Chapitre VI - Millyéna

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Elle me sourit. Je crois qu'elle m'a reconnu. Comment à t-elle su ? Neya m'a assuré que personne ne savait. Que j'étais leur secret. Comment est ce que ça se fait qu'elle soit là, devant moi ? Je n'y comprends plus rien. Elle aurait menti ?

J'ai envie de faire demi-tour, d'essayer de m'en aller, en sachant que, quelque soit le mouvement que je ferai, elle me rattrapera. Elle est plus rapide. Je suis plus lente. Mai je suis forte. Enfin, je crois. Non ! Je suis sûre. Je suis forte, avant tout pour mes amis. N'était-elle pas mon amie, avant ? Je ne sais pas. Ce ne sont peut-être que de beaux mensonges de la part de Neya. Je lui faisais confiance.

Arrêtes de dire des bêtises, Milly, tu lui fais encore confiance ! Me rappelle ma conscience.

Oui, c'est vrai.

Et si cette histoire n'était qu'un rêve ? Peut-être qu'en faite, je dors, paisiblement, et que je rêve. En vrai, je vais très bien, je n'ai jamais loupé cinq ans de ma vie, je ne suis pas à l'hôpital... Je me pince, je me frappe - quand même assez discrètement, je ne voudrais pas qu'on me prenne pour une folle ! - mais non, je ne me réveille pas.

Quand à elle, elle est toujours devant moi, assise sur ce banc, à me regarder dans les yeux, les bras croisés sur la poitrine, les jambes croisées, aussi. Elle me fixe. Je la fixe.

J'ai peur.

: Inconnue :

Ah, enfin, elle sort ! Sur son fauteuil roulant, comme je m'y attendais ! Elle est belle, quand même. Il faut l'admettre.

Ses fins bras se sont arrêtés dès qu'elle a croisé mon regard ! Ah ah ! Elle n'aurait pas peur de moi, si ? Je la détaille : ses longs cheveux noirs, toujours aussi raide, son beau visage avec ses yeux marron, sur lesquels je m'attarde un peu. Elle le sent. Elle est mal à l'aise. Sa robe rouge, qui s'arrête mi-cuisses, ses très fines jambes. Elle a encore maigrit, ou quoi ? Ça doit être à cause du coma... Et son fauteuil, noir, qui paraît très... imposant, comparé à sa petite carrure...

Elle n'a pas changé. Enfin, si, bien sur que si ! Mais je l'ai quand même reconnue !

Je me lève. On ne va pas rester, dix mètres nous séparant, à continuer cette bataille de regards inutile.

« Bonjour Milly. »

Je suis arrivée à sa hauteur. Pas trop près, non, plus, pour ne pas qu'elle croit que je la prends de haut. Je remarque une ardoise sur ses genoux. Qu'est ce qu'elle fait là ?

Elle baisse la tête, un tout petit instant après ma « salutation », ouvre le stylo indélébile et note sur l'ardoise : « BONJOUR AXELLE ».

« Tu ne peux pas parler ? »

J'attends encore un petit moment, avant que je puisse lire : « NON, ÇA TE POSE UN PROBLÈME ? ».

« Ne soit pas si violente ! Je te posais une simple question ! Je venais en amie.

- OUI, OUI !

- Je te promets ! Ne va pas croire ce que raconte ta petite troupe. C'est moi qui ai appelé les secours, j'aurai très bien pu te laisser mourir sur la route, non ?

- DE QUOI TU ME PARLES ?

- Oh ! Tu ne sais pas ? Désolée, ce n'est pas à moi de te raconter tout ça ! Tu demanderas à Neya, elle se fera une joie de tout t'expliquer ! »

Je lui sourie. Un sourire un peu plus sadique que ce que je voulais, mais tant pis. Je passe derrière elle, m'accroche à son fauteuil, et l'emmène vers le parc.

L'Hypermnésique Amnésique •en Arrêt Indéfini•Où les histoires vivent. Découvrez maintenant