Une couronne pour deux

Un défi pour Johnny

Il avait fallu que ça tombe ce soir-là, évidemment. Une montée de température fulgurante, et en quelques heures, ses espérances de pouvoir aller au bal de fin d'année s'étaient envolées. Tout ce qu'elle allait faire de sa soirée, c'était rester clouée au lit, à envoyer des messages à ses amies et à son cavalier démuni, désormais sans personne pour l'accompagner danser. Ce cavalier d'ailleurs, elle le voyait sortir de chez elle depuis la fenêtre de sa chambre. Sa mère l'avait informé de son état catastrophique et il se rendait alors au bal sans elle, les mains dans les poches et le moral dans les chaussettes. John Watson ne s'était pas attendu à passer cette soirée supposée être magique sans la fille qu'il avait eu le courage d'inviter à l'accompagner. Il avait de quoi être contrarié !

Mais bon, telle était la vie ! Il ne lui restait plus qu'à aller au lycée pour le bal tout seul. De toute façon il retrouverait bien vite ses amis, qui eux avaient bien quelqu'un avec qui danser tous les slows ! Il savait qu'il aurait du s'inquiéter de la santé de cette fille, mais honnêtement, il n'y arrivait pas. Il ne voulait même pas réellement le faire pour tout avouer, mais Anderson lui avait dit que se serait une bonne idée, ils auraient tous les quatre une cavalière comme ça ! Lui avec Donovan, Greg avec une fille de sa classe de sciences et Stanford avec la seule fille qui avait accepté son invitation. Ne restait plus que John. Et il avait trouvé soit disant la lycéenne parfaite pour ce rôle. Parce qu'évidemment ces histoires d'être accompagné d'une jolie fille n'était liée qu'aux apparences, et rien d'autre.

Finalement, John avait accepté de tenter le coup, il ne perdait rien à essayer. Mis à part son égo en cas d'échec peut-être... Et s'est comme ça qu'il s'était retrouvé à demander à Jessica, nageuse aguerrie et professionnelle du piano de bien vouloir être sa compagne le temps d'une soirée (toutes ces informations étaient bien entendues celles qu'Anderson lui avaient données avant qu'il ne l'aborde, histoire de rendre sa demande un tant soit peu crédible et intéressée : qui invite une parfaite inconnue pour la soirée la plus attendue de l'année ?). Et miracle ! Elle avait fait mine de refuser, comme aiment le faire la plupart des filles, puis avait accepté, un fin sourire narquois aux lèvres. Elle avait l'air heureuse, et cela suffit à John pour se dire qu'il avait bien fait de suivre les conseils de son ami.

C'est alors confiant qu'il s'était rendu chez elle vers 19h, comme convenu, pour la récupérer et les conduire tous les deux au bal. Seulement notre cher blondinet avait sous-estimé les virus et leur férocité à tout moment de l'année !

Et c'est sans personne qu'il se gara finalement sur le parking du lycée. Il était fier d'être arrivé jusque là, dans sa voiture toute neuve avec son permis obtenu tout récemment. Ce petit élan de fierté lui redonna confiance en cette soirée, il était décidé à la rendre exceptionnelle, et il ferait tout pour ça ! En se faisant cette promesse il repéra ses trois amis au loin, trois jeunes filles étaient à leur côté. Leurs robes étaient magnifiques. Quelques instants il se demanda quelle couleur aurait choisi Jessica pour la sienne, avant de se concentrer sur le moment présent et de se jurer de ne rien faire qui pourrait le rendre irritable (comme de penser que sa cavalière, la fille avec qui tout le monde aurait voulu danser, n'avait pas pu l'accompagner à cause d'une fichue grippe).

Il s'avança vers eux et Greg fut le premier à le remarquer.

« Salut Johnny ! Ben alors, t'es tout seul ? Où est passée Jessica ? »

« Elle... Euh... Elle est malade. »

« Naaaan sérieux ?! Pfff, c'est trop dommage ! Je suis sûr que vous vous seriez super bien entendus ! Vous étiez méga compatibles en plus ! »

« Ah ouais et sur quoi tu te bases pour dire ça Anderson ? On se connaît même pas. »

Anderson avait le don d'irriter John très facilement. Mais il l'aimait vraiment, il avait été son premier ami quand il avait débarqué dans ce lycée il y avait de ça six mois. Alors il acceptait sa passion pour les potins et sa capacité à décrire n'importe quelle personne de l'école et les rumeurs les plus juteuses à son sujet (même s'il ne cautionnait pas forcément ce genre de comportement, il me pouvait pas dire que cela ne l'avait pas aidé avec Jessica).