'occasion d'aguicher ce jeune homme, aussi beau de l'extérieur que de l'intérieur de son portefeuille, bien qu'il lui rappelait étrangement des choses. Mais là était différent, et même si l'hésitation prospérait, le choix devenait évident, accepter ou décliner, quelles seraient les répercussions de ses choix si cela venait à elle ? Seul le destin pouvait en décider ainsi.







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FIN
Morale de l'histoire, était-elle tombée sur un fou, ou était-elle la folle pour imaginer avoir croisé ces deux hommes ?

𝐘𝐎𝐊𝐀𝐈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant