Fin de contrat

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L'article était sorti dans la matinée lors de leur shooting. Depuis, quelques autres étaient sortis dans d'autres revues. Toutes annonçaient que le couple de collégiens s'était reformé. Seulement, une autre ajoutait, de source sûre, qu'Hitomi était venue à Tokyo accompagnée de son fiancé, un photographe français. Les commentaires s'accumulaient. Certains disaient que personne ne faisait le poids face à Mitsuya, d'autres lui donnaient des noms d'oiseaux et parlaient d'elle comme une femme infidèle et opportuniste. Hitomi flancha. Elle ? Opportuniste ? Après avoir vécu l'enfer aux côtés d'un photographe psychopathe ? Elle ne pouvait pas répondre en personne à ces accusations et Mitsuya le savait bien. Il ramena alors le sujet du départ de la jeune femme dans la conversation :

« Ecoute, on verra ça demain. Il est tard et tu es fatiguée. Appelle tes parents maintenant.

Ah, oui... Désolée, je reviens. »

Elle en avait presque oublié qu'elle voulait partir de cet appartement. Elle se dirigea alors vers le salon et composa le numéro de ses parents en s'asseyant dans le canapé.

Mitsuya se faisait une tasse de thé et essayait de suivre la conversation dans la pièce d'à côté :

«Je sais que tu le trouvais spécial... Non je vais bien... Là ? Je suis chez Mitsuya... Oui, oui LE Mitsuya... Bon maman, dis-moi juste si je peux venir à la maison avec mes affaires ou pas... D'accord, merci. A tout à l'heure. »

Elle raccrocha puis informa son hôte qu'elle pouvait partir. Il paraissait peiné mais reprit vite contenance :

« Okay. J'appelle Tanaka et on t'emmène.

Merci... » souffla-t-elle avant de partir dans la chambre pour rassembler quelques vêtements qu'elle avait laissé dans un coin.

La voiture était arrivée et Mitsuya et son chauffeur avaient chargé les quelques valises d'Hitomi dans le coffre de la berline. Pendant tout le chemin, chacun avait regardé de son côté du véhicule, en évitant bien de se toucher, de se regarder et de se parler. Finalement, lorsqu'ils entrèrent dans la rue où habitaient les Saito, Mitsuya brisa le silence :

« Je vais appeler Benoît dès qu'on sera repartis. Il doit être neuf heures à Paris. Je te tiens informée pour les articles et ta rupture de contrat. Si tu parles à qui que ce soit de ces deux derniers jours, informes-en moi s'il te plait, que notre discours soit cohérent. Et surtout, prends soin de toi s'il te plait... »

La voiture était garée et Tanaka avait coupé le moteur pour décharger les valises. Mitsuya sortit pour aider et avait intimé à Hitomi de rester sur le trottoir.

En entendant le bruit dehors, sa mère était sortie de la maison pour les accueillir :

« Mitsuya ! Il y avait longtemps ! Comment te portes-tu maintenant ? Elle le serra dans ses bras.

Bonsoir Madame Saito. Je vais très bien merci. Je suis désolé, je ne reste que le temps de déposer Hitomi et ses bagages. Mais, venez nous voir dans la semaine ! Je vous ferai parvenir des cartons d'invitation.

Merci beaucoup mon petit Mitsuya. Prends soin de toi et ménage toi un peu ! Tu es tout pâlot ! Et tu as de ces cernes ! Il faut dormir la nuit !

Prenez surtout soin d'Hitomi pour moi s'il vous plait. »

Le couturier sourit tristement à son égérie puis s'inclina devant sa mère avant de remonter dans sa voiture et de quitter le petit quartier résidentiel.

L'appartement était étonnement vide. Elle n'avait pourtant pas passé beaucoup de temps ici, mais il la voyait partout. Dans le canapé, dans la baignoire, dans son lit. Il devait se ressaisir et appeler l'agence de mannequinat pour elle. Il le lui avait promis. Le couturier s'installa alors dans le salon pour passer son coup de fil :

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