C'était une soirée d'été, réchauffée de son soleil mais rafraichie par son ambiance. L'air portait la musique, ces entraînants sons de basses, de cordes, et de talent. Les rayons venaient s'écraser sur les sourires, et tout semblait alors s'illuminer encore plus fort. Et même lorsque l'astre déclina par la suite, puis finit par disparaitre, tout demeura brillant, brillant de bonheur. Heureux sont les artistes, et resplendissants en deviennent les spectateurs.
Un étrange homme apparut alors, bien que le terme étrange ne prenne pas, ici, les connotations péjoratives que nous lui connaissons habituellement. Cet homme, vêtu d'une queue de pie grise et d'une redingote rayée de rouge, arborant un sourire gigantesque, était étrange, certes, mais seulement parce qu'il était placé au milieu d'une foule de gens normaux qui, eux, n'avait pas encore été touché par cette vague de bonheur. Elle les submergerait plus tard. Il ne faisait pas tâche, non, puisqu'il annonçait la couleur. Avançant ainsi au milieu de cette ville que trop peu habituée aux animations, il faisait figure de peintre, palette de pigments à la main, face à une toile immaculée, prête à recevoir toutes les excentricités de ce qu'on nommait communément l'art du spectacle.
« Oh, mais vous êtes là, vous êtes prêts ! s'exclama-t-il d'un air aussi surpris qu'assuré, comme si cet homme était né pour vivre ce rôle, pour offrir ce show et ces sourires. »
Il brandit fièrement son instrument de chef d'orchestre, tel une baguette magique possédant le pouvoir de faire avancer ces machines de fer habitées par des acrobates aux accents du monde. C'était parti, le peintre s'était saisi de son pinceau, et il s'appliquait à barioler chacun et chacune de couleurs amoureusement joyeuses.
Il continua d'adresser au public compliments et encouragements, les invita énergiquement à suivre ce curieux cortège. Quatre machines faites de fer, de tissus, et dirigées par de curieux aviateurs – certains semblant plus confiants que d'autres – avait commencé leur périple. Tout ce beau monde s'engouffra dans le centre-ville, abandonnant derrière lui les derniers rayons de lumières, alors que la musique s'intensifiait et que les numéros débutaient.
Passées les premières minutes de légère d'appréhension – bien que le terme intense panique soit plus appropriée – face à cette foule ayant les yeux rivés sur ses gestes, la jeune fille, celle appartenant au groupe des aviateurs ayant l'air moins rassurés, découvrit rapidement dans quoi elle s'était embarquée, ou plutôt dans quoi on l'avait embarqué. Après tout, il y avait encore deux jours, elle ne savait même qu'un défilé était prévu ici. A vrai dire, elle ne pensait sincèrement pas que ce genre d'évènement pouvait être organisé ici, dans sa ville perdue et âgée du Loiret.
« Eh en fait, ça te dirait de faire du bénévolat samedi soir ? Pascale a besoin d'aide pour un projet, lui avait-on dit. »
Comme à l'habitude, le mot « bénévolat » avait déclenché une vague d'excitation, et elle avait été tellement emballée qu'elle en avait oublié de demander plus de détails. En discutant, ce fameux samedi, au matin, avec son interlocuteur, elle avait, de toute manière, vite compris qu'il n'en savait pas vraiment plus, lui non plus. Ils avaient débarqué à quatre, et ce, il fallait le dire, comme des touristes, munis des mauvais horaires, d'une tenue très peu appropriée à pousser des chars de plusieurs kilos pour elle, et de manière générale d'un manque de connaissance clair sur ce qui était en train de se dérouler devant eux.
De nombreux rires, tantôt cachés, tantôt à gorges déployées, avaient alors ricochés sur les murs de l'école primaire où se déroulaient les dernières répétitions. Le rire n'était-il pas, après tout, une solution efficace face à n'importe quelle situation un tant soit peu problématique ?
Elle avait du mal à croire que tout ceci s'était déroulé il y avait seulement quelques heures, puisque là, entourée de sourires, entrainée par la musique, et aux cotés de ceux qu'elle aimait, elle ne pouvait pas se sentir plus à sa place. Ses yeux scintillaient de joie malgré l'effort, et à chaque fois qu'elle tournait la tête vers la droite et qu'elle croisait le regard de celui qui l'avait conduite à cette aventure, elle sentait son cœur bondir.
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NouVies
Historia CortaUn dédalle de situations, de personnages, face à la vie de tous. Ce recueil de nouvelles parcourt toutes les possibilités, tous les rêves, et désillusions que peut offrir cette immensité qu'est l'existence humaine. Reprenant le principe même du genr...