Gala

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Dans la voiture, Gaëtan ne disait rien. Hitomi aurait préféré qu'il s'énerve suite à ces aveux. Mais non, il gardait le silence et préparait son appareil photo pour saisir la rencontre entre le couturier et son égérie. Derrière, la moto de Chifuyu slalomait entre les voitures pour garder la leur en vue. Plus ils se rapprochaient du lieu de la réception, plus les rues se remplissaient et la moto se trouvaient à présent trois voitures derrière eux. Hitomi se sentait un peu plus mal au fur et à mesure que la moto s'éloignait dans le rétroviseur. Un sentiment d'insécurité s'immisçait en elle et la présence de Gaëtan se faisait de plus en plus pesante.

« Calme-toi et respire. Les photos seront ratées si tu ne te détends pas. Murmura-t-il en fixant l'objectif de son appareil.

Oui, excuse-moi... souffla-t-elle. »

La voiture entra dans la rue bondée et se gara de manière à ce que la portière arrière soit face à l'immense tapis rouge. La moto était garée plus loin et Hitomi aperçut plusieurs hommes en uniformes aux alentours du bâtiment. Le mannequin souffla un coup et la portière s'ouvrit. Dans son dos, elle entendait déjà l'obturateur de Gaëtan cliqueter en rafale. Mitsuya l'attendait déjà, au milieu du tapis rouge, les mains dans les poches de son costume. Cet air nonchalant avait très vite plus au public. Une salve d'applaudissements accompagna la jeune femme jusqu'à son cavalier. Dans son dos, la présence du photographe la brulait comme une trop longue exposition au soleil. Le couturier lui présenta son bras, qu'elle saisit fébrilement.

« Tu es magnifique ce soir. Chuchota-t-il, sans la regarder, de manière à ce que le public ne remarque rien.

Je me demande qui est le couturier qui a imaginé cette robe. » Ils ricanèrent. Dans leurs dos, Gaëtan grogna et Hitomi se raidit instantanément.

Alors Mitsuya posa sa main libre sur la sienne et la caressa doucement, lui signifiant que rien ne pourrait lui arriver.

Ils montèrent ensuite les marches et rejoignirent Hakkai, déjà en haut, qui les attendait. Ils entrèrent après un dernier signe à la foule de photographes, Hitomi encadrée par les deux hommes. Une fois loin du public, elle put souffler et se confier sur son sentiment d'insécurité. Elle fut rassurée d'entendre que certains membres du Toman, peu connus des services de polices, se trouvaient dans la salle de réception et que le photographe français en serait refoulé. Beltet Tokyo avait pris le relai à l'intérieur.

L'immense pièce se remplissait de plus en plus. Un podium était placé en son centre, sur lequel elle devrait plus tard monter avec Mitsuya. Sur la droite de l'entrée, un grand buffet présentait plusieurs amuse-bouche et boissons d'origines diverses et variées. Disceminés dans la foule, plusieurs hommes adressèrent au même moment un signe de tête à Mitsuya. Hitomi en reconnut quelques-uns :

« Tu vas me dire que les frères Kawata sont inconnus des services de police ?

Figure-toi que oui. Ils disparaissent toujours au bon moment. Souffla le couturier en se dirigeant dans la direction opposés aux seuls visages connus d'Hitomi. Tu veux aller boire quelque chose ? il pointait le buffet du doigt.

Oui, volontiers. »

Un serveur leur tendit deux coupes de champagne. Ils s'en saisirent et rejoignirent Hakkai qui se goinfrait un peu plus loin.

« Au retour d'Hito ! lança-t-il en levant son verre.

Au succès de Taka' sourit Hitomi.

A notre réussite à tous les trois. Conclut Mitsuya avec un clin d'œil. »

Hitomi rencontra des mannequins de toutes les agences Beltet du monde. Elle avait vite sympathisé avec une grande brésilienne à la peau halée. Elle parlait et riait fort, en renversant du champagne partout autour d'elle. Mais une réaction de sa part avait attiré la sympathie des japonais :

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