Bienvenue à Hawkins

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Août 1985, Novossibirsk
Russie

Esther Smirnova

Cela fait maintenant 7 mois que papa nous a quitté maman et moi. Il travaillait dans une prison très loin de Novossibirsk. Novossibirsk était la ville où nous habitions avant de déménager pour de bon aux États-Unis à la fin des vacances d'été. On ne le voyait pas très souvent car son travail lui prenait non seulement beaucoup de temps et il était aussi très loin, à l'autre bout de la Russie. Il revenait quelques fois par an, le temps d'une ou deux semaines aux périodes des fêtes puis repartait travailler.

Lorsque nous avons reçu la lettre qui disait que mon père était mort au travail, on a d'abord cru à un canular.

D'après cette lettre, mon père était mort en travaillant un matin alors qu'il faisait son tour de garde. Un prisonnier qui avait réussi à se procurer une arme l'avait tué de sang froid et ils avaient retrouvé son cadavre lors du tour de garde suivant.

Un canular de très mauvais goût certes, mais rien de réel. Mon père n'avait pas pu mourir. Il avait toujours été si fort. Un simple prisonnier n'avait pas pu lui ôter la vie comme de rien.

Puis un homme de l'armée est venu à la maison pour nous rapporter les affaires qu'il avait emmené à la prison. Là, nous avons tout de suite su que tout était vrai. Trop vrai même. Ma mère m'a envoyé chez la voisine ce jour-là. Je n'étais plus une enfant alors j'avais très bien compris qu'elle ne voulait pas que j'entende leur conversation. Mais elle m'avait inventé que la voisine avait besoin d'aide pour transporter des cartons dans son grenier et je comprenais qu'elle ne veuille pas que j'assiste à tout cela.

Quand je suis rentrée quelques heures plus tard, elle avait beaucoup pleurer. Ça se voyait sur son visage. Je n'avais pas pleurer de l'après-midi, bien que je savais ce qui était en train de se passer. Mais en la voyant près de ce carton rempli de choses appartenant à mon père, les yeux rougis par les pleurs, je fondis en larmes.

Je ne suis plus retournée à l'école après ça. Même l'école de danse ne m'avait plus revue de toute l'année scolaire. Je n'avais même pas récupéré les affaires dans mon casier. En même temps, mes manuels de math n'étaient pas les choses qui me manquaient le plus à ce moment-là.

Mes amis n'étaient même pas venus me rendre visite. Pourtant, tous les professeurs avaient répandus la nouvelle sans aucune pudeur dans toute l'école pour "informer mes camarades de ma situation difficile afin qu'ils soient indulgents avec moi quand je reviendrai". Les professeurs m'avaient envoyés du travail par la poste, dans l'espoir que mon deuil ne m'empêche pas d'avoir de bonnes notes au prochain trimestre.

Je n'avais même pas pris la peine d'ouvrir les dizaines d'enveloppes que j'avais reçu. Toutes étaient épaisses de plusieurs centimètres et contenaient des dizaines de chapitres de science, de math ou encore de littérature. Je n'avais pas du tout la tête à apprendre mes leçons par cœur.

Après deux mois, je suis retournée à l'école. Non pour rattraper mon retard mais pour me désinscrire de l'établissement. Ma mère et moi avions décidé d'un accord commun de déménager aux États-Unis pour se rapprocher de ma tante. La sœur de ma mère était notre seule famille, mon père n'en avait pas alors les réunions de famille se limitaient toujours à nous trois jusqu'à présent.

Nous rendions visite à ma tante une année sur deux pour Thanksgiving car le voyage était long et coûtait très cher alors nous ne nous connaissions que très peu mais cela ferait du bien à ma mère de repartir à zéro. Être loin de tous nos souvenirs avec papa, comme si elle voulait l'oublier pour de bon.

Dans un sens, je la comprenais un peu mais je n'avais pas envie d'oublier mon père. Ce dont j'avais le plus envie, c'était de quitter ce lycée d'hypocrites et ce pays où les habitants ont le cœur plus froid que la météo.

Au milieu du mois d'août, nous avions préparé toutes nos valises. Nous avions fait beaucoup de tri et n'avions emporté que le nécessaire pour ne pas payer trop cher le voyage en avion.

Comme ma mère n'avait plus de travail depuis quelques mois puisqu'elle l'avait quitté en sachant que l'onallait déménager, il fallait faire attention à nos dépenses car tout ce qu'il fallait pour notre nouvelle vie en Amérique coûtait assez cher, même avec les subsides que l'on recevait du gouvernement depuis la mort de papa.

D'après ce qu'on nous avait expliqué nous les recevrons toujours même quand nous serons aux États-Unis. Mais tout l'argent du monde ne remplacerait jamais mon père et ma mère était d'accord avec moi sur ce point.

À la fin du mois d'août, nous étions enfin en route pour notre nouveau chez nous. Nous n'allions pas habiter avec ma tante, pour ne pas perturber son quotidien et lui imposer notre présence, même si elle avait insisté sur le fait qu'on ne la dérangeait pas, mais nous aurions notre propre maison.

Ma mère en avait choisi une très jolie, dans le même quartier que ma tante non loin du centre-ville. Elle n'était pas très grande puisque nous n'étions que deux maintenant mais cela n'avait aucune importance.

J'avais tellement hâte d'y être et en même temps j'avais tellement peur. J'avais peur de ne pas me faire d'amis. La barrière du langage ne me faisait pas du tout peur. Bien que j'ai grandi en Russie, ma mère avait toujours parlé anglais à la maison. De toute façon elle ne comprenait pas un traître mot de russe. Ce qui m'effrayait le plus était de débarquer dans une petite ville où tout le monde se connaît, sans connaître personne.

Ma tante était venue nous chercher à l'aéroport pour nous conduire en voiture jusqu'à la maison. Ma cousine Robin était là elle aussi. On avait le même âge alors nos mères étaient persuadées qu'on serait les meilleures amies du monde.

Ne pensez pas que nous ne nous entendons pas, loin de là. Nous sommes amies et échangeons beaucoup par lettres. Elle a même appris des bases de russe pour parler avec moi, même si je parlais anglais. Nous n'avions seulement pas les mêmes centres d'intérêt voilà tout.

Après un long trajet où nous avions beaucoup discuté toutes les quatres, nous nous étions garées dans l'allée de garage et j'ai sauté hors de la voiture pour découvrir notre nouvelle maison. Elle avait plutôt une drôle de structure, mais elle était loin d'être laide.

Je m'étais retournée vers ma mère et l'avais aidé à sortir les valises du coffre de la voiture avant de faire mes premiers pas dans cette maison avec elle.

Une fois nos deux pieds dans la maison, nous avions exploré ensemble notre nouvelle demeure avec Robin et ma tante.

Il nous aura fallu en tout deux semaines pour faire de cette maison notre nouveau chez-nous, et surtout pour que nous arrêtions de manger chez ma tante et que nous commencions à pouvoir utiliser la cuisine.

Une nouvelle page se tournait dans nos vies à toutes les deux et j'étais fin prête a m'adapter à Hawkins.

Une nouvelle page se tournait dans nos vies à toutes les deux et j'étais fin prête a m'adapter à Hawkins

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Ce chapitre est le chapitre d'introduction, il n'y donc pas de dialogues. Désolée si ce chapitre était un peu ennuyeux, les prochains le seront moins je l'espère !

M.
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Poupée russe [EddiexOC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant