Chapitre 1

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Même si j'ai 17 ans et que c'est ma dernière année, je reste fébrile à l'idée de commencer l'année scolaire dans une nouvelle école. Et si l'histoire se répétait? Je me prépare depuis déjà une trentaine de minutes lorsque mon alarme sonne pour m'indiquer de me réveiller. Je veux avoir l'air soignée mais sans avoir l'air d'avoir passé deux heures à me préparer. Je lisse mes cheveux et enfile une jupe grise et un chandail à manche longue noir, en priant pour qu'il ne fasse pas trop chaud. Je fais un trait de liner et mets du mascara, puis me regarde pour m'assurer que mon maquillage est uniforme. Je brosse une dernière fois mes cheveux avant de me diriger hors de ma chambre. Je marche jusqu'à la cuisine où mon père est déjà attablé à manger ses toasts au beurre d'arachides.
-​Papa, est-ce que tu pourrais venir me porter chez Émilie tout à l'heure? Je n'ai pas envie d'arriver seule à l'école.

- Bien sûr, après que tu aies mangé.
-Oh non papa, si je mange mon ventre va gonfler et après de ne me sentirais plus belle à l'école.
-Oh bien sûr tu as raison, ne mange pas de l'année. Je suis certain que personne ne mange à l'école de toute façon, c'est superflu.
​Je roule des yeux et m'assoie avec lui afin de manger la moitié de toast qu'il m'offre. Je suis si nerveuse que j'ai l'impression que ma nourriture va ressortir. Il se lève, va se brosser les dents et attrape ses clés. Nous sortons de la maison et entrons dans la voiture. Je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il ne verrouille jamais les portes lorsqu'il part. J'ignore si ce n'est qu'une simple habitude ou s'il n'a simplement pas peur de se faire voler nos biens. Je suppose qu'après avoir vécu aussi longtemps d'une une aussi petite ville ont fini par ne plus trop s'en faire pour les cambrioleurs. Nous montons en voiture et partons vers la demeure d'Émilie. Le trajet se fait en silence. Nous écoutons la radio et je me permets de profiter du vent chaud d'août qui caresse mon visage. J'aime ce genre de matin. Hormis mes attentes vis-à-vis l'école, j'apprécie la tranquillité qu'offre un tour en voiture. Le bruit du moteur, celui du vent, le soleil qui traverse le pare-brise, l'odeur du cuir lorsqu'on entre à l'intérieur, la sensation de chaleur lorsqu'on s'assoie dans les sièges après s'être baigner toute la journée, rien ne sait plus m'apaiser que cela. Lorsque nous arrivons devant sa maison, je remarque que les garçons sont déjà présents. Je remercie mon père puis vais les rejoindre. Ils sont tous assis sur la galerie en bois qui orne le devant de sa maison. Elle n'a pas la plus grande des demeures, mais elle est de loin la plus belle du quartier. Sa mère est une folle du jardinage et n'hésite pas à planter une variété impressionnante de fleurs afin d'aider la population d'abeille à poloniser. Une chose est sûre, c'est que ces petites bêtes doivent l'adorer.
-Hey, ça va? dis-je.
-Mon dieu, combien de temps as-tu prise pour te préparer ce matin? lance-t-elle en ricanant.
Je la regarde confuse, merde, est-ce que j'en ai trop fait?
-Hum, plus de temps que je ne veux l'admettre.
-Tu es jolie, dit-elle en me souriant.
Je soupire de soulagement. Je lui souris suite à son commentaire et la remercie. Je ne peux m'empêcher de remarquer son décolleté plongeant lorsque je la regarde. Même si elle est de taille plutôt fine, elle possède d'énorme atout féminin. Ses cheveux bruns aux épaules sont remontés en petit chignon. Elle porte une robe noire avec un col blanc ainsi que des petites bottines. Quant aux garçons, ils rigolent en se montrant des vidéos de je ne sais trop quoi. Nous discutons quelques minutes avant de finalement prendre le chemin de l'école, ou prison comme Tom et Dan aiment l'appeler. Alors que Carl discute du match de basket qui aura lieu vendredi pour célébrer le retour des classes avec Pierrot, je discute en retrait avec Em.
-L'été prochain, tu fais le hot girl summer avec moi, promis? me dit-elle
-J'adore le fait que tu embrasses ta féminité et ta liberté, mais je ne suis pas certaine que ce soit fait pour moi.
-Pourquoi pas? Ce n'est pas comme si tu n'avais jamais rien fait!
Je plisse le nez en entendant ses mots. Je déteste parler de ma sexualité en présence des membres du groupe. De plus, elle sait pertinemment que je n'ai que très peu d'expérience.
-Quoi? Non, je dis juste que l'été prochain est dans longtemps et qu'on a encore beaucoup de temps pour y penser.
Je la vois rouler des yeux, elle sait que j'esquive le sujet. Je refuse de parler de cela avec elle devant les pires fouines de la terre entière. Les personnes qui ont décrété que les garçons se tiennent loin du drama, n'ont clairement jamais passé un été complet avec ceux-ci.
-Tu as raison, et tu sais quoi? Nous serons à l'université l'an prochain, s'écrit-elle. Fini les garçons, bonjour les hommes!
Je secoue tout en lui souriant. Qu'est ce qui peut plus intéresser Émilie Miller que la gent masculine? Je dois avouer que certain sont plutôt charmant. Dan par exemple. Grand, tatoué, cheveux noirs, imposant. Il n'est peut-être pas musclé mais je ne chercherais clairement pas à me battre avec lui. Son seul point faible? C'est un charo.
Lorsque nous arrivons à l'école je ressens une déception. J'ai l'impression d'être transportée 50 ans en arrière. L'école n'a rien de moderne et ressemble aux établissements qu'on voit dans toutes les séries du genre Riverdale. Je n'ai jamais écouté, mais je trouve que ça colle. Plusieurs tables à pique-nique sont disposée sur le gazon du côté droit de l'établissement. Un grand espace réservé au basketball englouti la moitié gauche du terrain. Des gradins aux couleurs de l'équipe sont disposés tout autour de celui-ci. Une grande banderole représentant un loup enragé entouré de flammes verte est accrochée au-dessus des portes principales. Les Loups de Cornwall, je suppose que ce doit être l'équipe de basket du lycée.
Nous nous assoyons autour d'une table près de l'entrée et je regarde les gens qui passent. Je distingue les premières années, pressés de commencer une nouvelle année dans u, nouvel établissement. Ils me font penser à moi me préparant ce matin. Je fixe un étudiant ayant échappé ses livres scolaires lorsqu'on me donne un petit coup d'épaule.
-Alors? Est-ce aussi grand qu'à Washington? me demande Carl.
-Tu sais bien que non, dis-je en lui souriant. Je me demandais, avez-vous un bal de la rentrée?
-Ouais, répond Pierrot sans même lever les yeux de son cellulaire, mais c'est nul.
-Parle pour toi, rétorque Dan, tu n'as simplement jamais réussi à inviter une fille.
Les deux commencèrent à se chamailler sur le fait que le nombre de tire n'équivaut pas le nombre de but et que de ce point de vue, Pierrot à une bien plus grosse moyenne. J'arrête de les écouter pour m'adresser à Em.
-Je dois aller aux toilettes, tu viens avec moi?
Elle hocha la tête et nous partîmes à l'intérieur. Em me présenta un peu l'intérieur de l'école. Les salles de classes que nous pouvions voir sur notre chemin ressemblait à n'importe quelle salle de cours. Les couloirs sont tapissés d'affiche de club extra-scolaire, d'offre de gardiennage, de concours de toutes sortes et surtout, du planning de notre fabuleuse équipe de basket. Les portes en bois massif clair contraste les murs en bétons blancs. C'est une école quoi. Nous entrons à l'intérieur de la salle de bain et discutons de ce que nous réserve cette matinée. Lorsque la cloche retentit, nous nous empressons de rejoindre les autres élèves au gymnase afin d'avoir droit à une merveilleuse conférence. Le proviseur nous souhaite à tous une très belle année et nous explique les règles de base de l'établissement. Il discute de la préparation du bal des finissants et nous informes que les inscriptions pour faire partie de ce comité, ainsi que tous les autres, se fera à la cafétéria durant toute l'avant-midi. Il s'attarde un peu sur le code vestimentaire, puis passe la parole à un élève afin de nous parler du recrutement pour l'équipe.
Lorsqu'un beau blond prend place près du directeur pour nous vanter les mérites de se joindre à eux, je ne peux que sentir mon cœur s'emballer. Ses longs cheveux blonds bouclés aux épaules ont l'air si soyeux. Je suis trop loin pour distinguer les détails croustillants de son visage angélique, mais je peux dire avec certitude que si la tentation était une personne, ce serait lui. Sa prestance est tout simplement incroyable. Il ne bégaie pas une seule fois et ses phrases sont accompagné de cris de supporteur et de filles qui ont, probablement, le même ressenti que moi face à sa beauté.
-C'est qui lui? demandai-je à Em.
-Oh, enfin un peu d'intérêt envers un spécimen de la gent masculine!
Je ris avant de lui dire que je le trouve effectivement charmant. Même si ce qualificatif est trop faible pour le décrire.
-Oublies-le c'est mieux ainsi, si le hot girl summer ne t'intéressais pas, dis-toi qu'avec lui c'est le hot night only.
Je me redressai, déçue, et continuai d'écouter le discours.
-Tu dois quand même admettre que sa coupe est quand même... hors du commun, dis-je.
-Chérie, t'es dans le milieu de nulle part. Ici, la coupe longueuil est plus une normalité qu'une buzz cut.
Je rigole, puis recommence à le regarder. Je prie pour qu'il me remarque, qu'il me regarde et me trouve aussi belle que je le trouve beau. J'imagine un scénario où il croiserait mon regard après avoir entendu m'avoir entendu rire et serait comme hypnotisé. Il viendrait me voir après le discours et ont discuterait. Je vois déjà tous les regards sur moi lorsqu'on marcherait main dans la main dans les couloirs de l'école. Pourtant, une fraction de seconde après avoir eu cette réflexion, il me regarde effectivement. J'ai l'impression que mon cœur fait un salto arrière. Même si ses yeux ne se sont posés sur moi que quelques secondaires, je ressens des millions de petites fourmis dans mes doigts. Ou alors?
-Mademoiselle, avez-vous quelque chose à nous partager.
Merde, mon cellulaire sonnait depuis je ne sais combien de temps alors que je fantasmais sur le premier venu. Mais quelle idiote! J'ai vraiment cru que j'étais le personnage principal d'un film des années 2000 clichés. Putain, j'ai trop honte.
-Non, je.. bredouillais-je, je suis désolée.
-Les cellulaires sont interdits, nous venons d'aborder le sujet, mais peut-être qu'une visite dans mon bureau serait nécessaire à vous le faire comprendre?
-Absolument pas Monsieur, j'ai parfaitement compris je vous le promets.
Il fait signe au jeune homme de continuer, puis il passe la parole à la capitaine des cheerleaders qui nous montre la chorégraphie qu'ils nous ont préparés en collaboration avec l'équipe de l'école. Je me tourne vers Émilie et lui chuchote à l'oreille les pensées qui me traversait avant de me faire interrompre par notre dictateur. Elle explosa de rire et se moqua de moi de fantasmer sur quelqu'un dont je ne connais même pas le nom. Dit comme ça, j'ai l'air complètement stupide. Nous regardons le spectacle que nous offre les demoiselles tout en discutant de ce que nous ferons cette après-midi. Puisque les rentrées ne sont que des demi-journées et que nous sommes vendredis nous pourrions nous prévoir quelque chose. J'acquiesce et nous dirigeons vers les tables au fond du gymnase afin de récupérer notre emploi du temps du premier semestre. Lorsque je me retrouve seule parce qu'Em doit régler une urgence féminine, je sens une main sur mon épaule. Ce n'est que lorsque je me retourne que je manque m'évanouir. Bordel, il est là.


Some sayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant