Celui qui vient des montagnes

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Aux premiers rayons du soleil qui vinrent chatouiller sa frimousse endormie, le félin blanc s'éveilla lentement. Il se trouvait être particulièrement tôt le matin, mais afin de pouvoir s'entraîner le plus longtemps possible pour devenir meilleur au combat, il le devait bien. En effet, cela faisait déjà quelques jours qu'il avait adopté cette pratique. Se lever tôt pour aider aux corvées la matinée comme échauffement, puis l'après-midi, il se consacre aux entraînements avec Madeleine. Il avait d'ailleurs beaucoup insisté pour les tâches du matin, l'ourse contestant en lui répétant que trop à la fois ne ferait que le fatiguer. Pourtant, le jeune homme n'en démordait pas. Il voulait vite apprendre, avant que plus jamais il ne retrouve la trace des gens qui ont détruit son village. Une armée avait beau ne pas être petite, probablement qu'elle ne resterait pas au même endroit bien longtemps, et alors il fallait qu'il garde le rythme.

Il se leva du lit où il s'était retrouvé la première fois, à son arrivée ici. Il se souvenait encore de comment il s'était retrouvé dans cette coquette maisonnette, alors qu'il eut failli perdre la vie dans les montagnes. Heureusement que Madeleine était là, autrement, il aurait été entre de beaux draps. Même, peut-être serait-il plutôt entre deux larges couches de neige, sans entrer dans un humour plus morbide. Et en effet, il n'y avait pas de quoi rire, mais pas du tout. Il aurait pu y rester... et alors, non seulement il ne serait pas là à s'entraîner pour venger son village, mais l'épée serait aussi restée là-bas, et Botulf avec. D'ailleurs, parlant de la dite arme habitée par son porteur, il jeta un regard en direction de la lame saphir brillant au soleil, comme des couches de glace formant une jolie mosaïque, mais aussi une puissante arme. Arme qu'il arriverait tôt ou tard à maîtriser. Et qu'il espérait bientôt arriver à comprendre l'histoire. Hélas, Botulf ne lui a à peine adressé la parole, si ce n'est que pas du tout même. Comme si tout cela demeure un rêve. Peut-être ne veut-il pas que Madeleine soit au courant? Mais pourquoi? C'est son choix après tout, et si l'esprit refusait d'en parler, alors il tiendrait aussi sa langue.

Il s'avança vers la glace près du lit, retirant ses bandages pour enfin laisser à l'air libre ses blessures pour qu'elles cicatrisent. La plupart étaient les éraflures après tout le chemin qu'il a traversé, jusqu'aux montagnes enneigés coupant la petite forêt. Il y avait aussi cette cicatrice proéminente, celle qui avait fini par guérir un peu. Cependant, celle-ci était clairement prête à demeurer pour le défigurer jusqu'à sa mort, cette marque parcourant son visage comme une gravure sur une épée rappelait comme l'épopée de l'arme, sa mésaventure à lui. Il aurait pu rester bloqué sur le drame qu'il avait vécu, devenir désespéré, ou reprendre une vie normale, mais il ne pouvait pas. Il ne s'en sentait pas capable, après les horribles actes auxquels il avait assisté. Demeurer dans l'inaction, alors que tous désormais craignent ces cruelles attaques... Il se sentait dans le besoin d'agir. Il se sentait dans le besoin de protéger, de défendre coûte que coûte les gens, pour éviter qu'ils ne vivent les mêmes catastrophes monstrueuses que ces pauvres villageois condamnés.

C'est pour ça qu'ils faisaient tout cela, et c'est ainsi qu'il montrerait que les habitants des plaines de Gomans, tous autant les uns que les autres, comme Frida, n'étaient pas morts en vain.

Le félin tacheté sortit alors de sa chambre, émergeant dans la cuisine, où une arôme délicieuse se propageait doucement. Il vit Madeleine et Ronald préparer ensemble un repas. Il restait dans le cadre de porte pour ne pas les déranger, mais admirait avec certaine surprise le couple cuisiner ensemble, l'un taquinant gentiment l'autre. Pendant un instant, une certaine sérénité l'habitait, une sérénité... qu'il voulait que tous ressentent. Il voulait que tout le monde partage un sentiment de confort, de bien-être, comme de grands mots qui veulent dire: Je suis chez moi, en sécurité. Un sentiment que rien ni personne ne pourrais contredire.

- Oh, Alan, te voilà réveillé!

Lorsqu'il passait l'entrée de la "cuisine salle à manger", il se fit saluer par le renard qui l'avait vu mettre pied dans la pièce, Madeleine se retournant à son tour pour lui sourire chaleureusement. Alan les salua en retour poliment, venant s'approcher légèrement, aussi pour voir ce qu'ils fabriquaient. De ses iris bleues, il aperçu la poêle chauffée par les braises en-dessous, faisant cuire à l'intérieur de l'outil de cuisine une omelette dorée.

Le trône d'AmadanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant