[4] Le corps

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- Hawkins, 9 novembre 1983 -

J'étais rentrée en trombe chez moi, en pleine nuit, me précipitant dans ma chambre en claquant la porte sans dire un mot

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J'étais rentrée en trombe chez moi, en pleine nuit, me précipitant dans ma chambre en claquant la porte sans dire un mot. Depuis le salon, ma mère n'avait pas compris tout de suite, jusqu'à ce que son feuilleton préféré s'interrompe pour laisser place à un flash spécial concernant la mort de Will. Je n'arrêtais pas de pleurer, allongée sur mon lit, repliée sur moi-même sans même avoir pris la peine d'enlever mon manteau. De l'eau salée s'écoulait de mes yeux, roulait sur l'arrête de mon nez jusqu'à s'écraser au bout d'un long cheminement contre ma tempe sur mon oreiller. Épuisée, je n'ai rien trouvé de mieux à faire que fixer le vide sans but, ignorant ma mère chaque fois qu'elle frappait à la porte dans le but de me réconforter. Restant silencieuse, je me suis dit qu'elle ne ferait pas la différence entre ma présence et mon absence, et ai décidé une fois de plus de faire le mur.

Je suis sortie par la fenêtre du premier étage, manquant de me ramasser lors de la réception. Sans vraiment comprendre ce que je faisais, j'ai rejoint la maison de Mike puis ai frappé deux coups à la porte. C'est seulement quand Karen m'a ouvert que j'ai pris conscience de la bêtise que je venais de faire :

— Emily, reconnut-elle en observant mes yeux bouffis à cause des larmes. Te... ta mère sait que tu es là ?

— Oui, mentis-je. Je... je voulais juste parler à Mike. Pour... enfin...

— Vas-y, rentre, s'empressa-t-elle de m'accueillir. Ne reste pas dans le froid. Michael ! appela sa mère tandis que j'enlevais mes chaussures. Tu as de la visite !

— Quoi encore ? maugréa-t-il.

Depuis le sous-sol (probablement parce qu'il avait raccompagné Elfe après sa crise de nerfs en cachette), il se stoppa net à ma vue, hésitant sûrement à me chasser de là avant que je ne dise quoi que ce soit... Mais face au regard attentif que sa mère lui portait, il préféra éviter ses foudres en me faisant signe de passer par l'escalier, sans toutefois lever son visage peiné vers moi. Sans un bruit, j'ai descendu les marches en bois grinçantes et ai croisé le regard d'Onze, qui était de retour sous sa tente improvisée. Je ne savais pas quoi faire, alors, le visage fermé, je me suis laissée retomber lourdement sur le sofa. De son côté, Mike continuait à agir comme si je n'étais pas là, regardant tous les dessins de Will à la craie défiler sous ses yeux. De temps à autre, je jetais un coup d'œil vers eux, me remettant à fixer le vide dès que Mike se tournait vers moi. Il voulut vite cesser le bruit que faisait la fillette avec le talkie-walkie, visiblement agacé :

— Tu veux bien arrêter ça ?

L'ignorant à ma grande surprise, elle continuait de trafiquer les boutons, alors il a répété :

— T'es sourde ?

J'ai compris qu'il y avait un but à tout cela, donc je me suis décidée à me lever des coussins moelleux pour la rejoindre, accroupie sur le sol inconfortable rempli de papiers et de restes de nourritures. J'avais tellement envie qu'elle réussisse... On aurait dit qu'elle avait quelque chose à prouver, que tout allait rentrer dans l'ordre après ça. Incapable de comprendre les évènements, Mike recommença à nous reprocher :

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