Chapitre 1 (Nina)

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À toutes les âmes qui cachent leurs blessures derrière des sourires.

À tous ceux qui ont traversé les tempêtes silencieuses de leur propre cœur, croyant qu'ils étaient seuls.


Ce récit est pour vous.













Mon réveil retentit depuis déjà 20 bonnes minutes, mais je l'ignore avec une persistance presque comique. La douce chaleur de mes couvertures me retient, et l'idée de quitter ce cocon douillet m'effleure l'esprit sans vraiment s'imposer. Pourtant, je sais qu'il est impératif que je me lève. Aujourd'hui est un grand jour, celui où je pars pour ma toute nouvelle vie. Une aventure excitante m'attend à des milliers de kilomètres de là, mais en cet instant précis, cela semble si lointain.

Mon vol est à 8h12, et si je veux m'envoler à temps, il va falloir que je me bouge. Mais rien n'y fait, mon corps refuse de coopérer, engourdi par une nuit trop courte. La perspective de quitter mon univers familier me freine, bien que l'excitation d'une nouvelle page qui se tourne me tire discrètement vers l'avant.

Soudain, la voix de mon père résonne avec force de l'autre côté de la porte.

— DEBOUT !!! hurle-t-il, avec une énergie que je ne partage pas encore.

À peine ai-je entendu ce cri de guerre qu'il déboule dans ma chambre comme un ouragan. Je n'ai même pas le temps de réagir que déjà, il est là, une présence imposante dans l'encadrement de la porte. Instinctivement, je plonge ma tête sous mon oreiller, espérant qu'il ne me verra pas. Mission impossible, évidemment.

— Moi qui pensais que tu étais pressée de partir pour Denver ! lance-t-il en exagérant une moue faussement étonnée.

Cela fait un mois que je ne cesse de lui parler du campus de Denver, depuis que j'ai reçu cette fameuse lettre d'acceptation. Je suis pressée, c'est vrai. Mais à mesure que l'heure du départ approche, je me rends compte de toutes les petites choses qui vont me manquer ici : ma chambre, ma routine, et surtout, ces moments simples avec mon père.

— Tu veux tellement te débarrasser de moi, hein ? souffle-je en essayant de garder un ton léger, mais mon cœur se serre un peu.

Mon père, en bon acteur, s'étale lourdement sur mon lit, me prenant dans ses bras comme s'il s'agissait du dernier câlin avant l'adieu final. Depuis la séparation de mes parents et le départ de ma mère, nous sommes devenus incroyablement proches, lui et moi. Nous avons dû nous adapter, nous reconstruire, et au fil du temps, notre complicité s'est renforcée. Des éclats de rire partagés aux silences réconfortants, il est devenu mon pilier.

Les visites de ma mère sont rares, si rares que je peine à me souvenir de la dernière fois qu'elle est venue. C'était sans doute lorsque j'avais 14 ans. Aujourd'hui, j'en ai 17, et elle reste une ombre dans ma vie, lointaine et floue.

Nina ( TOME 1 ) RÉÉCRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant