Chapitre 4

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La voix ne m'est pas inconnu mais mes idées sont si embrouillées que je ne parviens pas à m'en rappeler. Steve est toujours statique devant les marches à toiser l'inconnu du regard. Si cet individu peut mettre la personne la plus gentille qu'il m'ai été donné de rencontrer dans un tel état, je ne souhaite pas savoir qui elle peut bien être. Peut-être un rival d'une équipe adverse ou encore pire, un cousin maléfique qui lui vole tout ce qu'il a depuis leur enfance. Je décide d'aller le rejoindre afin de lui montrer mon soutien. Il m'offre tout de même le gîte parce que je suis trop déchirée pour rentrer chez moi. Une fois près de lui je regarde dans sa direction. Je regrette aussitôt mon élan de solidarité. Billy est devant l'entrée, sourire aux lèvres, encore plus beau que dans mes souvenirs. Mon cœur ne fait qu'un bond lorsque nos regards se croisent. Je baisse les yeux sur mon accoutrement. Les vêtements que je porte n'étant pas les miens, il peut être facile d'insinuer que nous avons fait des choses dans sa chambre. J'ai trop honte putain.

-Est-ce que je te dérangeais par hasard?

J'ai envie de lui crier que je n'ai rien fait avec lui, que je ne suis pas une traîné qui couche avec n'importe qui en soirée. Même si Steve est d'une gentillesse époustouflante et que son petit sourire angélique me réchauffe le cœur, je ne le désire pas. Enfin, pas de la même façon que Billy. Lorsque je le vois, je n'ai qu'une envie, lui sauter dessus. Il réveille une partie de moi que je n'avais encore jamais rencontrer, celle du désir. Celui de toucher sa peau, d'embrasser ses lèvres, de sentir ses cheveux me chatouiller les cuisses quand il descendra... La sensation de chaleur qui m'envahi quand je nous imagine faisant profondément connaissance me ramène à l'ordre. Si je veux un jour pouvoir avoir la moindre chance avec lui, je dois me sortir de cette situation. J'ai envie de retourner dans la chambre et m'y enfermer pour le reste de la soirée mais ne peux m'y résoudre. Si je dois être honnête avec moi-même, la seule raison pourquoi je me retrouve ici est parce que j'espérais pouvoir croiser cette beauté. J'hésite à prendre mes jambes à mon cou et ne plus jamais revenir ici. Je pourrais rappeler ma mère et lui expliquer ce soir. Elle viendrait me chercher et je pourrais retourner à mon ancienne vie complètement pathétique. Loin de mes amis, de mon père, de ma nouvelle école et surtout, loin de Billy. Lorsque le démon lève les bras et que les gens s'excitent, les cris m'extirpe hors de mes pensées. Derrière lui, deux jeunes hommes ressemblants aux frères Winchester transporte un grand baril de bière. Tous prennent la direction de la cour arrière. Sans un regard dans ma direction, Steve descend les marches deux à deux et les suit. Au même moment, je vois Émilie sortir d'une salle près d'où je me trouve. Elle s'essuie les lèvres et se fige lorsqu'elle me voit. Elle analyse chacune des parcelles de mon corps avant de m'empoigner le bras. Dan en profite pour s'extirper de la pièce et descend. Est-ce qu'elle s'essuyait les lèvres parce qu'elle... Oublions ça. Elle m'entraîne à l'endroit où elle était un peu plus tôt et manque me casser les bras tellement elle me les sert. Ses ongles s'enfoncent dans ma chair mais je n'en fais rien.

-Meuf, c'est les vêtements à qui que tu portes?

Je commence à me débattre sous sa poigne.

-Tu me fais mal.

Sa force est surprenante. Je ne comprends pas comment je peux être aussi molle et elle si ferme. Je me souviens pourtant très bien l'avoir vu boire autant que moi, sinon plus. Je la regarde dans les yeux cherchant son secret. Si elle réussit aussi bien à tenir l'alcool je dois savoir comment. Ses pupilles sont étrangement dilatées et son regard est fuyant. Elle renifle plusieurs fois quand elle me repose sa question. Je ne réponds pas et continue de la fixer. Elle grince des dents à répétition et se touche constamment le nez. J'ai déjà vu se comportement, une fois, lorsque j'étais plus jeune. C'était lors d'un réveillon du jour de l'an. Mes parents m'avaient emmené chez un de leur couple d'ami et leur fils, beaucoup plus âgé que moi, avait la même attitude. Je me souviens m'être blotti contre les jambes de ma mère, lui demandant ce que le garçon avait. Papa m'avait foudroyé du regard, probablement car je parlais trop fort du fils de son ami. J'avais simplement eu droit à une réponse vague du genre "il a attrapé froid". Plus tard alors qu'elle me bordait, maman m'avait expliqué que parfois les gens prennent des substances qui les rendent bizarre. Que cela ne fait pas d'eux des mauvaises personnes, mais que lorsqu'ils sont dans cette état, il vaut parfois mieux laisser couler des choses que l'on n'acceptera pas forcément en temps normal. Je souhaitais du plus profond de mon être qu'elle n'est rien consommer, mais ses doigts tremblants et ses yeux exorbités me laissaient croire le contraire. Je ne pus m'empêcher de lui poser la question, sachant que la réponse risquait de me décevoir.

Some sayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant