L'Hypermnésique Amnésique •en Arrêt Indéfini•

Prologue - Inconnue

Blanc...
Que du blanc...
Tout est blanc...

Où suis-je ? Au Paradis ? Non. Le Paradis n'est pas comme cela. Enfin, je ne l'ai pas imaginé comme cela. Une prairie avec de l'herbe bien verte, un soleil orange, chaud mais pas trop, avec des fleurs, partout et de toutes les couleurs. Sans aucun défaut - on ne va pas dire qu'il y en a ici ! - Et plein d'animaux, des papillons multicolores qui voleraient un peu partout. Pas tout ce blanc oppressant.

Je tourne la tête, à droite, à gauche... rien. Que du blanc. Partout ! On ne peut même pas distinguer un mur, un sol. C'est trop blanc. Tout ce blanc me donne mal à la tête et finit par m'éblouir, m'obligeant à baisser les yeux.

Je porte une robe bleue, ample, à la texture du papier. Elle n'est pas très jolie...ce n'est pas mon style. J'ai des manches courtes qui laissent dépasser de longs bras, fin, et mâte. Je tends les jambes devant moi. Je suis pieds nus et mes jambes sont de la même couleur que mes bras - logique ! -, un peu chocolat au lait.

Ce qui m'étonne le plus, c'est que je ne tombe pas, non. Je flotte.
Mais où suis-je ?

Je décide finalement de ne plus bouger, pour ne pas faire de gestes que je pourrais regretter par la suite. Alors je reste là, à attendre que ça passe, quand une main se pose sur la mienne. J'ai envie de la toucher, ou de gesticuler, pour montrer à la personne à qui appartient cette main que je suis là, qu'il y a quelqu'un sous cette robe. Mais je me suis promise de ne pas bouger. Alors je ne bouge pas.

Le contact de cette main, plutôt pâle par rapport à moi, est doux. Il me paraît familier, mais... non. Je ne pense pas.

La douce main finit par m'agripper les doigts.
Elle me les sers tellement fort que j'ai peur de ne plus jamais les revoir.
Elle me presse les doigts, un peu plus doucement.
On me pique.
Mes yeux se ferment.