La découverte d'un nouveau monde

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11 Mai 1833, à Paris

Le jour se levait. Louise s'entortillait dans la couverture du lit de la mansarde à côté d'Honoré pour tenter de se réchauffer car l'air était humide et froid. Honoré, lui, était toujours endormi et avait ronflé une partie de la nuit, changer de lit ne lui faisait pas changer ses habitudes. Elle décida finalement d'ouvrir un œil, puis l'autre, pour inspecter dans quel type de repère ils avaient atterri. La mansarde était une chambre de bonne, seulement décorée par une estampe singulière, recouverte de poussière dans le couloir de l'entrée. Louise en entrant dans la pièce hier soir, avait tout de suite jeté les yeux sur cette toile, dont les traits noirs de la gravure s'accordaient parfaitement avec les murs gris et vieillis de la mansarde. Sans même poser les sacs sur le plancher vieilli, elle s'était rapprochée spontanément pour distinguer l'auteur de ce paysage, fait à la va-vite et symbolisant l'élan d'une rivière se faufilant à entre les flancs des montagnes. C'était simple, frais sans artifice. Louise se sentait en sécurité et apaisée, en regardant ce relief de granite et de basalte perpétuellement éclaboussé par les flots. Elle s'était tout de suite sentie de nouveau chez elle et n'avait besoin de rien d'autres. En sortant du lit, Louise posa les pieds sur le plancher humide par la rosée et frissonna. Elle marcha à pas feutrés au fond de la pièce, vers l'âtre dont l'abondance de suie ne permettait presque plus de distinguer les sculptures de l'étagère. Le bas de sa chemise noircie par la suie et les mains posées sur l'étagère, elle voulait retrouver l'atmosphère qu'Honoré installait lorsqu'il procédait à son rituel de préparer le feu. Spontanément, elle se retourna vers le lit derrière elle et le regarda avec tendresse, il continuait de vrombir comme un bourdon dans le lit. Elle n'oubliera pas de lui rappeler de préparer le feu ici également. Non décidément, il faisait vraiment trop froid ici, elle posa son chandail mauve sur les épaules et souffla sur le rebord de la cheminée pour en disperser la poussière. Elle ne put se refreiner d'éternuer bruyamment et fit stopper le vrombissement du bourdon, qui se retourna paresseusement dans le lit pour tenter de finir sa nuit.

- « Tu es déjà levée ? », demanda Honoré encore embrumé par leur voyage éreintant.

- « Tu es encore dans le lit ? », répondit Louise, amusée de constater Honoré si pataud. « Je vais aller chercher quelque chose à manger pour ce matin, qu'est ce qui te ferait plaisir ? »

- « Ce que tu trouveras, je ne ferai pas le difficile, est ce que tu t'es lavée ? », interrogea-t-il se yeux portant l'espérance d'un fantasme de confort, dans cette pièce qui ne ressemblait qu'à un grenier aménagé en chambre de bonne.

Louise revint vers Honoré pour lui déposer un baiser volé en souriant, les yeux portant la reconnaissance de l'avoir amené ici, dans le lieu qu'elle souhaitait, pour faire ce qu'elle voulait. Elle passait sa main sur sa joue avant de lui dire.

- « Essaye de nous préparer un feu, mon amour, je reviens avec quelque chose à manger ».

La porte de la mansarde était déjà claquée lorsqu'Honoré commençait à entendre les pas de Louise s'éloigner dans l'escalier de l'immeuble. Où allait-il trouver du bois ? 

Retrouver (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant