Prologue 1 - LUNDI 5 AOUT 2019

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Je me traîne jusqu'à ma chambre, le pas lourd. Je referme la porte derrière moi et m'assois sur mon lit. Le silence s'installe dans la pièce, me rappelant soudain ma tâche. J'entreprends alors de chercher la liste des affaires à préparer pour mon départ en Angleterre. Je soulève des vêtements, des coussins éparpillés un peu partout dans la chambre. Pas de liste. Je commence à fouiller mon bureau, je regarde sous la couette qui, je ne sais comment, est arrivée ici, sous les piles de vêtement mal pliés et les cahiers un peu abîmés. Abandonnant l'idée du bureau, je laisse mes yeux dériver sur les images qui décorent le mur juste devant moi. Des chats, des centaines de photo de chat. Cet animal à très longtemps été mon préféré, avec son pelage et ses pattes poilues, ses coussinets moelleux et son air innocent, maintenant que j'ai un peu grandis, j'ai l'impression de m'en lasser, ça me rends un peu triste en sachant que c'est ce mammifère à qui je me suis raccrochée depuis toute petite.

Je secoue la tête pour reprendre mes esprits et poursuivre mes recherches, je traverse la pièce et jette un coup d'œil dans mon étagère, entre les livres, sous les dizaines de carnets vides que je n'ai pas encore remplis de mes textes. Je soupire une nouvelle fois et retourne de l'autre côté de ma chambre pour vérifier dans mon armoire à vêtements. C'est dans cet endroit que devraient se trouver les tas de t-shirt ou de pantalons restés au sol, je regard rapidement entre ces habits mais ne trouve toujours pas la raison de ces minutes de chasse au trésor. Pourvu que je la trouve ! Si jamais je me retrouve à devoir faire ma valise sans cette fameuse liste, je risque d'emporter n'importe quoi. Je m'immobilise, les mains sur les hanches, cherchant des détails qui m'auraient échappés, j'essaye de me souvenir de l'endroit où j'aurais pu la laisser. Mais malgré mes recherches intense dans le fin fond de mon esprit , je ne trouve pas... Puis je baisse les yeux sur un carton posé à mes pieds, je hausse les sourcils et m'accroupis pour fouiller à l'intérieur, un sac en jean que j'ai fabriqué lors d'un stage pendant des vacances, des papiers de brouillon, une grande enveloppe signée des Editions Baudelaire, souvenirs d'une proposition pour un livre de poème. Soudain, en soulevant un mot du collège prévenant les parents d'une journée de grève, je la vois. Cette liste que je cherchais se trouve désormais sous mes yeux, je souris pour moi-même avant de m'asseoir sur mon lit sans la quitter des yeux.

La chambre semble soudain plus silencieuse qu'auparavant, je regarde autour de moi, trouve la télécommande de ma chaine hi-fi et enfonce un bouton. La radio s'allume dans un brouhaha de voix, et comme je n'aime pas vraiment le blablatage, je trouve un CD et je le met en marche. Dès lors, j'énumère les affaires que je possède, celles qui sont en train de sécher et celles dont j'aurais besoin d'acheter, en même temps, je murmure les paroles des textes de Bigflo & Oli qui se rependent dans la pièce et je me surprends à sourire en écoutant pour la énième fois les paroles des deux frères.

J'attrape une feuille à petit carreaux et je crée une liste incompréhensible au yeux des autres. Une liste avec des grands et des petits traits, de longues flèches et quelques gribouillis, sans oublier l'essai de dessin de chat dans la marge.

Quelqu'un toque à ma porte et entre sans attendre de réponse, je découvre alors ma mère, un panier de linge sale sous le bras. Comme le fil qui nous sert à étendre le linge est sur le balcon qui n'est atteignable que part ma chambre ou celle de ma sœur, elle est obligée d'en traverser une des deux. En croisant son regard, je hausse les sourcils en soupirant. 

Je continue de cocher ou flécher ma liste pour faire l'inventaire. Des sous-vêtement, des chaussettes, des t-shirts, des pantalons, des sweats, sans oublier les affaires de toilettes et le maillot de bain, tout y est ! Enfin, presque... j'avoue avoir un peu la flemme de partir à la recherche d'accessoires introuvable, alors je les note seulement dans un coin de ma tête en espérant ne rien oublier plus tard. De temps en temps, ma mère essaye de renouer les liens en engageant la conversation. Comme je ne ressens pas l'envie de me réconcilier avec elle mais que nous disputer n'arrangera rien, je joue le jeu. Je soupire en regardant mon lit, je viens d'étaler tout ce que je voulais dessus : ma valise vie occupe un bout du matelas et mon sac à dos repose contre le mur collé à mon lit. Je commence à plier des t-shirts ou des sweats pour les caser dans mon bagage. Lorsque je me rends compte que la musique s'est arrêtée, je m'autorise une pause et monte dans la cuisine rejoindre Fleur, ma petite sœur (deux ans de moins), et ma mère qui elles, ont déjà débuté le repas. Je me sers du riz et des pois chiches mélangés à des haricots plats. J'engloutis tout ça rapidement comme j'en ai pris la malheureuse habitude et me laisse tomber sur le canapé. J'attrape ma tablette et clique sur l'une de mes applications. Fleur descend les escaliers pour les remonter cinq minutes plus tard, habillée et coiffée.

- Bon, j'y vais, lance-t-elle en se dirigeant vers la porte d'entrée.
- Tu vas où ? demandais-je étonnée.
- Je vais chez Léa.

Je me retrouve donc seule dans la salon, ma mère à côté.

- Tu as finit ton sac ? dit-elle, brisant le silence.
- Pas vraiment, il me reste les trucs qui sèchent.
- Tu as besoin d'acheter quelque chose ? Un jogging ? Tu me le disait tout à l'heure.

"Tout à l'heure" me semble lointain mais j'acquiesce en rajoutant des brassières à la liste. 

***

En passant par H&M nous trouvons un short jogging très agréable, un lot de deux brassières plus confortable pour ma poitrine et une jolie robe noire. Il faut savoir que me voir acheter une robe, il y a quelques semaine c'était impossible ! C'est le dernier jour au collège ou moi et mes amies nous sommes lancées un défi, celui de venir en robe ! Moi qui n'en n'avait jamais porté depuis plusieurs années... ça a été une grande aventure, et je n'aurais jamais avoué que ça avait été plus confortable que désagréable. Mais bon, revenons en au fait, nous avons fait notre petit shopping et puis nous nous sommes rendu dans le Leclerc dont était également pourvu le grand magasin. Nous avons acheté des ingrédients pour faire des crêpes pour ce soir. 

Ensuite, lorsque les crêpes fut faites, que les pyjama soient mis et que les pop corn soient sucrés nous nous sommes installées sur le canapé pour regarder le replay de Fort Boyard, même si j'avais très envie d'aller le voir toute seule dans ma chambre avec ma tablette. Une fois l'émission terminée, nous sommes chacune retournées dans nos chambres respectives pour nous endormir.

Patate Douce - AngleterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant