Chapitre 2 - Rose

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3h05

Pendant que son regard parcourt toujours mon corps, dans sa totalité bien sûr, le mien ne détaille que son visage inexpressif. Son menton est fin, sa mâchoire carrée, son nez bien trop parfait pour être naturel. Ses cheveux blonds et rasés. Mais rien de plus impressionnant que ses yeux en amande, un gris sidéral tellement magnifique que c'en est inhumain.

Il est attirant, il n'y a rien à dire sur ça. Mais les hommes les plus attirant sont
les plus dangereux.

Quand ses pupilles retrouvent enfin les miennes, son gris nuageux n'exprime rien de plus que du vide. Il n'y a aucune vie dans son regard.

-si tu veux le sac, tu signes.

Sept petits mots. Il aura fallu seulement sept putain de minuscules, ridicules, infimes mots pour faire vibrer l'entièreté de mon corps. Ma respiration s'est légèrement alourdie. Je n'ai aucune idée de pourquoi, mais tout ce que je sais c'est qu'il ne doit pas le voir.

Alors, avec un maximum de nonchalance, j'avance vers la voiture garée derrière les deux hommes. Sur le capot de celle-ci se trouve une feuille, le contrat, déjà signé par trois mains. Il ne manque apparemment plus que la mienne.

Je  ne perds pas de temps et attrape le stylo coincée préalablement dans mon soutien gorge. Le clic métallique que fait la mine résonne entre les murs de la place. Je soupire et gribouille une signature. Sans prêter attention au groupe d'hommes dans mon dos, j'attrape vite le sac noir installé contre la portière et l'ouvre pour y vérifier la somme.

Je fronce les sourcils en ouvrant le sac. Je me trouve nez à nez à des ? Confettis ? C'est quoi cette putain de blague ? Pensait-t-il vraiment nous avoir ? J'allais forcément vérifier le contenu.

Le visage probablement rouge écarlate, je soulève le sac et le jette aux pieds du blond, laissant son contenu se vider à ses pieds .

-c'est quoi cette merde serieux? Des confettis ?

-bien vu, des confettis, comme convenu.

-soit vous avez un clan d'analphabète, ou vous me prenez pour un poireau, mais ce sont trois millions d'euros qui étaient convenus. Pas des confettis.

Le blond face à moi arbore maintenant une expression qui ne lui va pas du tout. Un putain de sourire a pris place sur son visage, laissant apparaître ses dents blanches.

-ouais enfin ça, ma belle... c'était avant que tu signes un contrat, sans même l'avoir lu.

Je sens tout mon sang quitter la totalité de mon visage. Comment j'ai pu signer quoi que ce soit sans même en lire quelques lignes. Alors avec une violence dont je fais rarement preuve, je lui arrache les feuilles des mains pour les lire. 

Nous, Cartel des Suarez,

Faisons don aux Fratello Di Sangue des trois millions préalablement réclamés. Comme gage de paix, nous laissons libre accès à la mafia italienne à toute frontière attenante à la France, sous aucune peine préjudiciable.

Moi Jean-Pierre Suarez,

Offre comme présent à la famille Destoria, ma petite fille du nom de Rose Suarez. Comme convenu à la naissance de celle-ci, devra, à l'âge de 25 ans, épouser le fils aîné de la famille Destoria.
Ce contrat, une fois signé par les quatre parties, ne pourra être annulé. Le retour en arrière des clauses écrites par une des deux parties ci-dessus sera éligible comme déclaration de guerre.

Signature :
Jean-Pierre Suarez, le 26 avril 1998

Signature :
Miliano Destoria, le 26 avril 1998

Ta part d'ombre | T.1 ( Réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant