chapitre 2

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- T'es qu'une brute Victor !

Ma joue me brûle. Elle m'a frappé. J'ai pourtant une carrure imposante, ainsi qu'une réputation de garçon dangereux, mais elle ne s'est pas laissée intimider. Elle doit bien avoir cinq de moins que moi. Elle n'a pas froid aux yeux pour s'être interposée comme ça.

Elle passe une main protectrice autour des épaules de ma victime en pleurs, un mioche d'une douzaine d'année qui était assis devant mois dans le bus.

- Qu'est-ce qui t'a pris de le frapper !? continue-t-elle.

- Il m'a crié dessus.

Mon ton est vide. Je ne réagis absolument pas à la colère de mon interlocutrice.

- Et pourquoi t'a-t-il crié dessus ? Bien que ce ne soit pas une raison pour le tabasser.

- Je lui balançais juste des élastiques dessus.

Je ne cherche même pas à nier mon acte. Que peut-elle faire de toute manière ?

- Mais ça ne va pas bien chez toi !? T'as quoi ? Vingt ans ? Toujours pas mature pour ton âge !

Voilà la raison pour laquelle je regrette d'avoir redoublé ma terminale, encore une fois. Je suis forcé de côtoyer des gamins insupportables.

- C'est toi qui ne t'énerves pour rien. Et t'es qui, déjà ?

Elle me fusille du regard et prend la main du petit garçon.

- Ça ne te regarde pas. Malheureusement pour toi, je sais qui tu es. Je sais tout ce que t'as fait. Je ne dis pas être mieux, mais moi, au mois, j'ai appris de mes erreurs. (Elle murmure à l'adresse du mioche.) Viens, on s'en va. Il est dérangé ce gars.

Je hausse les épaules.

- C'est ça, foutez-moi la paix.

Elle s'arrête et se retourne.

- La prochaine fois que je te prends à embêter les autres, je préviens la police. Et je m'assurerai personnellement que plus personne n'ait à te supporter.

- Ça va il n'y a pas mort d'homme.

- Si justement.

Son ton est cassant, et son regard, meurtrier. Mais tout cela n'a aucun effet sur moi, pour la simple et bonne raison que je n'en ai rien à foutre.

Mes poings sont serrés mes muscles tendus. J'enrage. Je reste plusieurs secondes à fixer l'herbe sous mes pieds pour me calmer. C'est alors que je prends conscience du plus important : Je me suis souvenu.

Étrangement, cette idée ne fait que m'énerver encore plus. De tout ce que j'ai pu oublier, c'est ça qui est revenu. Pourquoi ? Pour me rappeler que je n'étais qu'une pourriture ? Pour que je vive la fin de ma vie dans la culpabilité d'avoir frappé des innocents qui n'avaient rien demander ? Je me lève, me retourne, et bouillonnant de colère, je donne un puissant coup de pied dans le banc sur lequel j'étais assis, un instant plus tôt.

Je le regrette aussitôt. Non seulement cela n'a servi à rien, mais en plus, mon pied me fait souffrir désormais.

Une infirmière arrive en courant vers moi.

- Monsieur Humbert, vous allez bien ? demande-t-elle en posant sa main sur mon épaule. Calmez-vous, je vous prie.

Je la repousse violement.

Fragiles Ailes de papillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant