III.3- Une querelle amoureuse ?

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En profitant du brin de lucidité du Dimópoulos, la jeune femme traina ses pieds vers l'extérieur, en gardant la tête haute, tandis que l'homme reprenant ses manières pour agissir en hôte, l'escorta jusqu'à la porte, qu'il renferma dès que la jeune femme fût dehors, après une dernière salutation courtoise. Cette galanterie excessive après l'autre visage terrifiant poussa la femme à se poser des questions sur son intégrité psychologique.

Toujours sous le choc et les jambes flageolantes, Nadia s'accorda quelques seconde en prenant appui sur le mur et s'immobilisa en fermant les yeux. Elle avait besoin de reprendre ses esprits et se ressaisir. Quant à comprendre ce qu'elle venait d'expérimenter, durant cette dernière demi-heure, c'était peine perdue.

En quittant sa torpeur, la jeune femme fureta le couloir, et fixa son regard sur l'autre bout en se demandant si elle devait ou pas accepté la proposition de son agresseur et aller se servir de ces toilettes, ou bien s'y abstenir et déserter carrément cette maison.

En dépit de tout, elle emprunta ce corridor afin d'aller corriger son apparence. Car, même si elle ne portait aucun intéressement à cette soirée, Nadia était déterminée à ne pas prendre la fuite, à revenir à cette salle, et à rester avec ses amis jusqu'à la fin de la fête. Sa résolution, faite, ne l'empêchait toutefois pas de chercher à se comprendre en s'auto-analysant.

Bien que le comportement impardonnable de Lucca l'eût enragé, actuellement, elle se demandait ce qui avait amené cet homme à agir aussi abominablement. Nadia possédait cette capacité à sonder les gens, et pouvait pressentir si oui ou non elle pouvait leur faire confiance, et sa première impression sur cet homme ne correspondait pas à ce qui s'était produit, par la suite. Et ce qui l'intriguait le plus était sa disposition à justifier l'acte impardonnable et de l'imputer sur l'ivresse, au lieu de le condamner en admettant qu'elle s'était trompée dans son jugement.

Dès qu'elle accéda à ladite salle, et sans se soucier de la décoration luxueuse, la belle en rouge se planta devant le vaste miroir en évaluant son apparence. Au lieu du teint livide auquel elle s'attendait après la peur vécue, elle se découvrit des joues écarlates et un regard étincelant. Quant à ses cheveux en pagaille, il était évident et inconcevable de reproduire le travail d'une coiffeuse professionnelle, et surtout pas avec les quelques épingles que Lucca lui avait remises. Du reste, elle rangea ceux-ci dans le sac minuscule, déposa ce dernier sur le plan de travail en marbre blanc, puis s'aspergea le visage d'eau fraiche. Elle appliqua ensuite une couche généreuse de son rouge à lèvre, ébouriffa ses cheveux et lissa les pans de sa robe.

Bien évidemment, et se doutant que son absence prolongée ait pu inquiéter sa copine, Nadia consulta son téléphone dont l'heure indiquait vingt heures trente-cinq. Elle découvrit les appels manqués de Sarah et lut les messages que cette dernière lui avait envoyés.

— Sarah Morel, 20 h 02 : "t'es où ? "

— Sarah Morel, 20 h 10 : "Nadia !!!"

— Sarah Morel, 20 h 30 : "mais ou est-ce que tu as disparu, on s'inquiète par ici ! "

En quittant la salle des toilettes, Nadia écrit à la rousse, en la rassurant :

— Nadia, 20 h 32 : "besoin d'air frais puis un passage urgent au petit coin :) J'arrive ! "

Ce n'était pas un mensonge, pensa la jeune femme, puisque son petit enfer avait débuté au bar, quand elle prenait son rafraichissant et elle l'avait achevé dans ces toilettes pour se redonner une apparence convenable. Elle n'avait fait qu'ignorer d'évoquer l'incident proéminent du milieu.

En empruntant le couloir, Nadia ricana de sa réaction inqualifiable. Car c'était indéniable, qu'elle raconterait sa mésaventure à Sarah, rien qu'elle ne désirait pas le faire ce soir ni en présence des autres. Arrivée devant la bibliothèque, son rythme cardiaque s'accéléra surtout en apercevant la porte entrebâillée. Et instinctivement elle accéléra le pas ayant hâte de s'en éloigner.

Une oasis à Rome (Réécrite)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant