Quelques prétendantes, mais aucune cavalière

158 20 1
                                    

Depuis quelques minutes, John, adossé au buffet, verre en main, observait cette fille en collants à paillettes et chemise blanche. Elle était pleine de joie de vivre, se dandinait comme une diablesse sur la piste avec deux de ses amies et passait son temps à rigoler. Il ne l'avait jamais remarquée auparavant, et se demandait comment cela était possible. Elle était tout simplement rayonnante. Peut-être pourrait-elle être sa cavalière ? Il ferait d'une pierre deux coups en gagnant haut la main son défi et en rencontrant une fille avec qui il envisageait vraiment quelque chose pour une fois. Pour cela il devait rassembler tout son courage, et c'était une tâche des plus ardues quand on s'appelait John Watson, qu'on avait du mal avec les premiers pas et qu'en plus tous vos amis vous avez lâché pour aller danser avec leur partenaire !

Ils avaient tous les trois déserté quand ils avaient entendu un premier slow de mise en bouche, et depuis, aucune réapparition. John ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'ils l'observaient tous les six de loin. Pariant même sur sa capacité à aller voir cette fameuse fille qu'il regardait depuis leur départ.

Mais non, il se faisait des idées ! Des amis, ça ne fait pas ça, ça te soutient plutôt, voilà. A cet instant, il repéra Greg un peu plus loin, un verre dans chaque main, se diriger vers sa danseuse à lui, Emily. John y vit un signe, un coup de pouce du destin : il allait apporter un verre à cette fille pailletée lui aussi.

C'est ainsi qu'après trois profondes inspirations, notre scientifique en herbe avançait avec précaution vers celle qui avait attiré son attention par son aura, et aussi, avouons-le, par son style extravagant. Il avait fait soft et avait choisi de la limonade. Tout le monde aimait la limonade. Pas vrai ? Tout... tout le monde aime ça hein ?

Il s'arrêta à quelques pas d'elle pour se décider enfin à y aller pour de bon. Grossière erreur. Un danseur un peu trop impliqué le bouscula durant sa courte pause, et un petit coude assassin lui arriva dans le dos. Parfois cela suffit à ruiner ses chances. En particulier quand le verre que tu étais venu lui apporter fini renversé sur sa chemise. Encore plus quand tu es tellement gêné par ce qui vient d'arriver que tu ne trouves rien d'autre à dire que « Je... je... euh... pardon ? J'ai... Je peux aller te chercher une serviette si tu veux ? Je... J'aime bien ton style au fait... » mais que malheureusement cette réponse (étonnamment) n'est pas suffisante pour te sauver d'un vent mortel. La fille se barre en te méprisant plus que jamais, et se souviendra probablement de toi comme le gars illettré qui lui a renversé un verre dessus en ruinant son look, mais aussi sa soirée.

Jackpot pour un premier essai. John finit lui aussi avec sa veste de costard trempée et collante, mais surtout, sans personne avec qui danser ou même simplement discuter. C'est désespérant une telle incapacité à ne pas faire tout capoter. Après cet échec cuisant, le petit blond s'offre une pause réconfort. Elle consiste à rester collé au buffet tout en se goinfrant de gâteaux apéro. Pas mal comme solution pour quelqu'un atteint de déni profond.

Mais cette pause ne dure pas bien longtemps. John est déterminé à trouver une super fille, quelqu'un avec qui danser ce slow sera un pur délice ! Il ne demande pas grand-chose au final, juste un slow réussi bon sang !

Seulement cette soirée n'est pas la sienne. La deuxième fille avec qui il tente une approche est gentille, et ils dansent un peu... avant que ses pieds maladroits n'écrasent sa robe et ne déchirent le précieux tissu. Ici, tout dérape, il a même le droit à une insulte. Plus abattu que jamais, il se force à ne pas baisser les bras, à retenter sa chance, une dernière fois. Une belle brune arrive à échapper à ses mains et ses pieds malhabiles. Jusqu'au dernier instant il croit qu'elle est la bonne, que la honte subit juste avant valait le coup d'être surmontée. Quand soudain, une autre danseuse les interrompt. Et les voici toutes les deux qui s'embrassent, que la brune salue notre pauvre John, et qu'elles s'éloignent ensemble. Pour relativiser, il se dit qu'au moins celle-ci ne le déteste pas. Elle lui a même fait un sourire en partant. Plutôt positif non ? Enfin, disons « pas négatif ». Si on oublie le fait qu'elle n'était aucunement intéressée par lui... Quel enfer ce stupide défi !

Une couronne pour deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant