Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur (P.S: j'ai adoré Atticus)

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AUTRICE : Harper Lee                  PRIX : 6 euros 90

EDITIONS : Pocket

Il y a quelques temps déjà, je vous avais annoncé que je débutais la lecture de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. Seulement, j'ai reçu des messages me demandant où j'en étais dans ma lecture, et j'ai réalisé que j'avais oublié de vous donner mon avis ! Nous allons donc remédier rapidement à ce problème.

Au cours des années 60, au beau milieu de la période des Civils Rights aux États-Unis, nous suivons Scout, une jeune enfant débrouillarde et un peu « garçon manqué » (je déteste cette expression, mais c'est comme cela qu'elle est décrite) qui nous livre ses pensées et ses expériences. Si elle est souvent influencée par son frère Jem, elle écoute aussi son père, qu'elle considère comme un vieux sage.

Il s'appelle Atticus, c'est un avocat. On le comprendra un peu plus tard, mais c'est un défenseur des Droits de l'Homme, indifférent à la couleur de peau et au genre. C'est un personnage que j'ai vraiment apprécié, car il est très intéressant, calme, presque philosophique par moments. Je pense qu'il incarne le père idéal que sa fille ne voit pas encore. Au tribunal, il prend la défense de Tom Robinson, un Noir accusé d'avoir violé une Blanche.

Le récit épouse le point de vue de Scout, qui prête peu attention au contexte historique, mais qui nous livre une belle vision du monde qui l'entoure. J'ai vraiment adoré cette enfant, bien qu'elle soit parfois cruelle (comme tous ses enfants qui tuent des insectes et se moquent des gens différents dans la rue, il faut le dire). Les moqueries sur un personnage sûrement handicapé, vivant enfermé chez lui, me faisaient mal au cœur. On mesure à ce moment-là l'influence et l'ampleur des rumeurs, et les répercutions que celle ci peuvent avoir sur les enfants. A travers ses yeux, et ses questionnements innocents et sincères, on suit le procès de Tom, le climat angoissant qu'elle subit à l'école (clairement, du harcèlement consécutif au positionnement de son père dans cette affaire) et le train-train de son quotidien.

Le titre du livre, je ne l'ai compris qu'en lisant la postface : l'explication d'Atticus avait été certes explicite (« Ne tire pas sur l'oiseau moqueur, il ne t'apporte que de la gaieté avec son chant »), je n'avais pas tout à fait compris.

En réalité, les deux oiseaux moqueurs principaux de ce livres, ce sont Tom Robinson et Boo Radley, des exclus de la société qui ne voulaient de mal à personne ! Le message que la différence est partout, et qu'elle rend beaux les êtres humains m'est tout de suite parue plus claire !

J'avais beaucoup entendu parlé de ce livre (notamment dans les journaux, ou à France Inter) comme d'un livre révolutionnaire qui allait changer la vie de ces lecteurs. Je pense qu'effectivement, c'est une lecture qui marque, mais à long terme. Ce n'est pas en refermant ce roman que vous allez penser « Ouah ! Je viens de lire le meilleur livre de ma vie ! », mais plutôt un livre qui vous accompagnera dans toutes vos prochaines réflexions.

L'écriture était plutôt fluide pour un classique, et les seules choses qui m'ont freiné dans ma lecture, ce sont les thèmes très difficiles qui sont abordés, et le début qui à l'inverse ne semblait pas correspondre à la quatrième de couverture tant il était gentillet.

Pour tout vous dire, on n'entend pas parler de procès avant la page 100 ! En tout cas, ce qui est sur, c'est qu'avec ce roman, j'ai une idée assez globale du processus judiciaire aux États-Unis d'Amérique. Une autre chose qui m'a embêté, c'est la place de cette femme qui accuse Tom d'avoir abusé d'elle. Très rapidement, on se rend compte que l'histoire est plus ambiguë que cela, et qu'elle ne dit pas tout à fait la vérité, voire pas du tout ! Cela m'a mise mal à l'aise qu'on mette en valeur son mensonge. Les questions que les avocats et les jurys lui posaient étaient également très embarrassantes, et même si je sais que ce sont des choses réellement évoquées au cours de ce genre d'affaire, j'ai trouvé ses passages du texte très intrusifs, dans l'intimité de cette jeune dame, et par conséquent dans la mienne, puisque cela me touchait en tant que femme.

Les fins ouvertes, comme celle ci, ont beau permettre plus d'imagination, je les aime lorsqu'elles ont un réel sens dans l'intrigue. Ici, je ne voyais pas où voulais en venir l'autrice, cela était bien dommage !

Je vous recommande donc fortement cette lecture, qui que vous soyez (mais pas trop jeunes tout de même!) car c'est une expérience qui vous apportera beaucoup...

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