La journée était maintenant bien entamée, haut dans le ciel, le soleil ne semblait pas vouloir épargner les habitants de ses rayons chauds, presque brûlants. Sous le toit de sa berline, Christopher souffrait à trouver un peu de fraîcheur, les deux fenêtres à l'avant ouvertes, l'air circulait à peine, ainsi coincé dans les bouchons à l'heure de pointe. Un coude sur l'encadrement, son crâne reposait sur le repose-tête en fixant un point neutre devant lui, ses pensées s'échappant. Les journées n'avaient pas été simples ces deux dernières semaines, étant de garde de nuit, Christopher avait accumulé bien du sommeil qu'il peinait à récupérer. De sept heures du soir à sept heures du matin, l'Australien était sur le qui-vive, installé derrière le volant de son ambulance, envoyé sur toutes les missions d'urgence qui passaient. Depuis maintenant trois jours, le grand blond avait repris un rythme de journée, les réveils à 5h30 avaient remplacé le début de journée à 18h40, le soleil était sa lumière quotidienne, remplaçant alors la douce et réconfortante brillance de l'astre nocturne.
La circulation c'était finalement dissipée, le Centre Hospitalier qu'il devait rejoindre n'était plus qu'à quelques minutes. La patiente à l'arrière avait abandonné depuis longtemps cette réalité pour rejoindre les confins de son esprit, apportant certainement rêves et fantaisies que l'on ne pouvait trouver dans ce monde-ci. Il était seul depuis un peu plus d'une heure, les notes hip-hop que lui offraient la radio et le bruit de la route comme seule compagnie. Lui qui avait à cœur de parler avec ses patients devait admettre qu'un peu de calme n'était pas de trop, tenir une discussion sur plus d'une heure de trajet ne figurait pas dans ses capacités du jour. Il embraya la troisième vitesse, dernière ligne droite avant la dépose de sa course, et il espérait, un peu de repos juste le temps d'un café avant d'enchaîner.- Bonne fin de journée à vous aussi, merci !
Un bref signe d'au revoir et elle disparut du champ de vision de l'Australien qui s'enfonça dans son siège en soupirant. Il avait le pied lourd, trop longtemps resté appuyé sur la pédale de frein et tout ce qu'il voulait pour l'instant c'était un américano bien noir, sans sucre et faire quelques rotations avec sa cheville, qu'elle se désengourdisse avant le retour qui ne serait ni moins dur, ni moins long.
Dix-huit heures et treize minutes, l'idée même qu'il finirait sa journée aux alentours de vingt heures, sûrement même vingt heures trente rendait psychologiquement le trajet qui l'attendait encore plus rude. Face à la machine à café, que l'on aurait pu confondre avec un chantier tant le bruit était plus proche d'un marteau-piqueur que d'une fabrication de boissons caféinées, Christopher ne pouvait étouffer un bâillement qui tira douloureusement ses cordes vocales. "Nouvelle mission en cours, veuillez valider la prise en charge ! Nouvelle mission en cours, veuillez valider la prise en charge !". Il avait espéré si fort pouvoir rentrer à vide, sans patient, juste lui, le silence et ses pensées qui porteraient sur ce qu'il pourrait bien manger en arrivant, mais décidément son collègue à quelques centaines de kilomètres de là n'était pas de cet avis. La machine laissa entendre que tout était prêt mais lui était plus occupé à valider le début de prise en charge dans un soupir qui trahissait son amertume. Dans son champ de vision, une main passa, saisissant sa boisson, seule arme encore qui pourrait le tenir en forme pour ce retour d'une longueur qui ne faisait aucun doute.
- C'est moi qui vous fait pousser des soupirs aussi déchirants ?
Le café tendu devant lui, à l'autre bout de ce bras, Lee Minho était là, le découvrant avec une surprise qu'il n'avait même pas eu le temps dissimulé. Les mots se bousculaient, s'entrechoquant dans son esprit alors qu'il récupéra son gobelet fumant dans la main de son patient. Il n'articula même pas le premier mot que déjà l'homme était trois pas devant lui, quittant le bâtiment.
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𝐀𝐍𝐓𝐈𝐓𝐇𝐄́𝐓𝐈𝐐𝐔𝐄 ⸺ ﹝minchan﹞
Fanfic✑ Dévouant sa vie à son métier, Christopher n'est qu'un ambulancier comme les autres, allant de courses en courses tous les jours, sans penser qu'il allait croiser un jour la route d'un homme qui à tout de son opposé. Un regard qui ferait se glacer...