- Ça te fait mal?
- Non, pas vraiment. Ça picote.
Avec douceur, mille précautions, la jeune femme retira le bandage masquant la moitié du visage d'Alan. Elle semblait soudainement avoir un air triste, presque désolé en le regardant de face.
- Hm? Miss Madeleine? Qui a-t-il?
Elle toussa légèrement, comme si elle ignorait quoi répondre. Elle va alors prendre le miroir sur le lit, à proximité du léopard afin de lui montrer son reflet. Lorsqu'elle le plaça face à lui, il reconnu à peine son reflet blanc argenté. Il ne se savait pas avec un pelage aussi blanc... et avec d'aussi grandes cicatrices. Il savait bien d'où elles provenaient, mais il avait de la difficulté à y croire. Les deux plaies se suivaient, formant presque une délimitation entre le haut et le bas de sa joue droite. La plus grande plaie était si grande qu'il la pensait encore ouverte, bien qu'il ne saignait plus depuis déjà un moment. Malgré leur ressemblance légère, il savait pourtant parfaitement qu'elles n'avaient pas été faits en même temps... et par la même personne.
L'air perturbé par ce changement radical d'apparence, il demeura fixe devant le miroir où même ses yeux ne lui étaient plus familiers. Prise d'empathie, Madeleine va se ressaisir et tenter de lui remonter le moral.
- Tu sais... elles te rendent redoutables, ces cicatrices. On dirait un vrai guerrier.
- Ah...? Vraiment?
- Oui, vraiment. Hm... Oh! Attends ici quelques minutes, j'aimerais te faire essayer quelque chose.
Elle se leva de sa chaise dans un craquement produit par l'âge du meuble résistant à son poids avant de sortir à pas de loup. En déplaçant les lourds coffres à l'étage, ceux garnis de minces toiles d'araignées minuscules, elle retira la poussière sur le plus grand d'entre eux avant de l'ouvrir lentement. Après quelques toussotements qui n'étaient pas contrôlés, elle pu se concentrer sur le contenu du coffre qu'elle venait d'ouvrir. Elle en retira des morceaux de métal... non, pas seulement. En essuyant le fer soyeusement forgé avec son pouce, elle reconnut se qu'elle cherchait. Oui, la couleur du métau utilisé était bien la bonne, ce bleu-gris, brillant sous le soleil ardent, elle s'en rappelait.
Toujours nostalgique du temps où les parois d'acier s'entrechoquaient dans le torrent de bravoure, elle dû abandonner ses rêves de gloire de nouveau pour rejoindre l'enfant qui l'attendait toujours au rez-de-chaussée. Elle descendit donc rapidement, l'armure sous le bras, provoquant l'énorme surprise de Alan.
- Mais... c'est...?
- Oui! C'est bien cela. Je me suis dit qu'elle pourrait peut-être t'aller, alors j'ai traversé la nuée d'araignées de l'étage pour la retrouver.
Sans comprendre, il ne fit que la regarder s'approcher avec la tenue, peu assuré.
- Êtes-vous sûre que cette armure m'irait? Elle semble plutôt grande...
Stupéfait par la taille de l'accoutrement qu'elle avait entre les pattes, Alan leva les yeux vers Madeleine, qui lui adressa un hochement de tête certain.
- Bien sûr, laisse moi t'aider.
Elle aida alors le jeune homme à l'enfiler lentement, une patte à la fois. Une chance qu'elle n'ajoutait pas une cote de maille sous cette couche épaisse de métal, songea le tigre. Lui qui n'était pas habitué à ce genre d'habit, sentir son pelage contre le fer forgé était une toute nouvelle expérience.
Une fois qu'elle en eut fini, l'ourse recula de quelques pas pour admirer le résultat. En voyant le léopard portant l'armure qu'elle venait de retrouver dans ses affaires, elle sourit en croisant les bras, sans détourner le regard.
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Le trône d'Amadan
ParanormalUne histoire unique dans l'univers du hérisson bleu, mais des années et des années en arrière, alors qu'il n'existait pas encore... Voici des origines réinventées de Mobius. Cette histoire ne concerne aucune royauté ou aucun chevalier de grande vale...