Chapitre 5 : Mackenzie

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C’est une migraine carabinée qui me tire de mon sommeil. Un sommeil lourd et empli de cauchemars, comme à son habitude. Morphée peut être le pire des tortionnaires lorsqu’il se joue de nos souvenirs.

La première chose qui me frappe, c’est l’odeur désagréable qui flotte tout autour de moi. Une senteur mêlant le désinfectant et la bouffe d’hôpital. Je papillonne des yeux difficilement, chaque rayon lumineux parvenant à franchir la frontière de mes paupières, accentue mon mal de tête. Je serre les dents et m’oblige à observer ce qui m’entoure, confirmant mes doutes.

La chambre d’hôpital m’incite à me redresser pour partir en quête du boîtier qui me permettra d’appeler une infirmière. Mauvaise idée. En bougeant, même très légèrement, je réveille des zones douloureuses de mon corps. Non, en réalité, je réveille l’entièreté de mon corps terriblement douloureux. J’ai mal à des endroits dont je ne connaissais même pas l’existence, comme cette zone juste sous mes côtes, qui me fait encore plus souffrir que ces dernières. Un grognement franchit mes lèvres avant que je n’abandonne l’idée de bouger.

Je referme les yeux, ne supportant pas la luminosité de la pièce et tente de reconstituer ma journée pour déterminer ce qui m’a mené ici. Je suis une habituée des hôpitaux, si bien qu’on devrait en ouvrir un en mon nom pour tout le travail que je fournis aux professionnels de la santé. Toutefois, c’est bien la première fois que je me retrouve ici sans en connaître la cause… c’est pour le moins énervant.
Je me souviens très nettement d’être allée en cours ce matin avec la ferme intention d’avoir une conversation avec Jackson pour qu’il cesse immédiatement de faire courir des rumeurs à mon sujet. Ce genre de polémique pourrait me coûter ma place à l’université, je n’ai pas besoin qu’il y ajoute son grain de sel. Ma matinée, dans son entièreté, a été sacrément merdique. J’ai dû essuyer bon nombre de regards insistants et commentaires désobligeants.

J’avais l’impression d’être une femme rousse pendant le procès de Salem ! Tout le monde me regardait comme si j’étais un monstre sans cœur, responsable de la disparition d’Hugo. J’ai bien tenté de leur dire que je n’y étais pour rien mais… même moi je n’y crois pas. Évidemment, je n’ai pas tué mon petit ami, mais je connais les responsables et quelque part, c’est moi qui ai entraîné Hugo vers sa mort.

Le fil de mes pensées s’arrête net en milieu d’après-midi alors que je suis enfin parvenue à mettre la main sur Jackson. Je me souviens de l'avoir poussé dans les vestiaires des mecs et puis, plus rien. Le néant absolu.

J’ai beau essayer de reconstituer le puzzle, imaginer des scènes pour tenter de raviver ma mémoire, rien ne vient. La panique fait accélérer les battements de mon cœur, faisant biper la machine plus rapidement. Je presse plus fort les paupières, luttant contre mon mal de tête pour contrer les effets de l’amnésie. Je dois m’en souvenir, c’est impératif. Au-delà de ce que Jackson a pu me faire, le plus inquiétant reste ce que j’ai pu balancer sous l’emprise de la peur et de la douleur.

J’essaie, j’essaie encore, mais je ne cesse de me heurter à un mur. Plus je tente de me souvenir, plus le mur en question semble grandir et s’épaissir, allant jusqu’à me faire douter de ma journée et des faits que je pensais certains il y a encore quelques secondes. Tout est flou, aucun flash ne me revient.

Plus je réfléchis, plus ma respiration s'alourdit. A l’aube d’une crise d’angoisse, mon corps me semble de plus en plus exigu, devenant trop petit pour accueillir toute la terreur qui m’accable. Le son des machines m’entourant devient de plus en plus fort et pourtant, semble s’éloigner, formant un écho dans ma boite crânienne. Ma cage thoracique est de plus en plus douloureuse, comme si on y déposait des morceaux de charbons ardents.

The children of Fareden Tome 1 Broken Fate [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant