Une peste, un slow et un ami

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Micro en main, Daphné s'apprêtait à prononcer les mots qui rendraient Sherlock encore plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà.

« Hum hum, tout le monde m'entend ? Parfait ! Je voulais juste prévenir que je ne danserai pas avec ce... Mmh... Sherlock. Je refuse de danser avec l'intello qui m'a piqué mon cavalier depuis le début de la soirée. Voilààà merci de m'avoir écoutée ! Lancez la musique maintenant »

Cette fille a le don d'être agaçante à un point inimaginable. Elle se croit tout permis en plus, comme si le directeur était à ses ordres ! D'ailleurs celui-ci, un peu sonné par la tournure des événements, annonce que cette année, chacun des élus peut choisir avec qui il ou elle dansera le slow de clôture. Il râle un peu pour la forme, mais au fond, il a juste hâte de pouvoir rentrer chez lui, et laisse aux élèves le soin de finir la soirée comme ils le veulent tant que cela ne prend pas trop de temps.

C'est ainsi que Sherlock se retrouve seul, les bras ballants, avec une envie de pleurer de plus en plus forte, au milieu de la piste. La chanson se lance, les paroles de Leah Nobel s'enchaînent, et lui ne bouge pas d'un poil. Peut-être que s'il reste immobile, personne ne le remarquera, personne ne le ridiculisera. Évidemment, ça ne marche pas, l'effet inverse se produit même. Des rires de moins en moins discrets se font entendre. A commencer par ceux d'Anderson.

Ce sont ces derniers qui décident John à fendre la foule pour atteindre son tout nouvel ami. Il est hors de question qu'il laisse ces abrutis se moquer d'un garçon aussi gentil que Sherlock. Il va danser avec lui, pour que les autres la ferment, mais surtout pour qu'ils s'amusent tous les deux, comme ils le faisaient dans le couloir.

La chanteuse murmure « My beginning » et le plus petit tend sa main au plus grand. Un instant d'hésitation, et il s'en saisit aux mots « My middle ». En une seconde, ils sont collés l'un à l'autre, « My end ».

Le brun ne s'attendait pas à finir le slow accompagné, voir même à le finir sans pleurer. Et là, tombé du ciel, le garçon qui le rend tout chose traverse la foule comme un chevalier pour venir lui offrir sa main. Il ne pouvait rêver mieux. Tout va trop vite pour son petit cœur, et il ne peut s'empêcher de rougir. Sans surprise, John le remarque...

« Ça va ? J'aurais peut-être du t'emmener loin de cette maudite salle au lieu de rester là ? Je - »

« John, ne t'inquiète pas. Tu as été parfait. Je te suis tellement reconnaissant, tu ne peux pas savoir... »

« Bon, je suis content alors... » Et il laissa sa tête se poser sur l'épaule du beau brun.

« John. Tu n'as pas peur que les gens croient qu'on est ensemble ? Que tu ... préfères les garçons aux filles ? Qu'ils se fassent des idées ? »

« Pour ce que j'en ai à faire... Ils peuvent penser ce qu'ils veulent, moi je suis bien ici, avec toi. C'est toi la personne qui a rendu ma soirée moins catastrophique que prévu. Pourquoi je n'essaierais pas te de rendre la pareille ? »

Et le voilà qui lève les yeux vers le bouclé, un sourire sincère aux lèvres, au son des dernières paroles de la chanson « Will you be my beginning, my middle, my end ? ». Sherlock craque complètement. Comment faire autrement ?

Entre temps, des murmures ont circulé parmi les lycéens, des regards ont été échangés et des rumeurs ont été lancées. Mais peu importe. Même le départ de Daphné de la piste, verte de jalousie devant ce duo si heureux, n'a pas réussi à les troubler. Ils finissent leur slow rien que tous les deux, sans personne pour leur voler la vedette, et sous des applaudissements bien maigres, mais qui ont au moins le mérite d'être véritables.

Une couronne pour deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant