chapitre 2

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"- Alors, demande le garde en se tenant contre le mur du de la chambre ?

- C'est positif."

Saï ferme les yeux avant de pousser un soupir tandis que la jeune femme, de la même façon que le jeune homme, fige son regard sur le mur sans rien ajouter de plus. Ils restent ainsi quelques secondes. Comment est-elle censée réagir ? Qu'est-il censé lui dire ? La situation est déjà bien trop complexe pour qu'elle ne le soit encore plus.

"- Est-ce..." Il marque une pause, espérant ne pas prononcer une idiotie. Le soldat et la Reine ont développé une relation amicale, même si la relation hiérarchique est toujours bel et bien présente. Comme seul et unique compagnon, le brun s'est révélé être une excellente oreille à qui se confier ainsi qu'une épaule sur laquelle pleurer. "- Enfin, est-ce de..." Seulement, le brun est directement coupé par la Reine qui répond bien avant qu'il n'ait à se mettre dans l'embarras :

"- Shikamaru Nara."

Saï ne peut s'empêcher de laisser apparaître un certain soulagement à la suite de cette réponse. En effet, ne connaissant pas les précédentes réelles actions de la Reine et Kuroro, il avait bel et bien eu peur que cela soit un réel cauchemar pour la reine. "- Comptez-vous lui annoncer ? Souhaitez-vous que je vous retourne la lettre pour que vous puissiez la compléter, demande-t-il naïvement en commençant à se relever ?"

S'ensuit un silence, suivi d'un simple : "- Non, Saï." Le garde se retourne, un air interrogateur sur le visage. "- Je ne peux me permettre de lui annoncer." La Reine sort alors de la salle de bain, une mine fatiguée et seulement attristée par cette annonce. Elle vient simplement s'asseoir sur le côté de son lit.

Alors que le garde, Saï, revient se placer bêtement contre le mur, analysant la Reine du regard : "- Pourquoi ?" Une simple question amenant pourtant à une réflexion si complexe. Pourquoi ne souhaite-t-elle pas lui annoncer ?

"- Et bien, commence-t-elle par prononcer, en s'accordant malgré tout un temps de réflexion... Premièrement, je ne souhaite pas lui dire par écrit ; cela serait sûrement déplacé." Elle se lève alors, commençant à faire les cent pas dans la pièce en reprenant : "- Ensuite, comment pourrais-je lui annoncer ? Nous ne sommes finalement rien, Shikamaru et moi, rien de plus que quelques lettres et quelques moments de tendresse qui se sont toujours fait rares." Saï peut remarquer qu'elle mordille ses lèvres, de là où il se situe. Il la voit, stressée, bougeant ses doigts de manière incontrôlée - comme pour contrôler le flux d'informations au sein de son esprit. "- Puis, même dans l'éventualité que nous soyons un minimum quelque chose, cela ne veut absolument pas dire qu'il serait d'accord. Peut-être n'est-ce absolument pas son souhait ?" Elle s'arrête quelques secondes pour reprendre une nouvelle fois, coupée alors par le garde :

"- Temari. Si je puis me permettre, il n'est pas question pour lui d'être d'accord ou non. Certes, vous êtes porteuse de cet enfant. Seulement, il n'en reste pas moins le père. Il est important qu'il le sache, pour agir en conséquence. Vous n'êtes pas la seule concernée et n'avez pas à tout garder pour vous. Mais, je comprends parfaitement que vous préférez lui dire à l'oral." La jolie Temari lève ses yeux vers le garde en hochant la tête. Peut-être a-t-il finalement totalement raison. Avec le temps, la jeune femme a pris l'habitude d'écouter Saï. Malgré son mental d'acier, ou plutôt de soldat, il n'en reste pas moins un minimum humain et sait prononcer d'excellents conseils pour la jeune femme.

Sans qu'elle ne puisse répondre, il reprend directement : "- Je dois y aller. Il est l'heure." Temari hoche la tête comme seule réponse, alors qu'il ferme la porte derrière lui, la laissant - comme chaque jour dans ce château - seule face à ces pensées, mais aujourd'hui des pensées bien plus profondes.

Se laissant tomber sur le lit, la jolie No Sabaku se surprend à poser sa main sur son ventre : alors, un petit être se trouve donc ici, en elle. Depuis plusieurs semaines, Temari se plaignait de douleurs dans le dos et avaient de nombreuses nausées matinales. Au départ, Saï et Temari - cachant au mieux ces symptômes - pensaient à une maladie. Seulement, la perte des menstruations a été la clé de ces questionnements : une grossesse.

Aujourd'hui, la Reine ne semble pas vraiment prendre conscience de cette découverte. Commençant à imaginer son futur, sa vue est brouillée par bien trop de questions auxquelles elle ne peut répondre pour le moment : sera-t-elle toujours dans ce château ? Sera-t-elle avec Shikamaru ? Finalement, arrivera-t-elle à mener à terme sa grossesse ? En suivant le cours de ses pensées, Temari arrive finalement à ce sujet si important : réussira-t-elle à procréer sans mettre en jeu sa santé, à l'inverse de sa mère qui avait fini par en perdre la vie ? Est-ce génétique ? Ne serait-il pas mieux d'avorter finalement ?

Balayant ces pensées d'un simple geste de tête, la jeune femme se permet de fermer les yeux quelques secondes pour se laisser rêver une vie parfaite tandis que Saï, lui, emprunte la porte arrière du palais pour rejoindre une petite tête blonde qu'il ne connaît que très peu. Vêtue d'une cape noire recouvrant son visage, Ino apparaît face au soldat, un sourire radieux sur les lèvres. "- Bonjour, Saï, dit-elle simplement en lui adressant une lettre manuscrite.

-Bonjour, Ino, répond le soldat en lui adressant - de la même façon - une seconde lettre." Chaque semaine, cela se passe de la même façon. Temari et Shikamaru écrivent tous deux une lettre, qu'ils s'adressent mutuellement. Ainsi, chaque lundi à seize heures, Saï et Ino se retrouvent à l'arrière du palais, à l'entrée de la forêt, pour s'échanger discrètement les cadeaux des deux âmes-soeurs.

Au départ, cette idée n'enchantait pas forcément le soldat. Seulement, s'étant pris au jeu, il a découvert une magnifique jeune femme, adorable et très sympathique. "- Tu es ravissante aujourd'hui, se permet-il de dire."

Ino sent ses joues rougir alors qu'elle détourne le regard pour répondre : "- Tu l'as toujours été, soldat", accompagnant ainsi sa réponse par un surnom qu'elle lui a confié. "- Comment cela se passe au château ?"

Comme première réponse, Saï hausse les épaules, pensant à l'annonce qu'il vient d'apprendre : la grossesse de Temari. Seulement, sachant pertinemment qu'il ne peut lui confier ce secret, il se contente de répondre plus brièvement : "- Cela se passe. Temari va bien et, malgré les avances de Kuroro, elle semble encore réussir à le contenir. Et vous, au sein de la résistance et du peuple, cela avance, demande-t-il en murmurant ?

-Cela avance, confirme la jeune Yamanaka en hochant doucement la tête. Seulement, cela avance très lentement. Nous avons des difficultés à réunir le peuple et trouver les ressources nécessaires. Malheureusement, beaucoup ont peur de Kuroro et n'osent pas agir, avoue la jeune femme en soupirant... Lorsque nous serons prêts, vous le découvrirez."

Tandis qu'ils restent ainsi à discuter, à l'abri des regards, c'est Temari - plongée au fond de son lit - qui est extirpée du sommeil par le bruit de sa porte. Premièrement, elle se relève, s'attendant à voir Saï débarquer avec une lettre. Seulement, sa découverte est toute autre : Kuroro Lucifer se tient devant elle, détaillant de tout son large le corps de la jeune femme seulement vêtu d'une robe de chambre blanche. "- Reine Temari."

Alors qu'il prononce ces mots, la jeune blonde sort de son lit, redressant sa robe pour lui faire face, le regard froid. "- Kuroro." La tension est palpable. L'unique chose qui permet à la jeune Reine de se contenir, c'est le simple fait de penser à son plus jeune frère : Gaara. Elle doit se montrer forte pour lui, elle doit le faire, par amour pour lui. Alors, à ces pensées, Temari laisse apparaître un faible sourire forcé sur ses lèvres. "- Que me vaut le plaisir de votre venue ?"

Kuroro marche doucement vers la Reine qui, droite comme un bâton, l'analyse sans pour autant bouger. Tandis qu'il se colle à elle, lui faisant face, il vient prendre le menton de la blonde entre ses doigts - exactement comme Shikamaru l'avait fait. Seulement, aujourd'hui, les sensations sont tout autres. "- Je pensais, commence-t-il par dire en embrassant sa joue. Que nous devrions, ajoute-t-il en embrassant son cou. Penser à notre héritier, finit-il en embrassant la naissance de sa poitrine."

Ses mains viennent se balader sur le corps de la jolie blonde, qui se crispe en détournant le regard pour croiser celui de Saï qui, dans l'entrebâillement de la porte, observe la scène sans savoir que dire. Certes, cette fois, ce ne sont que des paroles, des gestes futiles qui ne mèneront à rien. Mais qu'en sera-t-il la prochaine fois ? 

La résistance va devoir être plus rapide.

par amour - Shikamaru x Temari (partie 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant