J'ai tellement hâte de te voir

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Le 2 octobre 1948, à Berlin

Ma très chère Sarah, tu ne crois pas si bien dire. Avant même d'avoir eu ta réponse, je leur avais écrit une lettre leur demandant de venir à Berlin. Le jour de nos retrouvailles approche. Cela fait douze ans que j'attends ce jour. Rebecca ne s'est pas encore mariée. Elle était tellement triste de ne pas savoir ce qu'il était advenu de toi. Oh, nous aussi nous avons soufferts. Pas comme toi, mais un peu. Tu sais, je n'ai pas emmené Constanze à Genève pour qu'elle aille dans un internat. Mais pour empêcher un mariage contre son grès avec un homme cruel, bien plus âgé qu'elle. Elle était jeune, elle n'avait que quatorze ans, elle rêvait encore au prince charmant. La confronter à la dure réalité du monde en lui faisant épouser un barbare. Non, je ne l'aurais pas supporté et je l'ai emmenée loin. Sarah, j'aimerais savoir ce que tu as vécu. Pour m'informer et pour comprendre. Beaucoup de juifs qui comme toi ont survécu aux camps de concentration et d'extermination ont changés. Ils sont plus renfermés sur eux-mêmes, plus triste, plus méfiants et surtout beaucoup plus agressif envers les inconnus. Pourquoi sont-ils devenus comme ça, pourquoi ont-ils changés ? Je sais que tu sauras m'expliquer les choses, et j'ai vraiment hâte de te voir pour savoir mais aussi pour le bonheur de te retrouver.

A bientôt, Elfride Elemmich

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