[PROLOGUE] Une arrivée inattendue

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- Hawkins, 29 août 1983 -

Le Walkman dernier cri de ma mère sur les oreilles, je songe qu'il est probablement trop grand pour moi et tente de le rajuster sur mes oreilles enfantines

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Le Walkman dernier cri de ma mère sur les oreilles, je songe qu'il est probablement trop grand pour moi et tente de le rajuster sur mes oreilles enfantines. Cela devait bien faire cinq heures que nous roulions dans sa Citroën, et que, sans grand entrain, je mirais les panneaux routiers s'enchaîner les uns après les autres. Me surprenant moi-même à regarder mon reflet sur la vitre, je contemple un instant la touffe de boucles brunes me servant de cheveux, oscillant entre mon impatience d'arriver et celle de repartir aussi sec.

Remettons les choses dans leur contexte : je m'appelle Emily Lopez, ai eu onze ans cet été et ai été forcée de quitter ma Floride natale pour m'installer dans un trou perdu dans l'Indiana. La raison de ce déménagement est aussi simple qu'absurde : sur un coup de tête, ma mère a démissionné de son poste d'adjointe dans un lycée côté plutôt bien payé pour plier bagage sans prendre la peine de me consulter en espérant quitter la civilisation pour ce bled... atypique, disons-le poliment. D'un côté, ça ne me dérangeait pas, parce que tous les gens de mon ancienne école me trouvaient trop bizarre pour que je sois leur amie. Peut-être que dans cet endroit complètement hors du temps sans doute rempli de vieillards et d'Amish, j'allais trouver des enfants assez intelligents pour se démarquer de ces autres crétins en Floride ?

J'ai enlevé à contrecœur « Rock the Casbah » du groupe The Clash de mes oreilles en sentant que ma mère me tapotait nerveusement l'épaule. Les oreilles sifflant suite au volume élevé que j'avais écouté pendant une trop longue durée, je l'entends m'affirmer, comme si elle avait lu dans mes pensées :

On arrive bientôt ! Espérons que ce changement sera bénéfique...

C'est sûr que personne ne s'en prendra à moi, remarquai-je avec amertume. Les rues sont vides.

Chérie..., me souffla ma mère sur un ton de reproche. Tu verras, tu pourras te faire pleins d'amis ici. C'est un nouveau départ ! Qui sait, peut-être que certaines filles aimeront jouer à tes jeux de rôles...

Personne n'aime les jeux de rôles, maman, coupai-je. Plus maintenant.

Cette ville a l'air tellement démodée, ça ne m'étonnerait pas que quelqu'un y joue..., m'imita ma mère avec une voix monotone, m'arrachant malgré mes efforts un faible sourire. Et puis, regarde toutes ces routes désertes ! Tu vas enfin pouvoir rouler à vélo sans que je ne m'inquiète et passe la tête dehors toutes les dix minutes !

Elle n'avait pas totalement tort, alors j'ai un instant laissé tomber le Walkman pour m'enfoncer dans mon siège, lisant un écriteau bancal proclamant « Bienvenue à Hawkins ». Cet écriteau était bien le seul semblant vouloir de nous dans cette ville... Tous les passants regardaient notre voiture avec insistance, songeant sans doute que nous nous étions perdues. J'ai même aperçu quelques lycéens plus âgés que moi en train de me fixer, alors j'ai honteusement baissé le regard, sentant mon teint hâlé rougir malgré moi. Les jeunes étaient trois : deux garçons, dont une tête à claques au visage parsemé de tâches de rousseur et un autre avec des cheveux lisses, et une fille, mastiquant un chewing-gum et secouant sans cesses ses boucles rousses, les mains dans les poches de son blazer (qu'elle portait malgré cette chaleur de fin d'été).

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