S'il y a bien un truc qui me tracasse, c'est toutes les idées reçues que l'on peut lire au sujet de l'éducation dite "positive". Et croyez-moi, il y en a un paquet.
Mais attention !
Avant que l'on entre vous et moi dans le vif du sujet, sachez que je mentionne moi-même très peu cette notion "d'éducation positive" dans mes travaux.Pourquoi ? 1ère raison : le qualificatif de « positif » me paraît ultra simpliste, il m’agace un peu (on est un peu dans le niveau rédactionnel de Petit Ours Brun). 2ème raison : il vient s'opposer à l'idée d'une éducation "négative" (on est là plutôt du côté du registre binaire des gentils et des méchants de Disney - or, dans la vraie vie, c'est toujours plus nuancé !).
De mon côté, je préfère nettement parler d'éducation "démocratique", terme employé à nos copains les sociologues. Ou d’éducation "evidence-based" (fondée sur les preuves scientifiques), un terme cette fois-ci employé à nos copains les chercheurs.
Maintenant que les bases sont posées, place aux idées reçues !
IDÉE REÇUE N°1 : dans l'éducation positive, il n'y a ni cadre, ni limite
C’est de loin l'idée reçue la plus tenace. Nous sommes là face à la confusion classique entre l'éducation "démocratique" (= positive) et l'éducation "permissive".
Un petit plongeon intello dans les travaux sociologiques s'impose : sachez que dans l'éducation démocratique/ positive, le parent applique un CADRE tout en demeurant à l'écoute des BESOINS de son enfant. Conclusion : si son Gremlin veut se taper une heure de Gulli à 23h tout en gobant un Babybel, c'est NON. Car le besoin du petit humain est de DORMIR et non d'engraisser simultanément l'industrie télévisuelle et agroalimentaire et ce, à une heure indécente.
A l’inverse, dans l'éducation permissive, le parent applique peu ou pas de cadre tout en demeurant à l'écoute des ENVIES de son enfant (et non de ses besoins – nuance !). Conclusion : si son Gremlin veut se taper une heure de Gulli à 23h tout en gobant un Babybel, alors il se tapera - peut-être - une heure de Gulli à 23h en gobant un Babybel.
Cette idée reçue m'a toujours fait sourire car elle est vraiment loin, très loin de la réalité. Et aussi de MA réalité. Vous n'imaginez pas à quel point je suis une maman obsessionnelle du cadre ! C'est juste qu'un parent "positif" n'appliquera pas ce cadre par la force ou la violence, mais par la stratégie éducative (sans aucun doute, nos ancêtres se prenaient moins la tête que nous - une fessée et c'était réglé !).
IDÉE REÇUE N°2 : l'éducation positive génère des enfants roi, de véritables tyranniques 👑
Pour déconstruire cette idée reçue, pas besoin d'aller chercher bien loin. Les recherches en psychologie de l'éducation et en neurosciences affectives et sociales sont assez consensuelles : les enfants qui sont élevés avec empathie et tendresse auront plus de chances d'avoir à l’âge adulte un niveau d'ocytocine plus élevé dans leur liquide cérébro-spinal (= dans leur cerveau) et auront plus de chances de devenir des individus empathiques, ajustés et tendres avec leurs congénères.
A l'inverse, les enfants qui sont élevés dans la peur et la violence "éducative" auront plus de risques de devenir à l'image de leurs parents : des individus durs, peu empathiques, agressifs, moins ajustés socialement.
Bref. Les parents demeurent (plus ou moins) les modèles sociaux de leurs enfants.IDÉE REÇUE N°3 : l'éducation positive met les parents en burn-out 🤯
Nous sommes là face à un biais de recrutement (dit aussi biais d’échantillonnage). Je vous explique : à force de rencontrer des parents en burn-out ET qui pratiquent l’éducation positive, des psys ont fini par faire un raccourci : pratiquer l’éducation positive = risque de burn-out majoré. Une erreur classique ! Qu’en est-il de la majorité des parents qui pratiquent l’éducation « positive », qui vont bien et qui ne viendront pas consulter un psy ? Pour avoir un meilleur aperçu de la réalité, mieux vaut se pencher du côté des statistiques.
Justement, les travaux nous montrent que les parents qui pratiquent "l'éducation positive" se sentent globalement mieux dans leurs converses, mieux dans leur relation à leur enfant, mieux connectés à leurs valeurs.
Par ailleurs, il est intéressant de noter que lorsque l'on développe les compétences socio-émotionnelles des enseignants et qu’on les encourage à entretenir une relation plus empathique, plus "positive" avec leurs élèves, leur sentiment de compétence s'accroît et ils sont moins à risque de burn-out.
IDÉE REÇUE N°4 : à cause de l'éducation positive, les parents se sentent coupables, nuls de chez nuls ! 😤
Alors là, je pense intimement que le sentiment de culpabilité est propre à n'importe quel parent bienveillant et qu’il n'est pas du tout l'apanage des parents qui s'inscrivent dans une éducation "positive". Du moment que l'on veut bien faire, du moment que l'on aime nos enfants, du moment que l'on n'a pas envie de reproduire les erreurs de nos parents, alors on culpabilise si on n'y arrive pas.
Si cela peut vous rassurer, j'ai beau avoir un doctorat en psychologie et une hyperspécialisation chez le jeune enfant, la maman que je suis se plante très régulièrement, tâtonne, fonctionne par essais et erreurs (dédicace à mon copain Piaget !)... et donc se sent souvent coupable. Il n'est pas vain de répéter - encore et encore - que le parent parfait N’EXISTE PAS.
IDÉE REÇUE N°5 : l'éducation positive sort de nulle part, c'est une mode !
Et pourtant... Ce courant d'éducation s'ancre dans les travaux de recherche récentes en neurosciences, en psychologie du développement, en psychologie sociale, en psychologie de l'éducation, en sociologie. J’en passe et des meilleurs.
A ce sujet, je pense sincèrement que l'on devrait arrêter une bonne fois pour toutes de parler "d'éducation positive" et de ne parler QUE d'éducation "evidence-based" ou d'éducation basée sur les preuves scientifiques. Cela aurait le mérite d'être plus clair.
PS : vous retrouverez toutes les sources et les références bibliographiques des notions abordées dans ce post dans mes différents ouvrages et notamment (dans le dernier en date) : "Pour ou contre ? Les grands débats de la petite enfance à la lumière des connaissances scientifiques" (Dunod, 2021).
#educationpositive
#parentimparfaitSource : La psy contre-attaque sur Facebook
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réflexions personnelles
SpiritualBonjour à tous qui souhaite découvrir ce nouveau livre. Il s'agit également d'un livre assez personnel car j'en ai besoin pour extérioriser certaines réflexions. Plus je vis, plus je grandis et plus je réfléchie. J'imagine qu'il en est probablement...