Penchée sur le repas qui mijote sur le feu, Lana désespère. Elle n'a même pas faim, n'a plus d'appétit. Tout lui pèse, elle se laisse dépérir au fil des jours car elle sent que son couple ne tient plus qu'à un fil, que Ash lui échappe. Cela fait une semaine qu'elle cherche le courage de l'affronter, de mettre des mots sur ses inquiétudes. Dans la pièce d'à côté, elle entend que son mari raccroche enfin le téléphone. Ils ne sont que tous les deux en ce vendredi soir, le moment idéal se présente peut-être.
Le stress à son paroxysme, elle se rend dans le salon. Il est assis sur le canapé, une cigarette au bout des lèvres, en train de compter les liasses de billets verts qui s'accumulent sur la table basse.
-Ash, appelle-t-elle tout bas.
Trop concentré, il ne l'entend même pas. Elle s'avance pour se placer dans son champ de vision.
-Ash, répète-t-elle plus fort. Est-ce qu'on peut parler ?
Il relève la tête, agacé d'être distrait dans son calcul.
-Quoi ? Parler de quoi ? Tu vois bien que ce n'est pas le moment.
-C'est jamais le bon moment.
Il repose brutalement le paquet qu'il tenait en main, tire sur sa cigarette.
-Tu vas pas commencer comme les autres meufs et me faire des caprices à longueur de journée, rassure moi.
Lana ne sait plus où se mettre, se demande si ce n'est pas elle qui devient folle, à remettre en question leur relation pour des bêtises.
-Non...j'ai juste besoin de toi.
-C'est pour nous que je bosse. On doit payer le cartel lundi et j'ai pas l'impression que le compte soit juste.
Ash empoigne ses cheveux dans un geste nerveux, il semble vraiment angoissé.
-Laisse-moi t'aider. Je suis sure que je pourrais être utile. Il suffit que tu me montres comment vous fonctionnez.
-C'est pas ton job, la rembarre-t-il.
Découragée, Lana comprend qu'elle n'a vraiment pas choisi le bon moment. Elle laisse Ash à ses occupations et retourne terminer de préparer le diner. Les mains accrochées à l'évier, elle essaie de ne pas craquer devant son impuissance. Elle a choisi cette vie, cet homme, elle doit assumer ses décisions jusqu'au bout.
Une assiette de nourriture à la main, elle rejoint son mari un peu plus tard. La télé est allumée, Ash posé devant, les yeux dans le vague. A l'odeur caractéristique, elle sait qu'il a fumé autre chose que du simple tabac. Tant mieux, l'herbe le rend plus calme. Elle s'assied prudemment à ses côtés. Il touche à peine au repas qu'elle lui tend.
-Tu as pu terminer les comptes ?
-Oui, c'est juste maintenant, répond-t-il soulagé.
-Bien, tu as tout remis dans le coffre ?
Il opine de la tête. Contrairement aux gens normaux, une bonne partie de leur argent est stocké directement chez eux. Lors de son installation ici, Lana n'en dormait pas de la nuit de savoir qu'elle dormait à deux mètres d'autant de billets, avec la peur de se faire voler ou braquer à tout instant.
-Je me suis un peu emporté tout à l'heure, s'excuse-t-il. Je suis désolé.
Lana observe le profil de son mari, y cherche un signe de vérité qui l'apaiserait. Rien n'y fait, elle doit savoir, alors autant lui demander frontalement.
-Tu fréquentes quelqu'un d'autre Ash ?
Il détourne les yeux de l'écran, les sourcils haussés d'étonnement.
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Ce que la mort doit à la vie
RomanceBienvenue à Los Santos, île du pacifique gangrénée par la criminalité où règnent des âmes en dérive. Il y rode un homme au visage sombre et au cœur si noir, que seule une étincelle pourrait ramener à la vie.