Les clients de L'Olivier sont hauts en couleurs

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« OK ! Cette fois, c'est la bonne ! » déclara avec entrain la jeune femme en finissant de placer ses boucles sur ses épaules.

Elle inspecta le grand miroir en pied placé devant elle, juste à côté de son lit, dans cette chambre aux tons crème. Ses yeux ne rataient aucun détail. Ainsi, en passant de ses lèvres peintes dans un mauve foncé à sa jupe parfaitement lissée, ils remarquèrent que la broche placée sur son cœur penchait légèrement. D'une main experte, Clarissa régla ce problème.

« Là, tout est parfait maintenant. »

En effet, tout, chez Clarissa, semblait parfait, de son irréprochable style vestimentaire, à ses sourcils dessinés avec minutie sans oublier ses ongles peints tous à l'identique. Rien n'était laissé au hasard, car cette entrepreneuse appréciait organiser, prévoir, contrôler. Elle n'était pas non plus obsédée par le fait de tout choisir, tout le temps, cela n'allait pas jusque-là. Clarissa n'était pas une control freak, seulement une jeune femme décidée. Et aujourd'hui, elle était bien décidée à ce que son date, prévu pour dix-neuf heures à L'Olivier, fonctionne.

Voilà maintenant plus de six mois que cette dernière s'était inscrite sur ce site de rencontre dont tout le monde parlait, et que toutes ses amies lui avait recommandé, plus de six mois qu'elle enchainait les rencontres, sans pour autant trouver ce qu'elle cherchait : l'Amour. Eh oui, Clarissa était une jeune femme décidée, alors si son objectif était de rencontrer l'âme sœur, et que cela devait passer par des dîners à L'Olivier ou au Savourant chaque samedi soir, elle le faisait.

Ce soir, c'était L'Olivier qui était prévu, petit bistrot chaleureux du quartier d'à côté. Il avait pour principal avantage d'être assez près de son appartement pour qu'elle n'ait pas besoin de se faire raccompagner si la soirée ne s'était pas prévue comme elle l'avait espéré. Et cette situation arrivait très souvent, chaque semaine à vrai dire... Mais il fallait voir l'aspect positif des choses : on ne mangeait pas si mal à L'Olivier : leur bruschetta était tout bonnement indescriptible !

Néanmoins, il était vrai que la plupart de ces rendez-vous avaient été de cuisants échecs pour elle... Enfin, non, pas réellement pour la jeune femme, mais plus pour les hommes en face d'elle. Ce n'était pas mentir que de dire que la brune, enjouée, intelligente et ambitieuse, semblait en charmer plus d'un, voire de les envouter tous ! Chaque samedi soir c'était la même chose, bien que les personnalités et les apparences fussent toujours radicalement différentes, l'homme en face finissait toujours par montrer de l'intérêt envers elle, et rarement un petit intérêt. Seulement voilà, du côté de Clarissa, le charme n'opérait pas, jamais. Certes, elle passait parfois de bonnes petites soirées, à discuter, déguster sa bruschetta, ou demander ce que la personne en face attendait du futur, cependant rien ne demeurait vraiment transcendant.

Pas d'étincelle.

Pas de papillon.

Rien.

Clarissa en arrivait toujours aux mêmes conclusions : l'homme en face d'elle n'était pas son âme sœur, aussi gentil ou intéressant soit-il, il ne déclenchait en elle aucune réaction, aucune envie de poursuivre la discussion plus que nécessaire, ou encore de le revoir.

Il aurait, cette fois, été un mensonge de dire qu'elle ne commençait pas à se lasser de tout ça. Parfois, au milieu d'une réunion peu important et peu passionnante - au hasard celles impliquant les comptables et les gestionnaires - Clarissa réfléchissait sérieusement à la possibilité de finir seule avec ses chats. Souvent, elle se disait que ce n'était pas si grave, elle était une business woman, après tout, puisqu'elle ne pouvait pas avoir l'Amour, elle s'appliquerait à avoir l'argent et la reconnaissance.

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