[2] La barjot de Maple Street

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- Hawkins, 7 au 8 novembre 1983 -

De retour à une heure tardive dans le sous-sol des Wheeler, nous ne cessions de regarder la petite fille, assise face à nous sur le canapé couverte du manteau de Mike

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De retour à une heure tardive dans le sous-sol des Wheeler, nous ne cessions de regarder la petite fille, assise face à nous sur le canapé couverte du manteau de Mike. Apeurée, elle évitait nos regards et baissait sans arrêt la tête, de façon si régulière que Mike se lassa et décida de lui demander :

— Tu connais un numéro qu'on peut appeler ? Celui de tes parents ?

— Où sont tes cheveux ? lâcha Dustin. T'as un cancer ?

— Dustin ! le réprimandai-je.

— T'as fugué de chez toi ? poursuivit Lucas.

—T'as des problèmes ? tenta de deviner Mike.

— C'est du vrai sang ?

— Les gars, les gars ! arrêtai-je en empêchant Lucas de tendre sa main vers la fille. Cet interrogatoire, ça ne va sûrement pas arranger les choses, il faut la laisser se reposer.

— Ouais, se ravisa Mike en se tournant vers Lucas. Tu la stresses !

— Elle me stresse ! se défendit-il.

— Elle doit être sourde, zozota Dustin avant de faire frapper ses mains à quelques centimètres de son visage, déclenchant un soubresaut de sa part. Ah, pas sourde.

J'ai soupiré, exténuée par le comportement des garçons. M'excusant auprès de la fillette, je lui lance :

— Désolée, ils sont un peu trop... tout.

— Ça suffit, ok ? décida Mike. Elle a juste peur et froid.

Il s'en alla chercher des vêtements dans le bac à linge sale, tandis qu'un autre éclair faisait gronder le ciel. Même si nous étions à l'abri de la tempête, la fillette sembla effrayée en entendant cet immense bruit, ne se sentant pas en sécurité malgré tous les efforts que nous avions fait pour que ce soit le cas. Ses yeux se sont fermés, comme si elle attendait que la menace s'en aille, mais le tonnerre rugissait comme une bête sauvage depuis l'extérieur. Cherchant à la remettre à son aise avant tout autre chose, je m'avance lentement devant Lucas et Dustin, lui assurant :

— Ne t'en fais pas, tu es en sécurité ici. Personne ne te fera de mal. Je... je peux m'assoir à côté de toi ?

À mon grand soulagement, la fillette hocha la tête, et je me suis posée sur les coussins épais et moelleux comme si j'étais en train de m'assoir sur une bombe. Ne faisant aucun mouvement brusque de peur qu'elle ne soit de nouveau craintive, je lève les yeux vers Mike, qui avait ressorti un pull et un jogging sales lui appartenant du panier. Après tout, ce sera toujours mieux que le t-shirt à l'imprimé hamburger taché de sang qu'elle portait... Sans hésiter, il lui tendit les vêtements en lui disant :

— Tiens, ces vêtements sont propres. Plus ou moins, ajouta-t-il à mon air sceptique.

Passant le relai, j'attrape les deux habits pour les poser sur les genoux de la petite fille. Réconfortée par ce geste, elle commença à les serrer fort contre elle, reniflant le tissu chaud comme pour se réconforter. Lucas et Dustin ont échangé un regard, l'air de dire « elle est timbrée », mais j'ai vu dans ce geste une véritable détresse de sa part : elle n'avait pas eu droit à de nouveaux vêtements chauds et douillets depuis un bon bout de temps. Posant le tout à côté d'elle, la fillette accepta d'enlever l'imperméable de Mike, se relevant pour tendre ses mains vers le bas de son t-shirt pour le remonter. Stoppant son geste en criant en chœur avec Dustin et Lucas, Mike ferma les yeux par réflexe, l'empêchant de se déshabiller devant nous. Nos deux amis se sont carrément retournés pour reculer de quelques pas, et Mike empoignait fermement sa main, desserrant sa prise face à mon air mi-moqueur mi-accusateur :

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