Muse

Retrouvailles

Hitomi avait accepté de prévenir ses parents après la proposition de Gaëtan. Elle s'était placée contre la rambarde du balcon et levait les bras au-dessus d'elle pour que le panorama soit visible. La surprise avait été totale et sa mère avait fondu en larmes. Après quelques minutes d'échanges de banalités, Gaëtan s'était glissé dans le cadre, souriant à sa belle-famille.

« Enchanté, je suis Gaëtan, le compagnon d'Hitomi. Il y eut un silence et les deux japonais paraissaient mal à l'aise.

— Hm, chéri... Ils ne parlent ni français, ni anglais. Mais je vais traduire. Papa, Maman, je vous présente Gaëtan, dont je vous ai parlé. Il est venu avec moi pour deux semaines. Je pensais pouvoir vous le présenter lors d'un diner.

— Très bien ma chérie. Nous sommes heureux de le rencontrer. Vous voulez peut-être vous reposer aujourd'hui. Passez donc demain soir à la maison ! avait répondu sa mère à toute vitesse. »

Après encore quelques interminables minutes auxquelles le photographe ne comprenait rien, Hitomi raccrocha et se tourna vers lui, tout sourire. Il s'était allumé une cigarette et observait la vue.

« On y va demain soir. Ça te va ?

— Non.

— Eh ? Pourquoi ? C'est toi qui voulait les rencontrer !

— Oui. Parce que je pensais pouvoir parler avec eux. Là ça n'a plus aucun intérêt.

— Mais... Je traduirai, je vois pas où est le problème.

— On ira. Mais ça ne m'enchante plus du tout.

— En fait, je ne comprends pas trop ce que tu fais là Gaëtan... souffla-t-elle, en jouant nerveusement avec ses doigts.

— Pardon ? Il paraissait offusqué.

— Oui, tu m'as toujours dit que tu n'aimais pas le Japon... Alors, pourquoi venir avec moi ?

— Pour le travail.

— Ah. Pour le travail. Très bien. Elle tourna les talons pour rentrer dans l'appartement mais il saisit son poignet et la ramena à lui.

— Et pour découvrir ton univers, tes racines... Je te propose de faire une petite sieste et après tu me fais visiter le quartier ?

— Ok... »

Elle avait hésité avant de lui répondre. Et s'ils croisaient des membres du Toman ? Et si on la reconnaissait ? Comment Gaëtan allait-il réagir ?

Deux heures plus tard, ils émergèrent d'un sommeil court mais réparateur. Le lit était tellement grand que la photographe semblait à des kilomètres de la jeune fille. Il lui sourit puis la serra contre lui. Malgré la climatisation, il tenait chaud. Elle le repoussa doucement et sortit du lit.

« Hito, t'es en putain de culotte devant la fenêtre.

— On est en rooftop.

— Ah oui, c'est vrai. »

Elle rit et se dirigea vers la salle de bain. Lorsqu'elle en ressortit, Gaëtan l'attendait dans le canapé du salon, tout aussi immense que le reste du mobilier. Cet appartement devait bien faire quatre fois la taille de leur confortable deux pièces parisien. Elle tourna sur elle-même en se demandant comment elle allait faire, toute seule pendant trois mois dans cette immense habitation. Elle enfila sa paire de chaussures, machinalement laissée dans l'entrée et fit signe à son compagnon qu'elle était prête.